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Proue , Maori, Nouvelle-Zélande
Description
- Maori
Proue
Provenance
Catalogue Note
Echappant à la sujétion du rectangle imposé des éléments architecturaux, les proues et poupes de pirogue comptent parmi les œuvres les plus belles des artistes Maori. Leur virtuosité s'y exprime, comme ici, dans l'association de la ronde bosse et des entrelacs ajourés.
cf. Mead (1984 : 199 et 207) pour deux proues stylistiquement comparables, attribuées aux Ngati, groupe Maori situé sur la côte est de l'île Nord.
La pirogue constitue l'un des éléments les plus emblématiques de la culture Maori. Selon Simmons (in Mead, 1984 : 77), "les Maori sont des gens de la mer [...] une tribu, ou une fédération de tribus de même origine, s'identifiait souvent à un waka (pirogue), autrement dit leur pirogue d'origine, leur terre et leur groupe". L'importance de la pirogue - en particulier de la pirogue de guerre - était signifiée par la sculpture très élaborée de la proue et de la poupe. Ici, le personnage à la langue tirée est identifié à Marakiaau, la divinité attirant vers le fond les pirogues ennemies et leur équipage. Le même degré d'élaboration prévalait dans la sculpture des modèles de pirogue de guerre, comme ici, œuvres des sculpteurs Maori les plus réputés. cf. Mead (idem : 212, n° 113) pour un modèle de pirogue de guerre dans les collections de l'Auckland Institute and Museum, daté du XIXe siècle, attribué au sculpteur Rakaruhi Rukupo.
La conception de cette proue - au même titre que l'ensemble de la statuaire Maori - a été soumise à de strictes prescriptions iconographiques. Dans les thèmes Maori - toujours anthropomorphes - les forces surnaturelles sont associées à celles de l'homme. Pour une lecture plus directe du symbolisme complexe de cette sculpture, on serait tenté de la placer devant un miroir, tel un anamorphisme de Giuseppe Arcimboldo.