Lot 14
  • 14

Importante paire de Tritons tenant une corne d'abondance

Estimate
200,000 - 400,000 EUR
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Description

  • Importante paire de Tritons tenant une corne d'abondance
  • en bronze doré et finement ciselé ; sur des socles en bois peint à l'imitation du porphyre
  • Haut. (bronzes) 31,3 cm ; larg. 13,5 cm; haut. (socles) 13,5 cm
  • Height (bronzes) 12 1/3 in; width 5 1/2 in; height (bases) 5 1/2 in
se regardant en face, les tritons tiennent une corne d'abondance dans le bras, leurs corps se terminant par une queue de dauphin

Literature

Références bibliographiques:
C. L. Visconti, I Monumenti del Museo Torlonia, Rome, 1885, n° 193.
P. Vitali, Museo Torlonia, Rome, (s.d.),  n° 41.
C. Strunck, "Neue Überlegungen zur Künstlerfamilie Schor" dans Johann Paul Schor und die internationale Sprache des Barock. Akten des Int. Studientages des Bibliotheca Hertziana, Munich, 2008, p. 7-30 et p.97, fig.2.
A. Angelini, cat. exp. Alessandro VII Chigi (1599-1667), Rome, 2000.
T. Clifford, "John Bacon and the Manufacturers" dans Apollo, octobre 1985, p. 288-304.

Catalogue Note

Ces importants Tritons en bronze doré montrent une forte influence des œuvres de Gianlorenzo Bernini (1598-1680). Par leur sujet et leur composition, ces bronzes ne sont pas sans rappeler les marbres de la fontaine du Triton (vers 1642-3) au Palazzo Barberini, et la fontaine de Neptune sur la Piazza Navona (vers 1653-5), tous deux réalisés par Bernini à Rome au milieu du XVIIe siècle. Leurs traits de visage, légèrement négroïdes et marquants, rappellent tout à fait ceux du célèbre Moro en terre cuite du Bernin (au Kimbell Art Museum à Fort Worth, fig. 1). Montanari suggère une attribution à Johann Paul Schor (1615-1674), ornemaniste et orfèvre d'origine autrichienne, connu sous le nom de Giovanni Paolo Tedesco, élève du Bernin et de Pietro da Cortona à Rome. Selon lui, ces tritons demontrent une influence des dessins du Bernin pour les tables composées au centre d'un socle rocheux, très similaire à notre bronze. Schor participe à la décoration du Palazzo Quirinale avec Cortona et reconstruit d'après les dessins du Bernin, en 1659, la chapelle de la famille Chigi pour le pape Alessandro VII. De plus, Schor assiste le Bernin dans la réalisation de la monture en bronze doré de la Chaire de Saint-Pierre. On retrouve des tritons et chevaux marins sur le lit monumental dessiné par Schor en 1663 pour Contestabile Colonna (cf. C.Strunck, op.cit, p.97, fig. 2). Bernini décrit Schor, comme 'ce Tedesco, ...un homme ayant un fond de dessin et d'invention inépuisable, et propre à tout....' Néanmoins, Schor est surtout réputé pour ses dessins d'ornemanistes et d'orfèvrerie, peu d'oeuvres sculptées ou bronzes sont connus de sa main, à l'exception d'une paire de bustes reliquaire en bronze à la chapelle de Madonna del Voto à Sienne (cf. Angelini, op. cit.).
Montagu rapproche nos bronzes à un Triton qui figurait au XIXe siècle au Palazzo Torlonia à Rome, un 'Tritone di bronzo che sorregge una tazza di porfido. Elegante modello di una fontana. I particolari anatomici nel torso espressi molto accuratamente'. Cette sculpture représente une composition identique d'un triton à queue de dauphin, agenouillé sur un rocher, et tenant un vase en porphyre à la place de la corne d'abondance (publié dans Visconti, op. cit. n° 193).
Il est intéressant de noter que ces tritons apparaissent dès 1773 dans le catalogue des biscuits de Wedgwood sous forme de candelabres décrits comme 'des modèles d'après Michelangelo' (haut. 11 inch.). Une correspondance de 1769 de l'architecte William Chambers à Josiah Bentley montre un dessin du triton, auquel a été rajouté un pendant avec une composition inversée pour former une paire.
Si on résume les études des différents historiens, il est certain que ces bronzes dérivent indeniablement d'un modèle de Gianlorenzo Bernini, dont la composition a sans doute été affinée par l'un de ses suiveurs. La qualité exceptionnelle de ces oeuvres, la précision de leur fontes et la finition de la ciselure est tout à fait caracteristique des bronzes romains de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. En s'inspirant de modèles de Gianlorenzo Bernini, elles ont sans doute été exécutées par l'un de ses successeurs.

Un examen de thermoluminescence, analysant les restes du noyau en terre cuite à l'intérieur du bronze, confirme une datation de la fonte entre 1650 et 1710, est disponible sur demande.
Nous remercions Jennifer Montagu et Stefanie Walker pour leurs indications précieuses dans nos recherches.