Lot 169
  • 169

Important bassin rond en bronze doré daté 1853 aux armes du prince Alexandre Torlonia et de son épouse née princesse Colonna Doria, attribué à Charles Crozatier, Paris, daté 1853

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
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Description

  • the external frieze decorated with stylised flowers, a wider frieze with god Neptune with Amphitrite, seahorses, putti, sirens and nereids, some holding a mirror, some blowing in a shell with two medallions, one engraved ALEXANDER TORLONIA ANNO MDCCCLIII, with a brasero from which a phoenix is emerging, the other applied with the arms of Princes Torlonia and Colonna with Princely coronet
  • diam. 68,5 cm
  • 27in diam.
le bord extérieur orné d'une frise de fleurs stylisées, d'une frise plus large représentant le dieu Neptune accompagné d'Amphitrite, d'hippocampes, amours, sirènes et néréides, certains tenant un miroir, d'autres sonnant dans un buccin, entourant deux médaillons, l'un gravé ALEXANDER TORLONIA ANNO MDCCCLIII, timbré d'un brasero d'où sort un phénix, l'autre aux armes des princes Torlonia et Colonna timbrées d'une couronne princière

Literature

Littérature associée:
Henri Ponchon, l'Incroyable Saga des Torlonia, la Montmairie, 2005
Gilles Grandjean, Charles Crozatier, Histoire du musée Crozatier, p. 175 à 181

Condition

In overall very good condition. Stunning quality. Very attractive piece
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Catalogue Note

La famille Torlonia, originaire d'Augerolles dans le Puy de Dôme (Massif Central), connut une ascension fulgurante à Rome dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Marin Tourlonias (1725-1785) est le fils d'Antoine, marchand de toiles du Forez. En 1750, il s'installe à Rome où il italianise son nom en Marino Torlonia. Il est d'abord valet de chambre puis marchand de soieries et draperies. Parmi ses quinze enfants, Giovanni va être à l'origine de la dynastie princière des Torlonia. Il va créer une banque et devenir rapidement le banquier du Vatican (le pape le créera marquis puis duc). Il sera ensuite le banquier des Bonaparte et de la noblesse romaine. En 1797, il achète aux Colonna la villa de la via Nomentana qui va porter son nom et la fait restaurer et réaménager entre 1802 et 1806 par l'architecte et orfèvre Giuseppe Valadier. Giovanni organise des réceptions fastueuses dans son palais sur la Piazza Venezia, ancien palais Bolognetti acquis en 1807 (ce bâtiment sera détruit au début du XXe siècle). Les Torlonia sont alors considérés comme les Rothschild de Rome. En 1800, Giovanni Torlonia est le banquier le plus riche de la péninsule. En 1814, le pape le créée prince de Civitella-Cesi. La chapelle familiale des Torlonia est dans la basilique Saint-Jean de Latran.
Alessandro (1800-1886), fils préféré de Giovanni, a vingt-neuf ans lorsque son père meurt en 1829. Il se révèle aussitôt un homme d'affaires et un banquier de tout premier ordre. Il vit entre ses trois résidences romaines, le palais de la Piazza Venezzia, la villa Torlonia et le palais du Borgo acquis en 1823 sur la via della Conciliazione. En 1840, il épouse la princesse Teresa Colonna Doria (1823-1875), de vingt-trois ans plus jeune que lui. Aussitôt, les palais Torlonia deviennent des lieux de réception fastueux avec, par exemple pour le palais du Borgo, plusieurs milliers d'invités à chaque réception. Alessandro devient aussi un grand collectionneur et mécène. Le pape Pie VIII l'appelle "le père de la Patrie" et dit à sa mère "Votre fils est le mien, il a sauvé l'état". Un proverbe court alors les rues de Rome: "A Dieu et à Torlonia, tout est possible". Par exemple, le 4 juin 1842, deux obélisques sont dressées dans le parc de la villa Torlonia en souvenir de Giovanni et Anna Maria. Parmi les invités présents figurent le pape Grégoire XIV et le roi Louis de Bavière. Alessandro possède également trois théâtres à Rome. L'un d'eux, l'Apollo, servira de cadre à la première du Trouvère de Verdi le 19 janvier 1853, ainsi qu'à celle d'Un bal masqué le 17 janvier 1859. Aux environs de 1870, le patrimoine foncier du prince s'élèvera à près de 40.000 ha. Ce chiffre impressionnant est en partie du à une extraordinaire opération foncière et technique menée à bien par Alexandre Torlonia, l'assèchement du lac Fucino entre Rome et la mer. Ce projet courant depuis César et Claude n'avait jamais abouti de façon satisfaisante. L'empereur Claude avait fait creuser une canalisation souterraine pour évacuer le trop plein des eaux qui entraînait fréquemment des inondations catastrophiques. Mais cette opération n'avait pas suffi et les échecs se multiplièrent au cours des siècles. A force de ténacité et, sans doute, de ruse, le prince Torlonia finança sur sa cassette personnelle des travaux gigantesques entre 1854 et 1876 qui lui  permirent de devenir propriétaire de 15.000 ha, c'est-à-dire une surface supérieure à celle de la ville de Paris. En remerciement, le roi Victor-Emmanuel II lui confère le 23 décembre 1875 le titre de prince de Fucino. Cependant, sentant les années peser sur ses épaules, il s'inquiète de sa succession. N'ayant eu qu'une fille, Anna Maria, âgée de quinze ans en 1870, de son union avec Teresa Colonna, il cherche un parti digne de la plus riche héritière de la Ville éternelle. Le pape Pie IX en 1870 lui conseille Giulio Borghèse, fils cadet du prince Marcantonio et de Thérèse de la Rochefoucauld. Mais Alexandre impose une condition sine qua non : Giulio doit abandonner son patronyme prestigieux et le remplacer par celui de Torlonia. Après de multiples procédures, l'accord est enfin trouvé et, le 24 octobre 1872 a lieu le mariage.
Parmi les autres membres éminents de cette famille, on peut citer Léopold Torlonia qui fut maire de Rome de 1882 à 1887 et Alessandro Torlonia, 5e prince de Civitella Cesi (1911-1986), qui épouse l'infante Béatriz d'Espagne, fille du roi Alphonse XIII.

