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Jean Dubuffet
Description
- Jean Dubuffet
- Légende du Bonheur
- signé et daté; signé, titré et daté au dos
- huile sur toile
- 100 x 81 cm; 39 3/8 x 31 7/8 in.
- Exécuté le 7 septembre 1961.
Provenance
Galerie Daniel Cordier, Paris
Collection particulière, Aubigny-sur-Nère
Richard Feigen Gallery, New York
Collection particulière, New York
Sotheby's Londres, 22 juin 2005 lot 14
Van de Weghe Fine Arts, New York
Collection particulière, Connecticut
Exhibited
New York, Richard L. Feigen & Co, Dubuffet and the Anticulture, 1969-1970; catalogue, p.42, no.31, illustré
Literature
Renato Barilli, Dubuffet : le cycle de l'Hourloupe, Chêne, Paris, 1976, p.11, no.10, illustré
Renato Barilli, Dubuffet : oggetto e progetto, il ciclo dell'Hourloupe, Milan, 1976, p.11, no.10, illustré
Condition
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Catalogue Note
signed and dated; signed, titled and dated on the back; oil on canvas. Executed on the 7th of September 1961.
« Foyer d'agitation, enclos tendu, prêt à jeter partout des traînées de cohues, c'est d'elle [la vitrine de magasin de Paris Circus] que partira bientôt une veine majeure du cycle : s'y ébauchera une sorte de tourbillon, qui gagnant tout le site, suscitera l'éclosion des Légendes » (Jean Dubuffet, Délits, Déportements, Lieux de haut jeu, Max Loreau, 1971, p. 391).
Légende du Bonheur date du 7 septembre 1961. En février de la même année, Jean Dubuffet propulse son œuvre sur la scène haute en couleurs et en extravagances de Paris Circus. Succédant aux Matériologies (août 1959 – janvier 1961) et précédant l'iconique Hourloupe (juillet 1962- août 1964), le cycle est particulièrement riche. Comme un contrepoint aux turbulences de la matière brute dont il a fait l'expérience, la ville et son décor, ses vitrines, ses enseignes, ses trottoirs et son réservoir de figures s'articulent tout en se télescopant. Ici, Dubuffet part du construit pour arriver à la désarticulation de l'œuvre. Sur ce rythme, Paris Circus constitue un microcosme délirant, débordant de formes et de polychromie.
Un vitalisme équivalent se retrouve dans la phase d'éclosion de Paris Circus : le cycle des Légendes auquel appartient l'œuvre bien-nommée : Légende du Bonheur. Ici, Dubuffet procède a contrario : il part d'un magma invertébré polychrome pour atteindre la figure d'un couple de personnages saisis d'une frénésie qui est aussi celle des contours et de la couleur.
Dans une lettre au philosophe Hubert Damisch, Jean Dubuffet revient sur le phénomène du surgissement de la figure qui procède autant d'une coagulation de matière que du dépouillement du flot urbain de Paris Circus : « [...] après cela [Paris Circus] j'ai entrepris de réduire à leur tour – dans d'autres tableaux – les personnages eux-mêmes, ce qui a provoqué la série de peintures auxquelles j'ai donné le nom de Légendes » (31 mai 1962).
Sur fond d'empâtement crème, formes rouges, roses, vertes, bleues, etc., croissent et bouillonnent. A la source du bonheur, il y aurait donc autant de cellules primordiales et de couleurs jubilatoires. Episode d'une genèse légendaire, le bonheur serait né sur cette trame abstraite et arbitraire. Pour atteindre en septembre 1961, une cohérence et un rayonnement sans précédent. Dans Légende du Bonheur, contre toute attente et tout à coup, un Adam et une Eve trépidants seraient surgis du chaos.
Première née du corpus des Légendes, Légende du Bonheur est une œuvre inaugurale autant que primordiale. Elle est, au sein de Paris Circus, d'une exceptionnelle fulgurance. Par sa vigueur plastique et sa dimension symbolique élémentaire, entre génétique cellulaire et genèse poétique, Légende du Bonheur est en outre une exceptionnelle leçon d'art brut.
Comp.1
Le Plomb dans l'aile, 1-3 novembre 1961, Huile sur toile, The Detroit Institute of Art © éditions du Centre Pompidou.
Comp. 2
Jean Dubuffet et Asger Jorn, 1961 © Archives Fondation Dubuffet.
Comp.3
Hans Arp, Premier relief Dada, 1916, Bois peint, Bâle, Kunstmuseum © Fondation Jean Arp et Sophie Tauber-Arp et Cosmopress Genève
Comp.4
Partie inférieure de la fresque murale de Teotihuacan dans l'ensemble résidentiel de Tepantitla © Martirene Alcantara