Rare statue Janus, Téké , République Populaire du Congo

dite mpwau, les deux personnages masculins adossés – jambes fléchies réunies deux à deux, buste et cou communs, têtes se fondant l'une dans l'autre – dominée par une imposante coiffure en croissant sagittal dont les pointes, projetées en surplomb des visages, s'étirent jusqu'au nez. Très belle rigueur de la construction géométrique, chaque vue offrant une composition symétrique jouant sur les courbes tendues et les droites courtes, les formes rondes et anguleuses. Des deux côtés, le buste est percé d'une cavité destinée à recevoir les charges rituelles. Patine brun rouge, rehaussée de brun sur la coiffe, les traits et les pieds.

Collectée par John Södergren, vraisemblablement dans les années 1920-1930
Transmise par descendance à Siefried et Nina Södergren

Reproduite dans :
Griesser, Södergren-collection african art, the rediscovery of a swedish missionary family collection, 2008 : 41-43

Wear consistent with age and use within the culture. Stable crack on the body, and along one side of the Janus head, The ends of three moustaches are broken, missing. A loss to one side of the feet.
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cf. Lehuard (1996 : 299, n° 34.1.1 et 34.1.2) pour deux statues Janus très étroitement apparentées, collectées par Robert Lehuard à la fin des années  1920, à proximité de Brazzaville. Celle-ci se distingue par sa double représentation masculine, et sa plus grande dimension. Toutes trois peuvent être attribuées au même atelier, voire très probablement à un même artiste, ayant œuvré autour de Brazzaville au début du XX^esiècle.

Si la signification exacte de ces grandes statues Janus demeure incertaine, elles sont sans aucun doute liées à la personne du chef. Les statues comparables collectées par Robert Lehuard (cf. supra) faisaient partie d'un groupe de cinq, chacune trouvée chez des chefs de village.  Par ailleurs, la coiffure à haut cimier médian, portée par les chefs et notables de haut rang, permet d'identifier la haute position socio-politique occupée par l'ancêtre représenté.

 Selon Lema Gwete (in Tervuren, 1995 : 300), le caractère Janus – que l'on retrouve également sur certains insignes d'autorité Téké, tels que les chasse-mouches - évoquerait « le pouvoir de voir devant et derrière soi, c'est-à-dire la possibilité de se situer dans une zone transitionnelle où l'on peut se mouvoir dans le monde des vivants et celui des morts ».