Lot 16
  • 16

Claude Monet

Estimate
600,000 - 900,000 EUR
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Description

  • Claude Monet
  • L'HIVER, PRÈS DE LAVACOURT
  • huile sur toile

  • 55,5 x 72,5 cm; 21 7/8 x 28 1/2 in.

Provenance

S. Oppenheimer, Londres
A. Lousada, Londres
Ernest Duveen, Londres (sa vente : Sotheby's, Londres, 6 juillet  1960, lot 6)
Arthur Tooth & Sons, Londres (acquis lors de la vente précédente)
The Rt. Hon. the Earl of Avon, Grande Bretagne, 1960 (vente : Sotheby's, Londres, The Property of the Countess of Avon, 4 décembre 1974, lot 26)
Collection particulière, Londres (acquis lors de la vente précédente, vendu : Sotheby's, Londres, 23 mars 1983, lot 12)
Acquis lors de cette vente par le propriétaire actuel

Exhibited

Londres, Gimpel Fils, Collectors Choice V, Loan Exhibition, 1955, no. 21
Birmingham, City Museum and Art Gallery, Paintings and Drawings from the Collection of Lord Avon, 1966
Londres, Lefevre Gallery, Claude Monet, The Early Years, 1969, no. 21, (illustré dans le catalogue p. 59)
Den Bosch, Noordbrabants Museum, A feast of colour. Post-Impressionists from private collections, 1990, illustré p. 150-151

Literature

Denys Sutton, "A Statesman's Collection", Apollo Magazine, juillet 1969, pp. 460-467, illustré p. 464
Daniel Wildenstein, Claude Monet. Biographie et Catalogue raisonné, vol. I, 1840-1881, Lausanne & Paris, 1974, no. 573, illustré p. 363
Daniel Wildenstein, Claude Monet. Biographie et Catalogue raisonné, vol. II, 1840-1881, Cologne, 1996, no. 573, illustré p. 223

Condition

The canvas has been lined probably to repair a small tear next to the oar of the boatman. There is no evidence of retouching under ultra-violet light, this work is in very good condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

oil on canvas. Painted in 1880.

Fig. 1, Claude Monet, Soleil couchant sur la Seine, effet d'hiver, 1880, huile sur toile, Musée du Petit-Palais, Paris

Fig. 2, Claude Monet, La Débâcle à Lavacourt, 1880, oil on canvas, Collection particulière, Grande Bretagne

Fig. 3, Claude Monet, Les Glaçons, 1880, huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris

Fig. 4, Claude Monet, Hiver sur la Seine, Lavacourt, vers 1879-80, huile sur toile, Collection particulière

 

A la suite des grands froids de l'hiver 1879-1880, La Seine entièrement gelée devient soudainement le sujet de prédilection de Claude Monet. Catastrophe naturelle sans précédent, cette "débâcle" fascine l'artiste qui manifeste un intérêt grandissant pour les phénomènes atmosphériques. Les conditions climatiques extrêmes n'empêchent pas l'artiste de travailler sur le vif comme en témoignent  ses propos : "Je peignis [...] sur la glace [...] La Seine était complètement gelée et je m'installai sur le fleuve, m'efforçant de plier mon chevalet pliant d'une manière quelconque. De temps en temps, on m'apportait une bouillote. Mais pas pour les pieds : Je n'avais pas froid, c'était pour mes doigts gourds qui menaçaient de laisser échapper le pinceau."

Cet hiver d'une exceptionnelle rigueur devient  une source d'inspiration fructueuse pour l'artiste qui réalise plusieurs compositions spectaculaires ou les effets diffèrent seulement selon l'angle de vue adopté et l'heure choisie : une série de dix-sept toiles de la Seine prise dans les glaces voit ainsi le jour, l'artiste en achevant certaines dans son atelier. La Débâcle, Les Glaçons, L'Hiver près de Lavacourt, et Coucher de Soleil sur la Seine, l'hiver  confirment ainsi la fascination croissante de Monet pour la modification des formes et des couleurs sous l'emprise de la lumière.

La facture enlevée de cette composition, le rythme frénétique du geste pictural, la touche fragmentée sont autant d'éléments qui témoignent de la détermination de l'artiste à capter la nature d'une pâleur hivernale et changeante qu'il observe. Les effets de la lumière sur cette nature glaciale aux tonalités froides, préoccupation chère aux impressionnistes, retiennent ici toute l'attention de Monet qui différencie par son pinceau la surface brumeuse de l'eau, le mouvement des blocs de glace, ou encore cette silhouette sombre et solitaire qui semble se libérer de l'emprise des glaces.

