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Adrien Manglard
Description
- Adrien Manglard
- Scène de lutte sur la place d'un village
- Huile sur toile
Condition
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Catalogue Note
Elève d'Adriaen van der Kabel, Adrien Manglard se forma d'abord à Lyon avant de partir s'installer à Rome en 1715, se consacrant presque exclusivement à la peinture de paysages et au genre de la marine. Il s'initia dans un premier temps à l'art de Claude Gellée, dit Le Lorrain, dont il put approcher les œuvres dans les collections du marquis Gabrielli, son protecteur, et dont il retint la perspective aérienne et les effets de lumière. Il subit également l'influence de Salvator Rosa, lui empruntant les puissants contrastes de clair-obscur et la disposition des personnages à contre-jour au premier plan. Manglard suscita rapidement l'intérêt de riches commanditaires locaux et fut appelé à décorer les palais Rospigliosi et Colonna. En 1735 et 1736, il fut admis successivement à l'Académie de Saint-Luc et à l'Académie Royale dans la catégorie des peintres de marines. Son œuvre ne fut cependant pas considérée en France à l'époque bien qu'il fût aussi, dès 1734, le maître du célèbre peintre, Claude-Joseph Vernet.
Parallèlement à son activité de peintre de marines, Adrien Manglard s'intéressa également aux paysages de villes et à la vie quotidienne des paysans romains. En 1753-54, il travailla notamment à la gravure de trente-deux vedute de la campagne romaine. C'est cette facette du talent du peintre que notre tableau permet ici de redécouvrir. Ce rare paysage rustique animé d'une scène de lutte peut être rapproché d'une autre composition de Manglard. L'œuvre, provenant de la collection Rospigliosi et vendue à Rome en 1931 (toile, 58 x 85 cm ; localisation inconnue)1, met en scène une fête champêtre à Maccarese, localité de bord de mer où le prince Rospigliosi possédait une villa. On retrouve un sujet tout à fait comparable avec une foule de villageois assistant à une lutte à main plate mais la scène prend cependant place sous la bannière aux armes des Rospigliosi, flottant au sommet de l'arbre. Les deux toiles présentent en effet de grandes similitudes dans le choix des groupes de figures et leurs attitudes. Par ailleurs, l'athlète assis pour ôter son bas cité dans les deux oeuvres n'est pas sans rappeler la sculpture du Tireur d'épine (Spinario), aujourd'hui au Palais des Conservateurs.
Manglard choisit cependant de représenter ici un moment différent, proposant un tout autre point de vue. L'action se concentre sur un seul groupe de lutteurs alors que le tableau de la collection Rospigliosi met en scène plusieurs combats. Dans les deux œuvres, la composition est rythmée par l'élan vertical des arbres et une large place est accordée au ciel et à l'ouverture sur l'horizon, structurant l'espace et accentuant les contrastes de clair-obscur. Dans son étude sur le peintre, Silvia Maddalo suggère par ailleurs un parallèle entre le tableau Rospigliosi et une œuvre d'Andrea Locatelli (Rome, Collection particulière)2. Tout en s'inspirant du travail du paysagiste romain, Manglard confère à la scène une plus grande profondeur, « réalisant une composition au souffle plus ample et à la sérénité presque arcadienne, où les figures, plus légères et élégantes que celles de Locatelli, contribuent à élever sensiblement le ton du discours. » 3 Notre tableau participe de cette même volonté de créer un genre mixte qui réunit à la fois le pittoresque des scènes rustiques, le charme du paysage de la campagne romaine et le spectacle du ciel.
Un dessin à la sanguine de Manglard vendu à Paris, Piasa, 10 décembre 2003, lot 50, décrivant une scène de lutte assez semblable, peut également être rapproché de notre tableau.
1. Voir S. Maddalo, Adrien Manglard (1695-1760), Rome 1982, p. 120, no. 52, reproduit.
2. Ibid., no. 52a, reproduit.
3. Ibid., p. 71: « Manglard contrappone una composizione di ampio respiro e di serenità quasi arcadia, dove la figure, più leggere ed eleganti rispetto a quelle di Locatelli, contribuiscono ad alzare notevolmente il tono del discorno. »