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Alberto Magnelli
Description
- Alberto Magnelli
- L'AMOUR
- signé Magnelli et daté 26 (en bas à droite)
- huile sur toile
- 125,2 x 89,8 cm
- 49 1/4 x 35 3/8 in.
Provenance
Galerie Sonia Zannettacci, Genève, Magnelli. Les années 1920, 2004, no. 14
Collection particulière, Europe (acquis du précédent)
Exhibited
Avignon, Palais des Papes, Alberto Magnelli. Exposition du Centenaire, 1988
Paris, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Magnelli, 1989, reproduit p. 96
Literature
Condition
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Catalogue Note
signed 'Magnelli' and dated '26' (lower right), oil on canvas. Painted in 1926.
"L'anémone et l'ancolie
Ont poussé dans le jardin
Où dort la Mélancolie
Entre l'amour et le dédain."
Guillaume Apollinaire
A l'instar de nombre de ses contemporains, Magnelli opère à partir de 1920 un brusque revirement thématique et stylistique. Succédant à ses Explosions lyriques, œuvres abstraites aux couleurs intenses d'une incroyable liberté, Magnelli inaugure en 1920 une période qu'Anne Maisonnier qualifie de "réalisme imaginaire". Créées dans le climat incertain de l'Italie mussolinienne, à une époque où l'artiste est lui-même en proie au doute, les œuvres de cette période sont marquées par le renoncement à la couleur pure et le retour à la figuration.
Témoins d'une véritable crise de conscience et d'un retrait du monde de l'artiste, ces tableaux renouent avec les sources de la tradition italienne du Trecento chères à Magnelli tout en étant également influencées par la metafisica des œuvres de son ami Giorgio de Chirico. Ces influences croisées se manifestent par l'adoption d'une palette plus sobre, donnant une large place aux ocres, roses, bruns, qui ne sont pas sans rappeler les tonalités des fresques de la première Renaissance toscane, ainsi que par le traitement très particulier de la figure humaine qui apparaît dans un hiératisme silencieux hérité d'un Giotto ou d'un Masaccio. Comme dans L'Amour, des sujets apparemment anodins (souvent des scènes de la vie paysanne toscane) prennent une dimension philosophique empreinte d'un sentiment d'éternité. Sans doute en écho aux évènements politiques de l'époque et aux questionnements intérieurs du peintre, une profonde mélancolie et un désespoir poignant émanent de ces tableaux.
L'Amour est une œuvre qui, tout en s'inscrivant dans ce nouveau courant stylistique, radicalise les directions picturales suivies par Magnelli dans les années 1920 : les tons roses, bruns et rouges atteignent ici une intensité nouvelle et la composition, mettant en scène une femme dont la nudité contraste avec l'habit de ville du personnage masculin, confère à l'oeuvre une intonation fantastique et symbolique inédite. Magnelli présente ici un couple dont l'histoire nous échappe mais dont il nous fait percevoir la sourde détresse. Par la tension dramatique de la composition et la disposition des personnages figés dans leur solitude accablée, Magnelli élève une scène anonyme de la vie conjugale au rang de tragédie antique.
From 1920, like many of his peers, Magnelli abruptly changed theme and style. After the Explosions lyriques, abstract works painted in intense colours with incredible freedom, in 1920 Magnelli launched the period that Anne Maisonnier describes as "imaginary realism". Conceived during the uncertain climate of Mussolini's Italy, at a time when the artist himself was prone to doubt and depression, the works of this period are characterised by a rejection of bright colour and a return to the figurative.
Signalling the artist's veritable crisis of conscience and retreat from the world, these paintings renew the traditional Italian Trecento sources that were dear to Magnelli whilst also being influenced by the metafisica of the works of his friend Giorgio de Chirico. These diverse influences lead to a sober palette, dominated largely by ochre, pink and brown tones that bring to mind the frescos of the first Tuscan Renaissance, and to a unique treatment of the human figure who is depicted in a subdued, hieratic style inherited from Giotto or Masaccio. As in L'Amour, apparently trivial subjects (often scenes of Tuscan peasant life) take on a philosophical dimension laden with a sense of the eternal. No doubt an echo of the political events of the time and of the painter's own internal turmoil, a profound melancholy and poignant feeling of despair emanates from these pictures.
L'Amour is a case in point: here Magnelli depicts a couple whose background story is unknown to us but whose quiet distress is palpable. By the dramatic tension of the composition and the arrangement of the figures frozen in their devastating solitude, Magnelli elevates an anonymous scene of married life to the realms of Classical tragedy.