Lot 22
  • 22

[Plaidoirie concernant la défense du comte de Maulde]. manuscrits autographes. [Octobre 1787 - février 1788].

Estimate
25,000 - 30,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • Robespierre, Maximilien de
  • [Plaidoirie concernant la défense du comte de Maulde]. manuscrits autographes.[Octobre 1787 - février 1788].
9 p. in-folio, avec plusieurs corrections, donnant le texte des plaidoiries prononcées par Robespierre à la cour d'Arras le 25 octobre 1787 (2 p. in-folio), le 10 décembre 1788 (4 p. in-folio) et le 9 février 1788 (3 p. in-folio).
on joint : les honoraires autographes de Robespierre (1 p. in-12), de sa main, pour les trois séances. Robespierre a indiqué les dates et la durée de ses interventions : 3 heures le 25 octobre, 6 heures et demi le 10 décembre et 6 heures le 9 février.



L'affaire opposa le comte de Maulde, défendu par Robespierre, à Jean-Baptiste Watelier. Le comte de Maulde accusait Watelier de venir chasser sans autorisation sur ses terres, du marquisat de la Buissière, près de Douai. "Le sieur Watelier s'avise depuis quelque tems de faire des incursions continuelles dans tout le territoire de la seigneurie du suppliant et de la parcourir en chassant, meme avec compagnie, comme s'il en etoit le maitre absolu".
Watelier prétendait "avoir eu le droit de chasser sur la terre de la Buissière parce qu'il aurait une seigneurie vicomtiere qui s'etendroit dans ce territoire".
Cet argument va concentrer toutes les attaques de Robespierre contre la position de Watelier : "en effet il doit connoitre les reglemens qui defendent a ceux qui ont des seigneuries particulières dans l'etendue d'un territoire de chasser, toutes les fois que celle du seigneur principal, tant en domaine qu'en mouvance, excede d'un tiers tout ce qui depend de ces seigneuries reunies (...) Il est notoire que la seigneurie du suppliant s'etend non seulement sur les deux tiers mais sur la presque totalité du territoire de la buissiere".
Watelier s'efforcera de prouver que le comte de Maulde ne possède pas les deux tiers du territoire, ce qui motiva une troisième et ultime intervention de Robespierre :
" (...) Au reste toute cette enumération que le S. Watelier a faite à sa manière des differentes seigneuries qu'il pretend exister dans ce lieu est pleine d'inexactitude et de fictions. Il crée partout des mouvances ou des domaines à son gré, ou etend arbitrairement celles qui peuvent exister (...)" Robespierre et son client ont renoncé à demander des "dénombremens" à la cour d'Arras, procédure longue et coûteuse : le suppliant "croit devoir epargner cette peine a lui meme et cette depense a son adversaire ; parce que cette preuve est déjà faite. Elle existe dans les principes et dans les dispositions des lois qui veulent que tout ce qui n'est point prouvé appartenir à un autre que le Seigneur principal soit présumé appartenir à ce dernier".   

Catalogue Note

les documents autographes de la période pré-révolutionnaire sont de toute rareté.
Le métier d'avocat (1782-1789) apprit à Maximilien de Robespierre à devenir l'orateur inlassable, méticuleux et inflexible qui allait s'imposer, dix ans plus tard, à la tête de la France révolutionnaire.
Après de brillantes études à Paris, Robespierre s'en retourne dans sa ville natale où il devient avocat et intègre le barreau d'Arras. Le 8 novembre 1781, il prête serment devant la Cour. Il traite ses 17 premières affaires en 1782. Il n'a pas encore 24 ans. En 1783, il traite 18 affaires dont la célèbre "affaire du Paratonnerre" qui le voit défendre les idées des Lumières qui lui sont chères. C'est un jeune homme brillant, bien intégré à la bonne société provinciale de son temps. Il entre à l'Académie des Belles Lettres d'Arras dont il sera élu directeur le 24 février 1786. Survient alors l'affaire Deteuf, où il défend un homme injustement accusé par la toute puissante abbaye d'Anchin. Robespierre se jette corps et âme dans la bataille où il fustige les abus de l'Eglise et de ses servants. Cette attaque frontale des institutions au nom de la justice et de la défense des humbles entraîne une nette diminution des affaires qu'il a à traiter. Robespierre apparaît déjà comme le défenseur des plus humbles : il est choisi par la corporation la plus pauvre d'Arras, celle des savetiers mineurs, afin de les aider à rédiger leur cahier de doléances. Le 26 avril 1789, il est élu député du Tiers Etat d'Artois aux Etats Généraux du royaume convoqués à Versailles pour le 5 mai suivant.