Lot 50
  • 50

Manuscrit autographe signé de sa préface pour Manon Lescaut, de l'abbé Prévost. [1875].

Estimate
4,000 - 6,000 EUR
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Description

  • Dumas fils, Alexandre
  • Manuscrit autographe signé de sa préface pour Manon Lescaut, de l'abbé Prévost. [1875].
37 pages in-4 rédigées à l'encre noire (sur 37 ff.). Numérotées dans l'angle supérieur droit, de 1 à 37. Signé à la fin A. Dumas f.
L'ensemble est protégé par une chemise légèrement postérieure, demi-chagrin noir, titre en long au dos, étui. Charnières frottées.
Très minimes déchirures sans manque dans les marges des deux premiers feuillets. Minime salissure dans la marge supérieure du dernier feuillet.

Provenance

Colonel Daniel Sickles (28 et 29 novembre 1989, n° 320).

Condition

Charnières frottées.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

Impressionnant manuscrit de premier jet, portant de très nombreuses ratures et corrections, néanmoins très lisible. Rédigé à l'intention de ses éditeurs, il porte en tête cette mention : « à Messieurs les éditeurs ».
Cette préface sous forme de lettre aux éditeurs sera publiée dans l'édition de luxe de Manon Lescaut illustrée par Leopold Flameng chez Gladys Frères en 1875. Elle y occupe les 49 premières pages.

Alexandre Dumas fils fut peu admiré de ses contemporains, lesquels lui reconnaissent néanmoins pour la plupart le mérite d'avoir créé un chef d'oeuvre, sa Dame aux Camélias. « [Elle] sera la Dame de notre siècle, comme Manon celle d'un autre... » répondit Henry Bataille à l'enquête de Rémy de Gourmont pour le Mercure de France (janvier-mars 1896) après la mort de Dumas fils.
Aujourd'hui, les préfaces de Dumas fils sont considérées comme le meilleur de sa production critique, « des modèles de style direct, de claire démonstration sur des sujets éternellement discutables où il n'eut que le tort de prendre parti sans réserve » (Hector Talvart).

"Messieurs, vous pensez qu'il peut être intéressant pour le public de connaitre l'opinion de l'auteur de la Dame aux Camélias sur Manon Lescaut et vous me demandez de joindre une préface (...). En attendant que je vous dise mon opinion sur ce livre, permettez-moi de vous dire mon avis sur ces sortes de préfaces : je les crois inutiles." "Sur Manon Lescaut, que peut-il bien rester à dire ? ". Pour Dumas fils, le chef d'oeuvre de Prevost se place au sommet du roman d'amour, et il est tout à fait distinct du roman plus vaste dont il ne formait au départ qu'un épisode : "Ce livre forme et ferme dans le roman, avec Paul et Virginie et Werther, le triangle du roman de l'amour : amour de l'âme, amour de la tête, amour des sens (...) certainement lorsque l'abbé Prevost a écrit ce petit livre, peut-être en quelques jours, il ne se doutait pas qu'il faisait un chef-d'oeuvre."
On peut bien sûr lire dans ces dernières lignes une sorte d'apologie de la littérature selon Dumas fils lui-même, un plaidoyer pour ce réalisme des moeurs qu'il n'a cessé d'appeler dans son oeuvre personnelle. Ainsi plaide-t-il pour lui-même quand il écrit : "Il n'y a de livres malsains que les livres mal faits. Un chef-d'oeuvre n'est jamais dangereux et il est toujours utile. Le tout c'est de savoir le lire."