PF1229

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Lot 25
  • 25

Alexander Calder

Estimate
1,000,000 - 1,500,000 EUR
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bidding is closed

Description

  • Alexander Calder
  • Mobile
  • signé du monogramme et daté 61
  • métal peint et fer
  • 90 x 185 x 140 cm; 35 7/16 x 72 13/16 x 55 1/8 in.

Provenance

Galerie Maeght, Paris
Collection Henri Samuel, Paris
Galerie Fred Lanzenberg, Bruxelles
Acquis auprès de celle-ci circa 1980

Exhibited

Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Licht en beweging, Avril-Juin 1996; catalogue, n°10, illustré

Condition

The colours are accurate in the catalogue illustration, although the red elements are lighter in the original. There are unobtrusive and minor scattered losses of paint towards the edges and light traces of wear on most of the elements. There are number of rub marks to most of the smaller red elements where they appear to have rubbed against one another, this is particularly prominent in the largest red element and those third and fifth from the right in the catalogue illustration. All only visible under close inspection. This work is in very good original condition.
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Catalogue Note

Constantin Brancusi, L'Oiseau dans l'espace, 1923 © D.R.
Vladimir Tatline, Letatline, 1929-1932 © D.R.
Juan Miro, Bleu I, 1962 © ADAGP
Piet Mondrian, Composition, 1929 © D.R.

Créatures célestes, de fer et de de feu. Les mobiles de Calder ont la structure inédite défiant la pesanteur des premiers avions des pionniers de l’aviation. Il y a chez Calder et dans ses mobiles quelque chose qui tient de l’exploit comme chez Lindbergh, Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet et leurs machines volantes : une chose qui ne sera pas deux fois, une chose qui ouvre des perspectives tout en restant inégalée.
Pièce unique qui s’inscrit dans un espace dont elle maîtrise les éléments structurants tout en s’adaptant audit espace, changeant sous l’effet de l’air et de la lumière qui le composent au point de n’être jamais identique d’un instant à l’autre, le mobile est une œuvre caldérienne par excellence.
Mobile = Calder. Celui-ci est né en 1899 dans la région de Philadelphie, d’un père sculpteur académique patenté et d’une mère peintre. Celui-là est né au début des années 1930, dans le Paris cosmopolite de l’Entre-Deux-Guerres où Calder arrive en 1926 et où Marcel Duchamp le baptise en 1932 : « Outre que cela signifie quelque chose qui bouge, cela signifie en français un motif ». A cette époque, Calder qui a commencé par expérimenter le bronze puis s’est débarrassé de la masse en créant ses figures de fil de fer, fréquente une avant-garde artistique tous azimuts. Elle va de Brancusi qui invente une densité polie, minimale et sans ombre, à Gabo et Pevsner par qui transitent les audaces visionnaires des constructivistes russes comme Tatline et celles du Bauhaus, en passant par l’Abstraction théorisée de Mondrian qu’il rencontre en 1930 et le Surréalisme décomplexé de Miro dont il restera proche. En 1931, en plus d’Arp, de Van Doesburg, Kandinsky, Hélion…, plusieurs de ces comètes se retrouvent au sein du groupe Abstraction-Création. Inclassable, irréductible à une école, Calder n’est pas moins le plus emblématique des membres du groupe et de son mot d’ordre. A eux seuls, ses mobiles sont le prototype des principes qu’Abstraction-Création met en exergue. Constitués de toutes pièces par l’artiste, sans précédents et sans équivalents, les mobiles de Calder sont une des premières, sinon la première, expression tridimensionnelle de l’abstraction des formes et de l’abandon subséquent et définitif du ton local. Avec ses satellites géométriques noirs et rouges fluctuants autour d’un axe principal courbe et de deux démembrements enclins à la désarticulation, le mobile de la collection Mis est l’expression synthétique et maitrisée de quelque chose de presque aussi révolutionnaire en art que le serait en astronomie la découverte d’un nouveau système solaire.
Auto-initié dès l’âge de dix ans au travail du métal, Calder fait de cette matière et de ses dérivés, son matériau de prédilection. Entre artisanat où perdure l’héritage des gestes de la Protohistoire et exploitation des potentialités industrielles des métaux et de leurs alliages, les mobiles de Calder sont une alternative à la fonctionnalité pure et dure du métal. Employé par Calder pour ses propriétés (propension à la flexibilité des tiges et laminage des palets de motifs), le recours au métal est cependant dépourvu d’intentions pro-modernistes comme il peut en avoir dans les œuvres machinistes de Fernand Léger par exemple. Il y a au contraire chez Calder une quasi-antinomie entre la puissance et la résistance volontaristes du matériau et la gracilité naturelle avec laquelle le mobile oscille, comme perméable au souffle de l’air et aux rayons lumineux. Entre ingénierie et ingéniosité, la personnalisation du métal va de pair avec une réflexion sur l’espace et sur la lumière. Eléments exogènes a priori contraignants, Calder donne au rapport de force métal versus espace-lumière une autre dimension. Espace et lumière deviennent parties intégrantes des mobiles métalliques dont la structure, modulable sous leurs effets sauvages, parvient ici ou là à imposer ses règles de jeux. « Les mobiles de Calder ont trop de ressorts et sont trop compliqués, pour qu’une tête humaine puisse prévoir et toutes les combinaisons, même celle du créateur. Pour chacun d’eux, Calder établit un destin général  de mouvement, et puis il l’y abandonne ; c’est l’heure, le soleil, la chaleur, le vent qui décideront de chaque danse particulière. Ainsi l’objet demeure toujours à mi-chemin entre la servilité de la statue et l’indépendance des événements naturels […]. Ils ont une vie propre" (Jean-Paul Sartre in Alexander Calder : mobiles, stabiles, constellations, Paris, Galerie Louis Carré, 1946, préface, n.p.).
L’ambiguïté structurelle des mobiles de Calder où la pesanteur réputée du métal flirte avec la légèreté et à la transparence de l’atmosphère se double d’une ambiguïté poétique : recouvert de couleurs naïves et primaires comme le rouge et le noir, le métal des tiges balbutiantes et des petites formes géométriques au bout desquelles elles sont promptes à s’agiter se charge d’une infinie poésie. Entre conte fantastique et mélopée romantique, les mobiles de Calder enchantent par leur élégance fantasque et rythmée. Le caractère éphémère de la danse ces perchoirs de rêves, en partie livrés au hasard de l’air et de la lumière, accentue ces accents. Il suffit de regarder le mobile rouge et noir de la collection Mis et d’imaginer l’oscillation des formes colorées en suspension autour de l’armature fébrile pour succomber au charme de ce « petit objet jazz-hot, unique et éphémère, comme le matin ; si vous l’avez manqué, vous l’avez perdu pour toujours. De la mer, Valéry disait qu’elle est toujours recommencée. Un objet de Calder est pareil à la mer et envoûtant comme elle : toujours recommencé, toujours neuf. Il ne s’agit pas d’y jeter un coup d’œil en passant ; il faut vivre dans son commerce et se fasciner sur lui. Alors l’imagination se réjouit de ses formes pures qui s’échangent, à la fois libres et réglées »  (id.).