Lot 22
  • 22

Jean-Michel Basquiat

Estimate
700,000 - 900,000 EUR
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Description

  • Jean-Michel Basquiat
  • Sans titre
  • acrylique et crayon gras sur toile
  • 188 x 142,2 cm ; 74 x 59 in.
  • Exécuté vers 1983.

Provenance

Acquis directement auprès de l'artiste par le propriétaire actuel 

Condition

Colours: The illustration in the catalogue does not reflect the rich texture of the work and especially the transparencies in the white parts of the work. Condition: The canvas is not lined. Under UV light there is no evidence of any retouching. This work is in very good condition.
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Catalogue Note

acrylic and colored crayons on canvas. Executed circa 1983.  

Dès son plus jeune âge, Jean-Michel Basquiat a pris conscience de son enracinement dans plusieurs cultures. L'héritage portoricain et haïtien de ses parents lui a très tôt donné le désir d'exprimer dans son art les influences contradictoires de ses origines. Peint en 1983, en pleine maturité de son œuvre alors que Basquiat n'est âgé que de vingt-trois ans, ce tableau est peut-être l'un des plus beaux chefs d'œuvre autobiographiques que l'artiste ait réalisé. Basquiat y révèle avec lucidité les troubles d'identité qu'il ressentait en tant qu'artiste américain aux origines africaines travaillant à New York. Le sujet métaphorique de ce tableau peint la carte des origines de Jean-Michel Basquiat et de sa vaste personnalité.

Dans cette œuvre la solitude composant le personnage donne à penser que Jean-Michel Basquiat s'est représenté lui-même. Le visage partagé entre le noir et le brun révèle la complexité identitaire de l'artiste. L'Afrique, de laquelle Basquiat tire ses plus profondes origines et le métissage qu'il habite au quotidien. Cette dualité s'impose dans l'ensemble de la composition qui démontre avec clarté la frénésie de dépeindre le monde et de le dépasser.

Le rouge carnassier de l'habit du personnage submergeant son visage se perd dans une ligne vertigineuse, évidée par le blanc qui l'entoure. Ligne de fuite à la recherche de l'esprit, enroulant le système nerveux peint à l'intérieur du visage. Et s'il semble blessé, il rappelle aussi l'accident que Basquiat a eu lorsqu'il avait sept ans et le livre, Anatomy de Henry Gray, qu'il reçut de sa mère à cette occasion et dont il se servira ensuite toute sa vie, y tirant une profonde inspiration sur la représentation du corps dans ses tableaux.

Depuis le retranchement vibrant dans le microcosme névralgique de son visage, Basquiat transforme l'habit multicolore du personnage en une succession de drapeaux, dont les couleurs évoquent tour à tour Haïti, la République Dominicaine, les Etats-Unis d'Amérique et la France dont l'artiste parlait aussi la langue, en plus de l'anglais et de l'espagnol. Au-delà du tumulte familier régnant dans cette œuvre, l'artiste nous offre un travail troublant sur la matière. Alors que les couches de peinture se révèlent entre-elles, les brosses et les pinceaux utilisés par Basquiat marquent de leur empreinte sur la surface de la toile la spontanéité et l'urgence de se rappeler que l'individu solitaire, campé au centre du tableau, demeure le héros, seul contre tous.

Comme dans de nombreux chefs d'œuvre de Jean-Michel Basquiat, le sens de cette œuvre reste ambigu intentionnellement. Elle requiert de celui qui la regarde qu'il tire ses propres conclusions en déconstruisant la composition en un examen archéologique ou géopolitique. En combinant un style d'exécution urbain et un pouvoir d'expression immédiat, l'énergie de cette œuvre demeure aussi vivante aujourd'hui qu'au moment où elle a explosée au devant de la scène artistique new-yorkaise dans les années 1980.


Fig.1. Planche anatomique de Gray. - © D.R.

Fig. 2. J-M Basquiat, Mater, 1982. - © D.R.

Fig. 3. J-M Basquiat, Pater, 1982. - © D.R.

Fig. 4. Drapeaux d'Haïti, de la République Dominicaine, des Etats-Unis d'Amérique et la France (de gauche à droite).