Lot 42
  • 42

Charles Alphonse Dufresnoy

Estimate
15,000 - 20,000 EUR
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Description

  • Charles Alphonse Dufresnoy
  • Le triomphe de Galathée
  • Huile sur toile

    Charles Alphonse Dufresnoy ; The Triumph of Galatea ; oil on canvas

Provenance

Collection Welbore Ellis Agar (d. 1805), Londres:
Par descendance à ses fils, Emmanuel Felix Agar et Welbore Felix Agar, Londres, 1805;
Vendu par lui, Christie's, Londres, 2 Mai 1806, lot 53 (comme Albano);
Acquis avant la vente par Robert Grosvenor, Premier Marquis de Westminster (1767-1845), Eaton Hall, Cheshire;
Par descendance à Richard Grosvenor, Second Marquis de Westminster (1795-1869), Eaton Hall, Cheshire;
Par descendance à Hugh Lupus Grosvenor, Premier Duc de Westminster (1825-1899), Eaton Hall, Cheshire;
Par descendance à Hugh Richard Arthur Grosvenor, Second Duc de Westminster (1879-1953);
Vendu par lui, Christie's, Londres, 1 Mai 1925, lot 128 (comme Francesco Albani);
Invendu et rendu à Hugh Richard Arthur Grosvenor;
Par descendance à William Grosvenor, Troisième Duc de Westminster (1894-1963);
Vendu par lui, Sotheby's, Londres, 24 Juin 1959, lot 1 (comme Francesco Albani); 
Acquis à cette vente par monsieur J. Paul Getty (1892-1976), Malibu et Sutton Place jusqu'en 1976;
Confié au J. Paul Getty Museum, 1978.

Exhibited

Londres, Burlington Fine Arts Club, Exhibition of the Works of Old Masters, 1871, no. 52 (comme Francesco Albano, The Triumph of Venus);
Londres, Royal Academy of Arts, Exhibition of the Works of Old Masters, 1871, no. 62 (comme Francesco Albano, The Triumph of Venus).

Literature

C. Goede, England, Wales, Irland und Schottland:  Erinnerungen an Natur und Kunst aus einer Reise in den Jahren 1802 und 1803, Dresdes 1804/5) vol. IV, p. 90;
J. Young, A Catalogue of the Pictures at Grosvenor House, London 1820, p. 29, no. 81, reproduit (comme Francesco Albano);
A. Jameson, Companion to the Most Celebrated Private Galleries of Art in London, Londres 1844, p. 242, no. 1 (comme Francesco Albano);
J. Young, Catalogue of the Collection of Pictures at Grosvenor House, Londres 1913, no. 77;
D. Jaffé, Summary Catalogue of European Paintings in The J. Paul Getty Museum, Los Angeles 1997, p. 122, reproduit (comme Entourage de Jacques Stella, possiblement de Charles-Alphonse Dufresnoy).

Condition

The following condition report has been provided by Simon Parkes of Simon Parkes Art Conservation, Inc. 502 East 74th St. New York, NY 212-734-3920, simonparkes@msn.com , an independent restorer who is not an employee of Sotheby's. This painting has been recently restored, despite the fact that the lining is older, and it should be hung as is. The painting is generally in very good condition although the lining is designed to hold in place some fairly strong cracks that have developed to the gesso and paint layer. The varnish is slightly opaque when viewed under ultraviolet light, but it is possible to see that some of these cracks, particularly the horizontal stretcher marks through the center of the piece, have been restored and in the left thigh of the figure there are also some restorations. In Galatea's torso there are spots of retouching addressing some abrasion in the half tones. The putti and the maiden behind Galatea and the figure in the lower right are all very well preserved and although there may be a few other restorations beneath the existing varnish, the condition may be considered to be very good.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Catalogue Note

Le tableau que nous présentons n'a que récemment été reconnu par les spécialistes comme étant une œuvre de Charles Dufresnoy. Elle était jusqu'alors attribuée à Francesco Albani dit l'Albane (1578-1660) dont le style gracieux dit classique influença beaucoup notre artiste français.

Dufresnoy vécut longtemps en Italie. En 1633, après avoir renoncé à la carrière de médecin auquel son père l'avait destiné, il partit en Italie pour étudier les œuvres des grands Maîtres. Il resta plus de vingt ans à Rome et y fréquenta de nombreux artistes, il se lia notamment d'amitié avec le peintre Pierre Mignard qui aura une brillante carrière à la cour de France. Après ses années romaines Dufresnoy se rendit à Venise pour y étudier les grands artistes de la cité lagunaire, il fut particulièrement admiratif de Titien.
Rentré à Paris en 1656, il travailla avec Lebrun, Perrier et d'autres artistes à la décoration du Château du Raincy construit par Jacques Bordier intendant des finances de la régente Anne d' Autriche.

