Lot 58
  • 58

Joseph-Siffred Duplessis

Estimate
100,000 - 120,000 EUR
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Description

  • Joseph-Siffred Duplessis
  • Portrait de Louis XVI en buste
  • Huile sur toile

Provenance

Très probablement, commandé par la Direction des Bâtiments du Roi pour être offert en présent du roi (Paris, Archives Nationales, série O1 1907 à 1922);
Vente anonyme, New York, Parke Bernet Galleries Inc., 24 mars 1954, no. 46;
Acquis à cette vente par la famille de l'actuel propriétaire.

Condition

The painting is in fairly good overall condition. It has been correctly relined in the first half of the 20th century. The canvas is slightly distended. There is a small paint loss in the background upper right, visible to the naked eye. An old restored tear in Louis XVI's jacket, to the right, above the blue scarf. UV light: A small damage in the jacket previously mentioned. There are some very slight retouches in the hair, the left ear and the left corner of the mouth. Some restorations along the left edge and in the wall. We can see a small restoration to the right, under his arm.
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Catalogue Note

Originaire de Carpentras, Joseph-Siffred Duplessis reçut une formation généraliste de peintre d'histoire, d'abord dans sa région natale auprès de son père et du peintre Joseph-Gabriel Imbert, frère chartreux à Villeneuve-lès-Avignon, puis à Rome durant un séjour de quatre ans passé dans l'atelier du français Pierre Subleyras, de 1744 à 1747. Peu de temps après le décès de ces deux derniers maîtres en 1749, il s'installa à Paris et fréquenta l'atelier de Jacques-André-Joseph Aved dès 1752 pour se lancer dans une carrière de peintre de portraits, comme peintre du roi. C'est en 1769, lors de sa première participation au Salon  qu'il se révéla véritablement au public parisien et à la critique artistique, notamment celle de Diderot, enthousiaste à son égard : « Voici un artiste appelé Du Plessis, qui s'est tenu caché pendant une dizaine d'années et qui se montre tout à coup avec trois ou quatre portraits vraiment beaux (...) ».

Reçu à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture en août 1774, à l'âge de 49 ans, Duplessis fut rapidement recommandé par le premier peintre du roi, Jean-Baptiste Marie Pierre, pour effectuer le tout premier portrait officiel, d'après nature, du jeune Louis Auguste devenu roi, sacré et couronné à Reims le 11 juin 1775. En raison de l'empressement des institutions royales et provinciales, comme des cours étrangères, et de la difficulté à obtenir du roi un nombre suffisant de séances de pose, la Direction des Bâtiments du roi pressa Duplessis de réaliser une première version du portrait de Louis XVI, celle que nous présentons ici, dans l'attente d'achever le grand portrait en pied et en habit du Sacre, commandé dès décembre 1774, qu'il ne livrera que deux ans plus tard, exposée au Salon suivant de 1777 (la physionomie et l'orientation de la tête et du buste resteront inchangées).

Dans notre version de forme ovale, le roi est représenté en buste grandeur nature. Il est vêtu d'un habit de cour d'une magnifique couleur lilas, orné de broderies d'or et de fleurs, portant le ruban bleu moiré en sautoir et la plaque de l'Ordre du Saint-Esprit et, à la boutonnière, le ruban rouge et l'insigne de la Toison d'or. Il est vu à mi-corps, posant debout devant une balustrade rythmée à droite par la base et le fût d'un pilastre, sur un fond de ciel nocturne, le buste légèrement tourné de trois-quarts vers la gauche, sa main droite glissée sous la veste, tandis que le visage et le regard suivent avec détermination l'orientation opposée, marquée par l'ouverture du bras gauche.

Dès son exposition publique en août 1775, la critique du Salon découvrit les traits d'un jeune monarque, à l'allure fière de ses 20 ans, au regard lointain et visionnaire. Le portrait du roi peint par Duplessis fut accueilli élogieusement ; une longue Epître lui fut même dédiée. Durant une vingtaine d'années, cette iconographie royale connut une large diffusion à travers la gravure, la miniature - sous la forme par exemple des boîtes à portrait offertes en présents du roi par le ministère des Affaires étrangères ou l'administration des Menus Plaisirs -, ainsi qu'à travers les très nombreuses répliques et copies peintes sous sa direction ou d'après lui, dont certaines de format rectangulaire (voir les copies d'après Duplessis conservées au musée des Beaux-Arts à Dijon, Chartres ou Cholet par exemple). Ce succès fit confondre ultérieurement la notoriété et la paternité des portraits peints par Duplessis avec ceux commandés à Antoine-François Callet à partir de 1778, d'un type physionomique de Louis XVI très différent, à la fois plus âgé et présentant un fort embonpoint, que seule l'histoire retiendra. On les localise aujourd'hui en France et à l'étranger dans de nombreux et prestigieux musées, institutions et collections privées, au gré des dons et envois du roi et des péripéties successives qu'ont connu notamment en France les collections royales.

Le portrait que nous présentons révèle la sûreté et les qualités picturales du pinceau de Duplessis, dans le modelé du visage à la fois ferme et moelleux, les nuances colorées de l'habit en résonnance avec celles d'un ciel nocturne, au moment de son aurore... ou de son crépuscule, la finesse de la dentelle du jabot et des manchettes. Une collaboration d'atelier est également discernable dans le rendu de l'habit dans sa partie inférieure, des décorations et des broderies, qui ne rompt pas son harmonie nimbée de rose.

Notre tableau est en effet à apprécier comme une des plus belles répliques autographes, après celle conservée au Musée National du Château de Versailles (toile, ovale, 80 x 62 cm; no. inv. MV 3966), ayant été commandées à Duplessis parmi la cinquantaine de répliques et de copies exécutées entre 1776 et 1790 sous sa direction. Le tableau original peint et exposé à Paris au Salon de 1775 est toujours tenu à ce jour comme perdu. Il existe aussi une esquisse ad vivum de la tête du roi, conservée actuellement dans une collection privée.

Nous remercions Madame Rachel Dudouit de nous avoir confirmé l'attribution à Joseph-Siffred Duplessis et d'avoir rédigé cette notice.