Charles Crozatier (1785-1855) est né au Puy-en-Velay le 18 février 1795 ; il est le fils naturel de Marie-Françoise Crozatier. Sa mère s'installe à Paris où elle fait venir son fils Charles à l'âge de huit ans. A treize ans, il entre en apprentissage chez le fameux orfèvre Jean-Baptiste-Claude Odiot où il apprend la ciselure, domaine dans lequel il excellera tout au long de sa carrière. A 18 ans, admis à l'Ecole des Beaux-Arts, il entre dans l'atelier du sculpteur Pierre Cartellier puis devient l'élève de Bosio. De 1818 à 1821, sur les conseils de sa mère, il suit une formation de fondeur chez Michel Bezin. Entre 1821 et 1823, il visite l'Italie où il réalise des moulages d'antiques et de détails de monuments. Il devient rapidement un des fondeurs et sculpteurs les plus en vue grâce à l'invention d'un procédé de fonderie pour la grande statuaire, ce qui lui apportera une immense fortune. A cette époque, le roi Louis XVIII souhaite relever les grandes statues disparues sous la révolution. Parmi ses fontes les plus connues, on peut relever la statue de Napoléon I au faîte de la colonne Vendôme, celle de Louis XIV par Cartellier jusqu'à peu dans la cour d'honneur du château de Versailles et le quadrige au sommet de l'arc de triomphe du Carrousel. Cette dernière réalisation vaudra au sculpteur Bosio le titre de baron et au fondeur Crozatier la Légion d'Honneur. Cette sculpture était destinée à remplacer les chevaux de Saint-Marc rendus à Venise. Son oeuvre la plus importante devait être une gigantesque statue de Louis XVI pour la place de la Concorde haute de 5,83 m. Cependant, l'opération de fonte échoua en partie car la statue sortit du moule devant les spectateurs... sans tête. A la fin de sa vie, sans enfants, Charles Crozatier lègue une grande partie de sa fortune à la ville du Puy, entre autre pour relever le musée municipal en fort mauvais état. En conséquence, le musée du Puy porte aujourd'hui son nom. Il meurt dans son hôtel parisien de la rue du Parc-Royal le 8 février 1855 et est enterré au cimetière du Père Lachaise.
Nous remercions vivement Gilles Grandjean, conservateur du musée Crozatier au Puy, pour sa précieuse aide concernant la vie de Charles Crozatier.