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Charles Alphonse Dufresnoy
Description
- Charles Alphonse Dufresnoy
- L'Adoration des Bergers
- Huile sur toile
Provenance
Collection du chanoine M. A. d'Arcussia, XVIIIème siècle;
Hérité par Charles-Félix de Benault de Lubières (1765-1810);
Vendu avec leur collection à la ville d'Aix-en-Provence;
Acquis par le chanoine Topin, avant 1813;
Resté par descendance dans la famille du chanoine jusqu'en 1958;
Collection François Heim, Paris, en 1959;
Vente anonyme, Paris, Hôtel Drouot, 7 décembre 1981, lot 54 (comme 'Atelier de Poussin').
Exhibited
Literature
"Cabinets de tableaux et autres collections artistiques de la ville d'Aix", in Mémorial d'Aix, Aix-en-Provence, 13 juin 1841 (comme 'Nicolas Poussin');
A. Andresen, Nicolaus Poussin: Verzeichniss der nach seinen Gemälden gefertigten gleichzeitigen und späteren Kupferstiche, Leipzig 1863; voir "Catalogue des graveurs de Poussin par Andresen, traduction française abrégée, avec reproductions par Georges Wildenstein, in Gazette des Beaux-Arts, juillet-août 1962, p. 157, no. A98 (comme 'Nicolas Poussin');
E. Magne, Nicolas Poussin, premier peintre du roi, 1594-1665, Bruxelles/Paris 1914, p. 155 (comme 'Nicolas Poussin');
P. Jamot, Connaissance de Poussin, Paris 1948, no. 142 (comme 'Nicolas Poussin'; Photographie d'un tableau perdu, 90 x 120 cm) ;
A. Blunt, The paintings of Nicolas Poussin. A critical catalogue, Londres 1966, no. 43 (comme 'Nicolas Poussin');
B. Lossky, Das 17. Jarhundert in der französischen Malerei, Berne 1959, no. 75, pl. 19 (comme 'Nicolas Poussin, présumé le tableau peint pour M. de Mauroy en 1650').
J. Thuillier, Tout l'oeuvre peint de Poussin, Paris 1974, no. B43 (dans la catégorie des oeuvres authentiques de Poussin, sans posséder toutefois d'arguments suffisants);
J. Thuillier, "Proposition pour : II. Charles-Alphonse Du Fresnoy peintre", in Revue de l'Art, N. 61, 1983, cité p. 44 (comme 'Charles-Alphonse Dufresnoy');
Ch. Wright, Poussin, Paintings, A Catalogue Raisonne, New York, 1985, p. 243, no. A24 (comme 'Attribué à Nicolas Poussin');
J. Thuillier, Nicolas Poussin, Paris 1994, p. 268, no. B28 (comme 'Oeuvre relativement tardive de Du Fresnoy, mais à seul titre d'hypothèse');
S. Laveissière, "Les tableaux d'histoire retrouvés de Charles Alphonse Dufresnoy", in Revue de l'Art, N. 112, 1996-2, p. 50, no. 18, fig. 22 (comme 'Charles-Alphonse Dufresnoy');
S. Laveissière, "Un alter ego de Mignard : le peintre Charles-Alphonse Dufresnoy (1611-1668) ", in Actes du Colloque : Pierre Mignard 'le Romain', sous la direction de J.-C. Boyer, Paris 1997 (comme 'Charles-Alphonse Dufresnoy');
Autour de Poussin : Idéal classique et épopée baroque entre Paris et Rome, cat. d'exp., Rome 2000, cité par S. Laveissière, pp. 139-40 (comme 'Charles-Alphonse Dufresnoy').
Condition
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Catalogue Note
Notre tableau, confondu dès le XVIIème siècle avec l'œuvre de Nicolas Poussin et gravé comme tel par Théodore Roger1, a été rendu à Charles Alphonse Dufresnoy par Jacques Thuillier en 1983 et occupe désormais une place prépondérante dans le corpus restreint de l'artiste, corpus qui compte quelques quinze tableaux d'histoire. Cette Adoration des Bergers peut être rapprochée de La Mort de Socrate (Florence, Galerie des Offices), œuvre majeure du maître datée vers 1650. En effet, on y retrouve le même équilibre défini par une répartition minutieuse des personnages sur trois plans distincts, approche caractéristique de la peinture française des années 1645-55 à Rome, dominée par la personnalité de Poussin. Cependant Dufresnoy s'éloigna visiblement de la rhétorique poussinienne. La vibration des coloris aux accords froids rehaussés par l'éclat de notes plus vives, le traitement des drapés contrastant avec l'aspect lisse des carnations aux contours plus estompés et le visage poupin de la Vierge sont autant d'éléments qui révèlent la délicatesse d'un peintre se voulant à la fois sensible et savant.
Elève de François Perrier et Simon Vouet, Charles Alphonse Dufresnoy partit compléter sa formation à Rome de 1633 à 1653. Peintre et théoricien, il est considéré comme l'une des personnalités artistiques les plus remarquées vers 1640. On retient aujourd'hui de lui son traité de peinture en vers latins, De Arte graphica, publié après sa mort par Roger de Piles en 1684. Il collabora par ailleurs à la décoration de la coupole du Val-de-Grâce de 1663 à 1666, avec son ami Pierre Mignard. Loué de son vivant par André Félibien, Dufresnoy tomba peu à peu dans l'oubli avec la disparition quasi-totale des tableaux et dessins connus de sa main. Son œuvre peint fut récemment reconsitué grâce aux travaux de Jacques Thuillier et Sylvain Laveissière.2
Dans sa démarche perfectionniste, Dufresnoy réalisait de nombreux dessins préparatoires. Un dessin de même sujet, mais en sens inverse, au Louvre (no. inv. 32456) pourrait avoir un lien direct avec notre tableau. Il ne s'agit sans doute que d'une première pensée, mais le groupe de saint Joseph désignant l'Enfant Jésus à un berger est présent dans les deux compositions.3 L'inversion dans la disposition des groupes était courante chez l'artiste qui avait pour habitude de traiter un sujet sous tous les angles avant d'en arrêter la composition définitive.
L'Adoration des Bergers constitue un beau témoignage de l'ambition de ce peintre érudit qui observait dans la pratique de son art la même doctrine rigoureuse énoncée dans son traité, tentant de parvenir à l'idéal classique de la fusion de la grâce et de la raison.
1. Voir G. Wildenstein, Poussin et ses graveurs au XVIIème siècle, Paris 1957, p. 63, no. 32. D'après cette planche gravée avant 1662, Mme Soyer exécuta également la même composition au trait (Voir C.-P. Landon, Oeuvre de Nicolas Poussin, Paris 1811, t. IV, pl. 18 (pl. XXXIII de la table générale).
2. Voir opus cité supra.
3. S. Laveissière, op. cit., p. 50.