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Hubert Robert
Description
- Hubert Robert
- Caprice architectural avec les ruines du temple de Saturne et le Colysée dans le fond
- Porte au dos une ancienne etiquette avec le numéro 89XS7
- Huile sur toile, sans cadre
Hubert Robert ; Architectural Capriccio with ruins of the Temple of Saturn and the Colosseum in the background ; Bears an old label with a number on the reverse ; Oil on canvas
Provenance
Selon la tradition familiale, commandé à Hubert Robert avec trois autres tableaux par Monsieur Gaillard, Hôtel Gaillard, boulevard Pereire, Paris ;
Par héritage, collection de sa fille, Hôtel particulier rue du Faubourg Poissonnière, Paris ;
Par héritage, collection de son fils Jacques, Député et Régent de la Banque de France ;
Les quatre tableaux ont été séparés par ses héritiers ;
Notre tableau est resté dans la descendance.
Condition
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Catalogue Note
Hubert Robert est l'un des grands maîtres de la peinture de paysage en France au XVIIIeme siècle. A l'instar de ses contemporains, il aima Rome, y vécut et lui fit l'honneur de son art. La « Ville Eternelle » et sa campagne, ses ruines, sa nature et ses lumières furent la source d'inspiration première de cet artiste. Il séjourna à l'Académie de France à Rome et passa en tout six années consécutives dans la péninsule. De retour à Paris à la fin juillet 1765, le succès lui sourit directement. Un an plus tard, le 26 juillet 1766, il présente, pour être agréé, à l'Académie des Beaux-Arts, un de ses tableaux romains qui, fait rare, lui vaut d'être accepté académicien le jour même.
Sa carrière culmine avec les grandes commandes royales de la fin des années 1770 à la Révolution. Il réalisa entre autre le Rocher des Bains d'Apollon (Château de Versailles) avec le sculpteur François Girardon et collabora à la création du Hameau de la Reine au Petit Trianon. Il peignit aussi en 1787 pour l'un des salons du Château de Fontainebleau quatre grands tableaux représentant les monuments antiques de France, aujourd'hui conservés au Louvre.
Notre paysage est un caprice architectural, c'est-à-dire une présentation dans la nature d'éléments architecturaux, de ruines en l'occurrence, hors de leur environnement habituel. Ainsi ce paysage n'est pas une vue réelle des ruines romaines mais bien une interprétation personnelle de celles-ci. Robert selon cette volonté d'offrir un paysage dit « idéal » nous donne à voir ces ruines que nous reconnaissons comme étant, au premier plan, les restes de la colonnade du Temple de Saturne du Forum et le Colysée dans le fond. Il les place néanmoins dans un paysage imaginaire. L'orientation des bâtiments n'est, en effet, pas celle de la réalité. Cependant, l'impact de cette composition sur le spectateur n'en est que plus grand et admirable. Elle est ainsi assimilable aux caprices architecturaux dont les peintres français du siècle précédent en séjour à Rome comme Poussin, le Lorrain ou Gaspard Dughet firent leur spécialité.
Ici, le spectateur est invité à entrer dans le tableau par le personnage de dos jouant un rôle de repoussoir et la pièce d'eau qui s'étend à partir du coin inférieur droit sur toute la largeur du tableau. Celle-ci est animée par la présence d'une mère avec son fils accompagnés d'un bœuf et de lavandières dans le fond. Hubert Robert s'est toujours amusé de l'opposition entre l'aura des nobles pierres au contact de la vie quotidienne rustique.
Ce tableau aux dimensions surprenantes est très certainement l'une des pièces d'un ensemble monumental décoratif destiné à orner les murs d'un salon. Hubert Robert s'appliqua souvent à répondre à la demande française de fournir aux intérieurs une décoration paysagère évoquant la chaleur romaine. On appelait à l'époque ce type d'œuvre des « tableaux de place ». Entre autres, l'on peut citer la série de quatre paysages, eux aussi de format verticaux, présentés au salon de 1779 qui étaient alors mentionnés comme appartenant au comte de Brienne[1]. Cette série fut rachetée par le prince Nicolas Youssoupov (1750-1831), grand amateur de l'artiste, au début du XIXeme pour orner son château au domaine d'Arkhangelskoïe à l'ouest de Moscou, lieu ou elle est toujours exposée[2].
[1] Collection des Livrets des anciennes expositions. Salon de 1779, XXX, Paris, Liepmannssohn et Dufour Editions, 1870, p. 26.
[2] Hubert Robert (1733-1808) et Saint-Pétersbourg. Les commandes de la famille Impériale et des Prince russes entre 1773 et 1802, catalogue d'exposition, Musée de Valence, 20 juin – 3 octobre 1999, pp. 134-159.