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Jeff Koons
Description
- Jeff Koons
- Elephant (Purple)
- signé et daté au dos
cristal, miroir, plastique coloré et acier inoxydable
- 194,3 x 150 x 3,8 cm; 76 1/2 x 59 x 1 3/4 in.
- Exécutée en 1999, cette oeuvre est unique et fait partie d'une série de 5, chacune de couleur différente.
Provenance
Don de l'artiste à la Fondation Claude Pompidou
Literature
Hans Werner Holzwarth, Jeff Koons, Cologne, 2009, illustration d'un autre exemplaire p. 453
Condition
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Catalogue Note
signed and dated on the back ; crystal glass, mirrored glass, coloured plastic interlayers, stainless steel. Executed in 1999.
Mme Georges Pompidou, Mme Jacques Chirac, Thaddeus Pompidou et Jeff Koons dans l'atelier de ce dernier à New York, janvier 2007. © Thomas Pompidou
Claude Pompidou n'a cessé, tout au long de sa belle vie, de rechercher la compagnie des artistes et d'entretenir, avec beaucoup d'entre eux une intimité attentive, respectueuse et complice. Cette disposition de sa personnalité est rapidement devenue une passion, passion partagée jusqu'en 1974 avec son mari, le président Georges Pompidou, passion incarnée, à partir de 1977, dans la formidable aventure du Centre Beaubourg auquel un légitime hommage allait donner le nom du président de la République qui l'avait si intensément désiré.
Les Pompidou aimaient l'art, ce qu'on appelle aujourd'hui les « arts plastiques », mais aussi, de façon très éclectique, la musique, la littérature, la poésie. Chacune de leurs maisons, à Cajarc et à Orvilliers, leur appartement du quai de Béthune, témoignaient de cette passion. On y retrouvait les livres, les peintures, les sculptures, les disques qu'ils avaient aimés et dont ils avaient faits les compagnons de leur existence. Leurs loisirs les conduisaient dans les galeries de Saint Germain des Prés, au concert ou dans les salles des grandes expositions où ils entretenaient la flamme de leur inépuisable curiosité. Chacun de leurs voyages privés ou officiels ménageait, parfois de façon dérobée, quelques heures pour aller visiter ici un site archéologique, ici un musée. C'est ainsi que leur vie publique, pourtant contraignante, n'a jamais étouffé leur intense besoin de donner à chaque jour de leur existence la part de culture qui leur était si nécessaire.
Il appartint à Claude Pompidou d'assumer seule cette passion de 1974, année de la mort précoce de Georges Pompidou, à 2007, année où son regard intense s'éteignait à son tour ! Ces trente années ne furent pas pour elle des années de simple nostalgie de cette partie antérieure de sa vie qui lui avait donné tant de joies. Au contraire, elle s'en empara pour les vivre avec une rare disponibilité à l'égard de la création de son temps. Piano, Rogers, Soulages, Martial Raysse, Niki de Saint Phalle, Pierre Boulez, Pascal Dusapin, Bob Wilson, Patrice Chéreau... et tant d'autres purent mesurer la force de l'amitié et de la passion de cette grande dame.
A cette disponibilité, elle su associer un engagement philanthropique fort à travers la Fondation dont elle assura la présidence jusqu'à sa mort et dont elle confia à Madame Jacques Chirac la lourde et passionnante responsabilité d'en pérenniser la généreuse action. Cette action ne cessa et ne cesse d'être soutenue par l'attention de nombreux particuliers, de nombreux mécènes et bien sûr, de manière plus particulière, par beaucoup des artistes qui n'avaient pas oublié la ferveur de l'amitié que leur portait Claude Pompidou.
C'est ainsi que Jeff Koons, sensible à l'action de la fondation, lui fit l'hommage de l'une de ses œuvres créée en 1999, le « Miroir-Eléphant », aujourd'hui mis en vente chez Sotheby's. Le produit de la vente de cette œuvre majeure est destiné à concourir au financement du dernier en date des établissements dont Claude Pompidou avait eu l'initiative, une maison médicale pour l'accueil des personnes frappées de la maladie d'Alzheimer, à Nice.
Est-il besoin de dire à quel point, je suis sensible à cette rencontre du talent et de la générosité ? Elle ravive en moi, si besoin était, le souvenir si cher de Claude. Elle me permet de marquer à Bernadette Chirac la fidélité de mon attachement et à Jeff Koons, que j'ai accueilli l'an passé au château de Versailles, mon admiration pour la rigueur jamais pesante de son travail.
Jean-Jacques Aillagon
Ancien ministre
Président de l'Etablissement public du musée et du domaine national de Versailles
Chers amis,
La vente aux enchères d'une œuvre de Jeff Koons constitue un évènement par la qualité et l'immense talent de cet artiste que la France a pu apprécier grâce à la magnifique exposition au Château de Versailles en décembre 2008.
