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Laurent de La Hyre
Description
- Laurent de La Hyre
- Le miracle de Sainte Elisabeth de Hongrie
- Huile sur toile
Laurent de la Hyre ; The Miracle of St. Elizabeth of Hungary ; Oil on canvas
Condition
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Catalogue Note
Ce tableau de La Hyre nous offre un sujet pour le moins original. De l'histoire de sainte Elisabeth de Hongrie (1207-1231), les artistes ont généralement retenu le miracle des roses. La jeune fille, gagnée à la doctrine franciscaine, mettait un point d'honneur à apporter son aide aux pauvres et aux malades. Un jour, alors qu'elle avait pris des victuailles au château pour les distribuer généreusement, elle rencontra son mari le landgrave Louis IV de Thuringe en chemin. Celui-ci, intrigué par ce qu'elle cachait sous sa robe la questionna. Elle répondit qu'il s'agissait de roses et lorsqu'elle souleva son manteau la nourriture s'était miraculeusement transformée en roses rouges et blanches. C'est à la suite de ce miracle que la sainte eut la rose comme attribut.
Or ici c'est un miracle secondaire que choisit de représenter La Hyre. Il s'agit de sainte Elisabeth ressuscitant un enfant tombé dans un puits. On retrouve le récit de cet épisode dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine : « Un enfant de quatre ans était tombé dans un puits : quelqu'un venu pour puiser de l'eau remarqua qu'il y avait au fond un enfant noyé. Il eut de la peine à le retirer et le trouva mort. Les preuves de sa mort étaient la longue durée du temps qu'il était resté dans l'eau, la rigidité du corps, sa bouche et ses veux horriblement ouverts, la peau noire, le gonflement de ventre, et une entière absence de mouvement et de sentiment. Pour le ressusciter, on fit un vœu à sainte Élisabeth, et aussitôt il fut rendu à la vie. » [1]
Sainte Elisabeth fut élevée au rang de sainte par le pape Grégoire IX en 1235, soit seulement 4 ans après sa mort. La même année la première pierre de l'église destinée à accueillir ses reliques fut posée par Conrad de Thuringe à Marburg (Allemagne).
Le format plutôt réduit et le caractère singulier de cette œuvre nous incite à penser qu'elle devait faire partie d'un ensemble de tableaux soit consacré à la vie de la sainte, soit illustrant divers miracles. Une commande qui fort probablement émanait d'un des nombreux ordres franciscains alors présents en France comme les Capucins de Paris pour lesquels de La Hyre remplit de nombreuses commandes.
Notre tableau est une œuvre du début de la carrière de La Hyre. Il daterait de la période dite du « Romantisme » Louis XIII qui s'échelonne de 1630 à 1638.
Finesse du paysage et évocation de l'Antiquité s'associe à une belle perception atmosphérique de l'arrière plan. L'arbre à droite, ouvrant la composition, peut presque être considéré comme une signature. De La Hyre se joua régulièrement de l'effet de ces troncs entrelacés surmontés de frondaisons couronnant habilement la scène principale.
Ce style dit « Romantique » de l'artiste se caractérise par un doux lyrisme du trait associé à un grand souci de réalisme. La mortalité de l'enfant est à ce point évidente que l'on se demande si de La Hyre ne voulut pas rester explicitement fidèle au texte de Voragine. La riche gamme de couleurs utilisées souligne par ailleurs les sentiments des acteurs de la scène : la détresse de la mère par le orange, la mort de l'enfant par le rouge et enfin la délivrance et l'apaisement apportés par la sainte exprimés par le rose.
En retrait on voit les deux hommes qui sortent l'enfant du puits tandis que dans le fond on peut admirer ce même ciel aux jaunes et roses éclatants du couchant déjà rencontrés dans les Deux chiens dans un paysage du Musée Saint-Vaast d'Arras.
Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier ont soulignés avec une grande justesse le « je-ne-sais-quoi de singulier, pour ne pas dire d'étrange, qui surprend et retint la vue, fixe le souvenir »[2] présent dans chacune des œuvres de la Hyre. Et c'est bien le sentiment que nous inspire ce splendide tableau.
[1] Jacques de Voragine, La Légende dorée, (traduction, introduction et notes par l'abbé J.-B. M. Roze), Paris, Edouard de Rayer éditeur, 1902, t. III, p. 335.
[2] Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier, Laurent de La Hyre 1606-1656. L'homme et l'œuvre, (catalogue d'exposition 1989-1990 Musées de Grenoble, Rennes et Bordeaux), Genève, Skira, 1988, p. 18.