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Statue, Bété/Guro, Côte d'Ivoire
Description
- Statue, Bété/Guro
- haut. 53,5 cm
- 21 in
Provenance
Collecté par Jean-Baptiste Filloux entre 1911 et 1913
Transmis par descendance
Catalogue Note
La statuaire est extrêmement rare en pays Bété, et la révélation d'une nouvelle œuvre de ce corpus très restreint est importante.
Selon les quelques recherches de terrain qui y ont été effectuées, notamment par Denise Paulme (1962) puis par Bohumil Holas (1968), la statuaire n'aurait été utilisée que dans la région de Gagnoa, non loin des pays Gagu et Guro : l'une d'entre elle a été trouvée dans les environs d'Ouragahio (Verger-Fèvre in Barbier-Barbier, 1993, vol. I, p. 90). La présence de Jean-Baptiste Filloux dans cette région entre 1911 et 1913 renforce cette hypothèse.
L'existence de la statuaire dans l'unique aire cultuelle de Gagnoa se révèle d'autant plus significative dans le contexte d'un rapprochement stylistique avec la statuaire des Guro voisins (ample front bombé, nez court, attitude, proportions, scarifications). Elle reflète, selon Fischer et Homberger, « l'influence de la tradition des arts Bété sur la conception des statues par les sculpteurs Guro » (1985, p. 228). Celle-ci se distingue par les yeux sertis de miroirs – caractère unique à notre connaissance au sein de ce corpus.
Selon Holas (idem, p. 135), la statuaire Bété – exclusivement féminine - serait la figuration d'une aïeule défunte. Autrefois, lors d'un décès et à la veille d'un enterrement, les héritiers mâles taillaient un morceau de bambou à la mesure du corps. Cette effigie, perçue comme "le réceptacle du fluide vivant" du défunt, était conservée par son plus proche parent. « Cette représentation était parfois remplacée par une figurine sculptée sur bois, appelée kouéi ou yousrokpo selon les fractions. Ce dernier cas, cependant, se présente rarement chez les Bété » (idem).
La difficile conquête par les Français de la région de Gagnoa (Dozon, 1985, p. 271-275) provoqua un bouleversement « en partie responsable de la rareté des spécimens classés de leur art » (Fagg, 1964, p. 18). La statue Filloux peut donc être considérée comme l'un des très rares témoins de cet art Bété – dont l'interprétation demeure incertaine – tel qu'il s'est développé à l'époque pré-coloniale.