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Louyse Moillon
Description
- Louyse Moillon
- Nature morte de fruits à la jeune servante
Huile sur panneau
Louyse Moillon; Still life with fruits and a young woman; Oil on panel
Provenance
Vente Anonyme, Ader-Tajan, Hôtel Drouot, Paris, 10 avril 1992, n°37; reproduit;
Acquis à cette vente par l'actuel propriétaire;
Vente Anonyme, Christie's, Paris, 22 juin 2005, n°68
Literature
D. Alsina, « Louyse Moillon ou la célébration du goût », dans L'Optimiste, Paris, 15 mars 1992, n°1 pp.6-7;
D. Alsina, « La Marchande de fruits par Louyse Moillon », dans L'Estampille-L'Objet d'Art, juin 1992, n°259, pp. 82-83;
L. Ryaux, « La Marchande de fruits », dans L'Estampille-L'Objet d'Art, juin 1992, n°259, pp. 82-83;
M. Hilaire et P. Ramade, Grands Siècle, catalogue d'exposition, 21 janvier – 28 mars 1993, Musée des Beaux-Arts de Montréal ; 14 avril – 220 juin 1993, Musée des Beaux-Arts de Rennes ; 1 juillet – 5 septembre 1993, Musée Fabre, Montpellier, Paris – Montréal, Réunions des Musées nationaux et Musée des Beaux-Arts de Montréal, 1993, cité p. 214;
D. Alsina, Louyse Moillon. La nature morte au Grand Siècle, catalogue raisonné, Dijon, éditions Faton, 2009, n°5, pp.118-119.
Condition
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Catalogue Note
Louyse Moillon fait partie de ce cercle d'artistes français du XVIIème siècle qui consacrèrent leur carrière entière à la nature morte tout comme Jacques Linard (1597-1645), Sébastien Stoskopff (1597-1657) ou encore Lubin Bauguin (ca. 1612-1663). Tous subirent l'influence des peintres flamands et hollandais alors très présents dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Dans ce quartier, qui jouissait de la protection de l'abbaye du même nom, les artistes pouvaient librement exercer leur métier sans pour autant faire partie de la corporation des peintres.
La promulgation de l'Edit de Nantes par Henri IV en 1598 avait, par ailleurs, ouvert les portes de la France aux protestants français expatriés et aux étrangers de même confession. De nombreux artistes rejoignirent alors la capitale française. C'est dans ce contexte de tolérance que le père de Louyse gagna Paris pour y tenter sa chance.
Louyse est la fille de Nicolas Moillon, un portraitiste qui tenait une boutique de tableaux sous l'enseigne le Franc Gaulois dans sa maison sur le Pont Notre-Dame. Plus que son père, mort en 1619, c'est probablement le second mari de sa mère François Garnier, un ancien confrère de son père spécialiste de la nature morte qui dut former la jeune artiste. Les grandes similitudes qui lient le style des deux artistes tendent à confirmer cette hypothèse.
Notre tableau est l'illustration même du style de Louyse Moillon. Cette Marchande de fruits est une œuvre de jeunesse qui s'apparente à une œuvre du même sujet, daté 1630, conservé au musée du Louvre. Ces deux œuvres témoignent de l'influence sur Louyse d'artistes flamands tels que Pieter Aertsen (1508-1575) ou Frans Snyders (1579-1657) deux grand observateurs de la vie quotidienne qui hissèrent les scènes de marché et la nature morte au rang de genre à part entière. Comme le suggère Dominique Alsina, spécialiste de Louyse Moillon, la jeune artiste a très probablement vu des exemples de ces natures mortes flamandes dans les nombreuses boutiques du quartier du pont Notre-Dame et Saint-Germain.[1]
Ce tableau nous présente un nombre important de fruits représentés avec une grande fidélité. Ils sont en outre le reflet de la situation économique de l'époque, cette œuvre propose ainsi l'éventail des fruits alors disponible sur les marchés. Les abricots, les prunes, les pêches ou les citrons sont à l'époque des produits de luxe très à la mode.
On constate par ailleurs dans notre œuvre, l'une des caractéristiques propre à Louyse Moillon soit l'intégration d'un personnage à sa nature morte. La jeune femme, dont la physionomie et en particulier le visage sont caractéristiques du style du peintre, semble étrangère à son étale. Elle est représentée comme faisant partie de la nature morte, figée tout comme le reste de la composition. On peut penser qu'il s'agit d'un choix délibéré de l'artiste d'intégrer pleinement le personnage dans cette « nature morte ».
Cette Marchande de fruits est une œuvre extraordinaire pour sa qualité et pour ce qu'elle a de cruciale dans le corpus d'œuvres données à Louyse Moillon. Elle est, en effet, l'une des très rares œuvres connues associant nature morte et personnage. De plus, c'est la seule œuvre de ce type peinte sur panneau, un support qui exalte encore plus que la toile les capacités de l'huile à refléter la lumière et donc qui accroît l'éclat des couleurs.
[1] Dominique Alsina, Louyse Moillon. La nature morte au Grand Siècle, catalogue raisonné, Dijon, éditions Faton, 2009, p. 64.