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Georges Mathieu
Description
- Georges Mathieu
- Saint-Georges terrassant le Dragon
- signé, localisé Byblos et daté
- huile sur toile
- 150 x 300 cm; 59 1/16 x 118 1/8 in.
- Exécuté le 15 mars 1961.
Provenance
Exhibited
Condition
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Catalogue Note
signed, located Byblos and dated; oil on canvas. Executed on the 15th of March 1961.
"Vous avez créé un espace tumultueux, bruit et fureur dans le silence, où la couleur recréée, coulants à flots raffinée et inouïe, s'impose comme jamais et comme nulle part, dans le noir... Il y eut Rubens, il y eut Delacroix - il y a aura Mathieu - tel est mon pari, tel aura été le vôtre. Vous posez un problème à la France, car je ne sais pas une autre réserve d'énergie et de sauvagerie domptée dans tout l'art français". (Jean-Claude Marie, Mathieu 50 ans de création, 2003, p.660).
Comp. 1
Pierre-Paul Rubens, Saint Georges terrassant le dragon, 1607, Huile sur toile, Madrid, Musée du Prado © Prado
Comp. 2
Eugène Delacroix, Saint Georges combattant le dragon, 1847, Huile sur toile, Paris, Musée du Louvre © Musée du Louvre
Comps 3.4.5.
Georges Mathieu réalisant Saint-Georges terrassant le Dragon le 15 mars 1961 à Jbeil.
Hier a eu lieu, à l'ancien Hôtel de la Présidence, Rue Kantari, le vernissage d'une trentaine de toiles récentes de Georges Mathieu – le peintre le plus discuté de notre temps. Le Tout-Beyrouth a défilé avec surprise devant des panneaux généralement de grande dimension, portant un, deux, ou, parfois, une végétation de signes peints. La plupart de ces toiles ont été exécutées au Liban, en deux jours. Deux heures avant le vernissage de son exposition, l'artiste peignait à Gebeil, sous la pluie, devant un public émerveillé ou... sceptique, sa dernière toile : « Saint-Georges terrassant le Dragon ».
Ci-dessous, notre collaborateur Salah Stétié exprime son point de vue sur la « signification » de l'œuvre de Mathieu, et sur son actualité.
L'homme est fascinant : non par son pittoresque apparent, auquel, si facilement, les non-initiés se laissent prendre, non par sa chevelure et sa moustache « celtes » - mais par sa « race », son air natif de grand seigneur, et l'extraordinaire lucidité qui se découvre dans le moindre de ses propos et son regard bleu aigu, insoutenable.
Georges Mathieu est arrivé hier à Beyrouth en compagnie du Comte d'Arquian, l'un des plus grands marchands de tableaux du monde, n'avait pour tout bagage que ses pinceaux : les toiles que ce peintre – aujourd'hui l'un des plus significatifs de la « nouvelle génération », aussi célèbre à 40 ans et, qui sait ? Aussi grand peut-être que Picasso – doit exposer, mercredi prochain à l'Hôtel de l'ancienne Présidence de la République, Rue Kantarin il les peindra sur place. Accueilli à l'AIB par deux collectionneurs libanais, MM. Pierre Khoury et Henri Eddé, il s'est aussitôt renseigné sur la possibilité de peindre dans un château-fort des Croisés. Son dimanche, peut-être le passera-t-il dans le donjon de Byblos, à travailler.
Il se ramasse sur lui-même et brusquement bondit : d'un coup de dents, il arrache le capuchon d'un tube de couleur. Contre la toile, il écrase la pâte vibrante. Avec le bord du tube, il raye, trace des lignes, ébauche une forme aussitôt escamotée, intégrée dans la genèse d'une autre forme. Il trempe sa main dans de la peinture noire, cligne des yeux, recule un peu ; sur un bord du tableau, pose, avec une délicatesse inattendue un rectangle noir dont partiront aussitôt de nouvelles lignes, zébrures, nervures, virgules et paragraphes – rouges. Il s'arrête de peindre, accroupi, d'un nouveau bond, il se relève. Recule jusqu'à l'un des bouts de la salle ; ses yeux plissés par l'effort de l'attention ne quittant pas l'animation muette, la foule des signes – leur grouillement sur la surface tout à l'heure immaculée, maintenant transformée en fourmilière. Il revient, d'un étrange pas dansant, son léger corps balancé sur ses jambes fines et nerveuses, aux pieds chaussées d'espadrilles : il place, après un moment de réflexion, un point ici, un autre point là. Puis, soudain, c'est une reprise frénétique : avec la paume de la main, il trace brutalement un épais sillon ; il tue les créations superbes et merveilleusement raffinées de sa fantaisie instinctive. Tout l'équilibre de la toile est bouleversé : il repart, avec la même vitesse accidentée, à la conquête d'un nouvel équilibre.
Salah Stetié, extrait de L'Orient, Beyrouth, mars 1961.