Bouchon de flûte, Aire Biwat (Mundugumor), Cours moyen de la rivière Yuat, Bas-Sepik, Papouasie Nouvelle-Guinée

Vraisemblablement collecté in situ par Andrew Patrick (né vers 1880), Premier ingénieur dans la Marine marchande
Transmis par descendance familiale
M. et Mme G. Oliver, Glasgow
Acquis lors de la succession de ces derniers, par le propriétaire actuel
Collection privée, Ecosse

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L'esthétique des Biwat, en ce qui concerne la figure humaine, constitue sans aucun doute l'expression la plus puissante des arts de Nouvelle-Guinée, et leurs statues wusear s'imposent parmi les œuvres véritablement emblématiques des arts de Mélanésie.

Selon Dirk Smidt (in Kooten et Heuvel, 1990 : 245-246), les figures wusear qui couronnaient chez les Biwat les grandes flûtes sacrées en bambou haiyang, "étaient considérées par les Biwat eux-mêmes comme les plus importantes de leurs sculptures et revêtaient un caractère sacré. [...]. Leur voix était entendue lorsque les flûtes étaient jouées, après que la sculpture en ait été retirée. Leur signification, à la fois sociale, cérémonielle et religieuse, était considérable. Elles étaient perçues comme "les enfants de la mère crocodile spirituelle" (asin), [être puissant] qui faisait renaître symboliquement les initiés en les avalant puis en les régurgitant sous forme d'adultes achevés".

La puissance de leur signification s'impose visuellement par une esthétique vouée à la force, et cette œuvre, même dénuée aujourd'hui de sa parure, en constitue l'un des exemples les plus remarquables. La force exprimée par la tête projetée en avant - magistrale -, est accentuée par les traits concentrés sous le front surdimensionné, imposant au premier plan le nez busqué et la ligne aiguë des sourcils froncés, dont les yeux incrustés de nacre suivent le mouvement.

cf. Sotheby's (New York, 14 mai 2010, n° 89) pour le bouchon de flûte de la collection John et Marcia Friede, et Wick (2009 : XV, fig. 8 et 9) pour les deux conservées au Museum der Kulturen de Bâle, passées entre les mains d'Arthur Speyer avant 1914. Travaillée à l'outil de pierre, cette sculpture inédite datant du XIX^e siècle se rattache, pour son ancienneté et la redoutable puissance qu'elle exprime, à ces œuvres emblématiques.