Nous ne connaissons que très peu d'œuvres de Charles Dufresnoy. Roger de Piles, ami et biographe de l'artiste, nous apprend qu'il était très exigeant et qu'il multipliait les dessins préparatoires pour chaque œuvre, ce qui rendait leur exécution très longue. De Piles, s'interrogea sur les raisons de cette lenteur et y donna caustiquement plusieurs réponses : « ...le temps qu'il donnoit à la lecture et à parler de peinture aux gens d'esprit qu'il trouvoit disposé à l'entendre, lui en laissait peu pour travailler ; il paroissoit d'ailleurs qu'il avoit de la peine à peindre, soit que sa profonde Théorie lui retînt la main, ou que n'aïant appris de personne à manier le pinceau, il eût contracté un manière peu expéditive : quoi qu'il en soit, ses ouvrages sont en petit nombre. »[1]
Il ne recensa qu'une cinquantaine de tableaux d'histoire et de paysage dans son catalogue des œuvres de Dufresnoy. Ce petit corpus explique que l'artiste soit tombé dans l'oubli.
On retient de lui principalement le travail de théoricien qu'évoque Roger de Piles dans le passage cité ci-dessus. Charles Alphonse Dufresnoy commit, en effet, un remarquable traité de peinture, De Arte Graphica qu'il ne cessa de modifier du début de sa rédaction, lors de son voyage en Italie, jusqu'en 1668, date de sa publication dans une traduction française due à son ami de Piles.

Notre tableau est l'expression même de l'acharnement studieux que Dufresnoy appliquait à son travail. La composition représentant Galatée sur un animal marin avec portant un voile gonflé par le vent dérive d'une fresque du même thème réalisée par l'Albane à la Villa Giustiniani-Odescalchi dans la petite ville du Lazio de Bassano Romano.
Nicolas Poussin l'avait aussi reprise vers 1635 dans une version plus grandiose pour son tableau de La naissance de Vénus (conservé au Muséum of Art de Philadelphie). Nous savons que ce maître du classicisme français eut une grande influence sur Charles Alphonse Dufresnoy qui avait des sources d'inspirations multiples et illustres.

Le sujet de notre œuvre fut aussi beaucoup discuté parfois comme étant la Naissance de Vénus parfois comme le Triomphe de Galatée. Nous pensons aujourd'hui pouvoir nous fixer sur ce dernier. L'iconographie est, en effet, plus prompte à suggérer un triomphe. De plus, le tableau[2] représentant le Triomphe d'Amphitrite qui appartient à la manufacture de Sèvres et qui est en dépôt au Musée des Beaux-Arts de Lille, est iconographiquement assez proche de notre œuvre.
Nous connaissons aussi l'existence, au Musée National de Stockholm, d'un dessin anciennement attribué à Nicolas Poussin puis au Maître de Stockholm, qui se révèle être fort probablement Charles-Alphonse Dufresnoy lui-même, figurant un Triomphe de Galatée et dont la composition est assez similaire de celle de notre tableau.

Galatée était une néréide, une nymphe marine, fille de Nérée et de la nymphe Doris. Ovide en rapporta les mésaventures à la fin du XIIIème livre de ses Métamorphoses. Galatée habitait un rivage de la Sicile où elle fuyait l'amour tenace du cyclope Polyphème dont l'œil fut plus tard percé par Ulysse. Réfugiée dans la forêt avec son amant le jeune berger Acis, ils furent surprit par le cyclope qui, fou de colère, arracha un rocher de l'Etna et le jeta sur Acis, alors en fuite, le rocher s'écrasa violement sur lui. Galatée éplorée fit alors naître du sang du jeune homme un fleuve dans lequel elle se baignait pour ressentir éternellement l'étreinte de son amour. Cet épisode avait été reprit dans la fameuse fresque représentant Les amours des Dieux d'Annibale Carracci (1560-1609) dans la galerie du Palais Farnèse à Rome.
Notre Triomphe de Galatée figure la néréide en majesté chevauchant un animal marin et accompagnée de ses sœurs.

Notre tableau est saisissant de précision. On retrouve bien la précision avec laquelle Dufresnoy peignait. Sous son pinceau le nom de Galatée qui signifie « à la peau blanche comme le lait » prend tout sens.
Notre œuvre est étroitement liée aux deux tableaux, signés et datés 1647, du Château du Sanssouci à Postdam. Ceux-ci, disparus durant la seconde guerre mondiale ne sont connus aujourd'hui que par des photographies. Ces deux œuvres de Dufresnoy illustraient l'Arrivée de Vénus à Cythère et La toilette de Vénus. Bien que leurs formats ne correspondent pas exactement à celui de notre tableau, les proportions et l'anatomie des femmes sont identiques : le nez aquilin, les cheveux tressés en couronnes sur la tête. Enfin la figure de Vénus dans L'arrivée de Vénus à Cythère[3] est magnifiée par le même drapé gonflé au vent. Si notre tableau n'a peut être pas fait partie de la série incluant les deux tableaux disparus, il semble évident que la composition en dérive directement.


[1] Roger de Piles, Abrégé de la vie des peintres, avec des réflexions sur leurs ouvrages,..., Paris, Jacques Estienne, 1715.
[2] Œuvre faisant partie d'une série de 4 saisie en 1794 chez l'émigré Anne Léon duc de Montmorency, rue Saint-Marc. Ce tableau se trouvait au dessus d'une glace, les trois autres représentants Vénus à la fontaine, L'enlèvement d'Europe et La naissance de Bacchus étaient des dessus de portes et son conservé au même endroit que l'œuvre dont il est ici question. Cf. Sylvain Laveissière, « Les « Tableaux d'histoires » retrouvés de Charles Alphonse Dufresnoy », dans Revue de l'Art, 1996, n° 112, pp. 38-58.
[3] Cette œuvre que l'on pensait définitivement perdue est récemment réapparue sur le marché de l'art à Moscou.