Lot 34
  • 34

Avant-propos [à La Henriade de Voltaire]. Manuscrit autographe. [Mai 1739].

Estimate
12,000 - 18,000 EUR
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Description

  • [Voltaire]--Frédéric II
  • Avant-propos [à La Henriade de Voltaire].Manuscrit autographe.[Mai 1739].
2 p. in-8.
Ratures, corrections et ajouts, quelques trainées d'encre. Une petite brûlure avec atteinte à un mot. Marges renforcées sur tout le pourtour. Une note postérieure au crayon, en anglais au bas du verso.

Literature

Voltaire, Oeuvres. Genève, les frères Cramer, 1756—Frédéric II, Oeuvres, Berlin, Decker, 1846--Bengesco, I, n° 179—Correspondance de Voltaire, La Pléiade (éd. Bestermann), tome II.

Condition

Ratures, corrections et ajouts, quelques trainées d'encre. Une petite brûlure avec attainte à un mot. Marges renforcées sur tout le pourtour. Une note postérieure au crayon, en anglais au bas du verso.
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Catalogue Note

Au printemps 1739, Voltaire décide de dédier les éditions à venir de La Henriade à Frédéric, alors encore prince royal de Prusse: « J'ose dédier La Henriade à un esprit supérieur » (Voltaire à Frédéric, Cirey, 25 avril 1739). En septembre, il écrit : « Votre Altesse Royale m'aime et je suis bien loin d'être à plaindre. Elle daigne faire graver La Henriade » : il s'agit de l'édition de La Henriade qu'envisage de publier Frédéric, avec son propre avant-propos, illustrée par Pine pour les tailles-douces, Knobelsdorff pour les vignettes («La postérité m'aura l'obligation de La Henriade gravée» écrira-t-il fièrement), et pour laquelle il avait prévu de faire venir d'Angleterre « la plus belle imprimerie à caractères d'argent qu'on pût trouver » (Frédéric à Voltaire, 16 et 18 mai 1740). Voltaire à Cideville, le 5 mai [juin] 1740 : « Le prince royal de Prusse, à qui son ogre de père permettait à peine de lire, n'attend pas que ce père soit mort pour oser faire imprimer La Henriade. Il a fait fondre en Angleterre des caractères d'argent, et il compte établir dans sa capitale une imprimerie aussi belle que celle du Louvre. Est-ce que ce premier pas d'un roi philosophe ne vous enchante pas ? ».

Projet de l'avant-propos, version inédite, originale, et avant toute correction, que l'on peut dater du mois de mai 1739. Ce précieux feuillet constitue l'embryon de l'avant-propos de Frédéric. Il débute par son titre, Avant-propos, et ces mots : "Le Poème de La Henriade est connu de toute L'Europe. Les editions multipliées qui s'en sont faites l'ont répandu chez toutes Les Nations qui ont des Livres, et qui sont assez policées pour avoir quelque gout pour les lettres. Et se termine ainsi : Non content de faire imprimer ses Ouvrages et pour lui donner une marque d'estime plus Distinguée on a fait graver ce poeme qui Passant dans les mains de la postérité eternisera Le Génie de Monsieur de Voltaire et Notre reconnaissance."
Le prince précise à la ligne 22 : « Monsieur de Voltaire vient de m'envoyer les Dernieres Corrections et Les Aditions qu'il a faits à la Henriade ». Cette phrase nous permet de dater au plus près la rédaction de l'avant-propos après le 25 avril, date à laquelle Voltaire lui annonce l'envoi des corrections, et avant le 30 mai, date à laquelle Voltaire accuse réception «d'un avertissement [à la Henriade] de sa main». Il en mentionne la référence à Virgile, et se réfère donc à la version développée de l'avant-propos dans laquelle Frédéric complimente Voltaire d'un parallèle avec Virgile.

Cet avant-propos, rédigé durant l'été 1739, est un texte élaboré, de plus de 10 pages, une analyse du style de Voltaire, de ses sources, et de son mérite, un long développement de cette version de tout premier jet en 2 pages. En 1746, Marmontel en donne deux fragments ; ils proviennent de la version développée.
L'édition ne sera pas gravée, et l'avant-propos ne paraîtra que 17 ans plus tard, dans le tome I de la Collection complète des Œuvres de M. de Voltaire. Première édition. S.l. (Genève, les frères Cramer), 1756, «composé par un des plus augustes et respectables protecteurs que les lettres aient eus dans ce siècle, et dont on n'avait vu qu'un fragment cité dans la préface de M. de Marmontel». Il paraîtra aussi dans les Œuvres posthumes de Frédéric II, en 1846 (tome VIII, p. 57, sous le titre d'Avant-propos sur La Henriade de M. de Voltaire), où il porte pour la première fois mention de la date du 10 août 1739. Le Prince était alors à Trakehnen, aux haras de Prusse.

En 1741, Voltaire décide de supprimer les vers de dédicace à Frédéric, qui de tolérant est devenu conquérant. : "Les vers qui concernent le roi de Prusse ne sont plus convenables" écrit-il à Thieriot. Ainsi est oublié aussi l'avant-propos ; il restera ignoré jusqu'en 1746 lorsque Marmontel en livre deux fragments. Le texte sera par la suite corrigé et modifié plusieurs fois avant sa parution en 1756, modifié par Voltaire d'abord, puis par les éditeurs des oeuvres posthumes de Frédéric, et enfin par Beuchot.