La Seine est le motif principal de cette composition tout comme celui des autre toiles de cette série : "C'est la Seine qui occupe le premier plan dans toute sa largeur, tandis que pour contrebalancer cette plage horizontale, s'élèvent, à l'arrière plan, des arbres dont les lignes verticales se réfléchissent sur l'eau. Le fleuve charrie les glaçons disloqués dont les facettes brillantes accrochent et renvoient la lumière, fournissant un merveilleux prétexte à l'artiste pour rendre sur la toile des reflets irisés, abordés auparavant sur l'eau, la neige ou encore sur le givre" (Hommage à Claude Monet (catalogue d'exposition), Galerie Nationales du Grand Palais, Paris, 1980, p. 212). Glacé par la rigueur du climat, l'artiste se doit d'immortaliser le plus rapidement possible le spectacle qui s'offre à lui, usant de la dextérité de son pinceau pour saisir le caractère éphémère de cette nature hostile.

Ces toiles aux tonalités hivernales, empreintes de douce mélancolie, ont suscité maints commentaires. Selon certains auteurs, elles sont à l'image des préoccupations morales et matérielles qui habitent l'artiste veuf depuis peu. D'autres, y voient la préfiguration de ce qui fera la renommée de Monet estimant que cet agencement de taches colorées, posées sur l'eau, annoncent les Nymphéas de Giverny. D'autres considèrent que cet ensemble de toiles aux effets changeants selon les éclairages du jour préfigure les "séries" futures de l'artiste. Enfin, en 1893 durant sa période de Giverny, l'artiste reprend ce thème de la Débâcle,  illustrant à quel point celui-ci répond toujours à ses recherches picturales, plus d'une décennie après ses premiers essais près de Lavacourt.

 

During the unforgiving winter of 1879-1880, Claude Monet suddenly discovered a captivating new subject: the entirely frozen waters of the Seine.  The breaking up of the ice blocks, an unprecedented natural disaster, mesmerized the artist who showed a growing interest in weather phenomena. The extreme climatic conditions did little to prevent Monet from working outdoors, as his writings reveal: "I painted [...] on the ice [...] The Seine was completely frozen and I positioned myself on the river, which forced me to fold the easel in whatever way I could. Every now and then, I was brought a hot water bottle. Not for my feet, I was not cold; it was for my numb fingers which risked dropping the paintbrush".

The exceptionally harsh winter became a fertile source of inspiration for the artist, who created several spectacular compositions where the effects differ only according to the perspective and the time of day. He produced a series of seventeen pictures in this way, each one literally painted on the ice, sometimes finishing them later in his studio. La Débâcle, Les Glaçons, L'Hiver près de Lavancourt, and Coucher de Soleil sur la Seine, l'hiver hence confirm Monet's growing fascination with alterations of forms and colours under different light conditions.

The lively composition of the painting, its frenetic rhythm and fragmented touches are all testament to Monet's determination to capture the wintry pallor of the nature surrounding him. He focuses his attention on the effect of light on the frosty-toned glacial landscape, a central concern of the Impressionists. With his paintbrush the artist succeeds in subtly distinguishing the misty surface of the water, the movement of the ice blocs, and the dark and solitary silhouette which seems to free itself from the clutches of the ice.

As with other paintings in the series, the Seine itself is the principal motif of the composition: "It is the Seine that occupies the foreground in all its breadth. To counterbalance this horizontal plane, trees appear in the background whose vertical lines are reflected by the water. The river carries dislodged ice whose glistening captures and reflects the light, providing the artist with a marvellous pretext to lend the canvas an iridescent quality that affects the water, the snow and even the frost" (Hommage à Claude Monet (exhibition catalogue), Galerie Nationales du Grand Palais, Paris, 1980). Frozen by the merciless climate, the artist must immortalise as quickly as possible nature's awesome spectacle, using only the dexterity of his brush to grasp the ephemeral nature of this hostile environment.

Whilst certain critics consider the paintings to be reflective of the recently widowed artist's emotional and financial concerns, others believe them to prefigure a style that would in time become representative of Monet's art: the contrasts achieved though the use of large coloured strokes to depict water foreshadow the Waterlilies of Giverny, and the group of works as a whole, characterised by their distinctive interpretations of atmospheric conditions, prefigure the artist's future "series". Finally, in 1893, more than a decade after his first attempts at Lavacourt, the artist returned to the theme of the "Débâcle", illustrating the extent to which the subject matched his artistic quest.