A cet évènement s'ajoute une belle histoire : celle de deux personnalités de talent et de cœur qui décident d'unir leurs efforts pour lutter contre le fléau d'une maladie terrible : la maladie d'Alzheimer.
En janvier 2007, Claude Pompidou me proposa de l'accompagner à New York pour sa Fondation. Ce fût du reste son dernier voyage à l'étranger. Je me rappelle qu'elle m'a proposé de visiter l'atelier de Jeff Koons qu'elle avait rencontré à plusieurs reprises en France. Je me souviens de leur complicité et de la considération qu'elle portait à celui qu'elle appelait « le Klein de notre temps ». Curieuse, attentive, passionné par cet audacieux seigneur des formes et des couleurs, elle lui écrivit à son retour une lettre pleine d'admiration et d'enthousiasme.
Créateur de génie, Jeff Koons est aussi un homme de générosité engagé dans l'action caritative. Aussi fût-il sensible à l'initiative de Claude Pompidou en faveur de la création à Nice, d'un centre pilote de recherche et de soins sur la maladie d'Alzheimer.
L'idée d'un miroir fit alors son chemin.
Lorsque je succédai à Claude Pompidou, disparue au mois de juillet 2007, je me fis la promesse de mener à bien ce projet médical et scientifique auquel elle était tant attachée.
Au début de l'année, je rencontrai Jeff Koons au Caire lors d'une manifestation en faveur de l'enfance ; il évoqua notre visite à New York et m'informa que le miroir était réalisé. Emue de constater que ce grand artiste n'avait pas oublié ce moment chaleureux et amical, j'étais très heureuse de savoir que l'art contemporain et l'aide à la recherche médical allaient se conjuguer pour faire avancer un projet scientifique novateur.
Au nom de la Fondation Claude Pompidou et de tous ceux auxquels elle vient en aide, je remercie du fond du cœur Jeff Koons pour son soutien et son engagement. J'associe à ces remerciements Laure de Beauvon-Craon présidente d'honneur de Sotheby's France, et Guillaume Cerutti, président-directeur général, qui avec une grande générosité ont mis gracieusement à la disposition de la Fondation leur équipe et leurs moyens pour donner à cette vente l'éclat qu'elle mérite.
Bernadette Chirac
Elephant est issu de la série Easyfun présentée pour la première fois en 1999 à la galerie Sonnabend à New York. Cette série est réalisée alors que l'artiste termine le corpus d'oeuvres Celebration, dont l'exposition, plusieurs fois annoncée et retardée et les complications techniques, l'occupent depuis plusieurs années. C'est pour pallier à l'attente de son public et renouer avec un art de conception plus facile et immédiate que Koons conçoit Easyfun. Cette série réunit, outre cinq peintures, onze miroirs monochromes figurant des silhouettes d'animaux accrochées au mur : kangourou, ours, singe, hippopotame, mouton, âne, morse, vache, chèvre, girafe et l'éléphant. Ces miroirs aux couleurs vives ne sont pas des représentations naturalistes d'animaux mais plutôt leur figuration archétypale; mélange de personnages de dessins animés et d'images tirées du marketing. Cet Elephant, aisément reconnaissable, fait appel au répertoire d'images et aux souvenirs d'enfance présents dans l'inconscient collectif des spectateurs. L'artiste est particulièrement attaché à ce phénomène car comme il le déclare : "L'enfance est importante pour moi, c'est là que je suis entré en contact avec l'art".
Au moyen de cette surface parfaitement plane, colorée et réfléchissante qui ne porte aucune indication de perspective, ni de volume, Koons joue avec les codes de la représentation. "Quand nous regardons "dans" les miroirs en forme d'animaux, nous nous voyons nous-mêmes, mais aussi le monde extérieur qui défile sur leurs surfaces plates." (Katy Siegel, Jeff Koons, Cologne, 2009, p.452). Koons entend renouer avec un art facile, immédiat, amusant également, loin de toute conception élitiste: "L'esthétique en tant que telle, j'y vois un grand discriminateur entre les gens; elle fait qu'ils se sentent indignes de ressentir l'art. Ils pensent que l'art est au-dessus d'eux." (Jeff Koons, op. cit., p. 430).
De gauche à droite Jeff Koons, 1999, Donkey, Goat (Dark Pink), Sheep (Yellow), Bear (Dark green), Hippo (Dark Pink), Giraf (Light brown), Cow (Light Blue), Kangaroo (Blue). © Jeff Koons
Fonds de gauche à droite Jeff Koons, 1999, Walrus (Blue Green), Monkey (dark pink). © Jeff Koons