Lot 4
  • 4

Exceptionnel masque-heaume Janus, Dyula ou Sénufo, Côte d'Ivoire

Estimate
200,000 - 300,000 EUR
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Description

  • Exceptionnel masque-heaume Janus, Dyula ou Sénufo, Côte d'Ivoire
  • haut. 38 cm
  • 15 in
do muso « femme du do », présentant à l'avant comme à l'arrière un large visage humain aux traits stylisés, reliés dans la partie supérieure par un casque en forme de dôme, les côtés découpés en une profonde échancrure. Les visages piriformes sont dominés par un ample front bombé s'achevant dans le dessin des arcades sourcilières arquées, les paupières supérieures en léger retrait délimitant la fente ajourée des yeux étirés. A la rigueur géométrique des traits répond le très bel équilibre formel, renforcé par les attributs projetés en haut relief : cornes puissamment déployées soulignant la courbe de la ligne frontale, appendices latéraux s'étirant à la verticale jusqu'à l'aplomb du visage et petites oreilles sur les côtés du visage principal. Superbe patine brune, nuancée, profonde.

Provenance

Collection M. Henau, Anvers
Alain Brandt, New York


Condition

Good condition overall. Wear consistent with age and use within the culture. An old narrow crack, stable, running laterally between the faces from rim to just beyond centre of crown (approximately 32cm). Some old losses to rims of both faces. All lower elements of vertical projecting elements (chins, pendant flanges each side of face) slightly rubbed on the underside. Face with ears/side flanges: Small old loss to tip of proper right lateral flange. Proper right horn reattached (?) near base. 2cm wide loss to rim at chin, leading to an old termite tunnel (approximately 1cm long). Face without ears/side flanges: Proper left horn reattached (?) near base.
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Catalogue Note

Si les puissants masques-heaumes Janus à têtes d'animaux sont relativement répandus dans le corpus des masques Sénufo, très rares sont les masques de la région présentant, comme ici, deux visages humains. A notre connaissance, le seul autre exemplaire du type conservé dans une collection occidentale est celui du Philadelphia Museum of Art (Wardwell, 1986 : 51). Leur interprétation, à la fois historique et cultuelle, demeure complexe. 

Selon Till Förster (communication personnelle, juillet 2007), « les masques-heaumes Janus présentant comme ici deux visages humains relèvent, dans le Nord de la Côte d'Ivoire, d'un type stylistique extrêmement rare. Ils appartiennent généralement aux Dyula et proviennent soit de la région de Kong, soit de petits groupements Dyula établis le long de l'ancienne route commerciale reliant le fleuve Niger aux gisements d'or Akan, dans l'actuel Ghana (cf. Förtser, introduction). L'utilisation de ce type de masques a été décrite au début des années 1920 par Maurice Prouteaux - premier occidental à avoir étudié les coutumes de la ville de Kong après sa destruction par Samori Touré, en 1897. En 1925, Prouteaux publiait une photographie montrant, lors d'une fête Islamique, deux masques et une jeune-fille. Il écrit : « certains de ces masques sont laissés noirs mais d'autres sont peints en bleu pâle avec des traits roses et blancs ». Le masque de gauche possède deux paires de cornes pointant vers le ciel. Selon toute vraisemblance, il est également Janus, le visage non visible situé à l'arrière du danseur. Il était apparemment peint en blanc, ce qui aujourd'hui encore constitue le signe distinctif des masques do muso, « la femme du do ».
La domination politique du royaume de Kong aux XVIIIe et XIXe siècles se reflète parfaitement dans les liens rituels rapprochant les masques des Dyula de ceux des groupes voisins. Ainsi, les Dyula de Kong affirment que leurs masques - en particulier le konali - sont les « pères » de ceux des Djimini (cf. lot n° 10) et des Dabakala, plus au Sud, et des Sénufo de Korhogo et de Katiola. Ces deux régions Sénufo furent plus ou moins dominées par le royaume de Kong jusqu'à la fin du XIXe siècle. Ainsi, de manière très significative, le do des Dyula est l'équivalent de la société mieux connue du  poro, chez les Sénufo. En tant que société secrète, elle est également responsable des mêmes rituels : le masque do muso, tout comme le kpelie chez les artisans Sénufo, danse à l'occasion d'enterrements et de funérailles.
Iconographiquement, le masque-heaume Janus de la collection Brian et Diane Leyden se distingue par ses deux cornes de bélier pointant vers le bas, spécifiques à la région nord de Kong et aux masques kodali des Sénufo du centre-nord - en particulier aux masques en métal des forgerons fonombele. Ainsi, plus encore que son aspect général, cet élément iconographique révèle ici les liens historiques étroits existant entre les traditions masquées Dyula et les masques des artisans Sénufo, dont les masques faciaux connus sous le terme de kpelie ont été selon toute évidence inspirés, voire directement empruntés au do muso des Dyula.
Ce masque-heaume constitue un très rare et bel exemple des masques Janus de la région de Kong. Il s'agit probablement d'un masque Dyula provenant de la partie septentrionale de l'ancien royaume de Kong où, selon les informations que nous possédons, les masques de ce type faisaient partie des rituels mortuaires. Sa signification symbolique était liée aux circonstances de son utilisation et à l'affiliation religieuse et rituelle de ses spectateurs". 

A la très grande rareté du masque Janus de la collection Brian et Diane Leyden s'ajoute sa superbe monumentalité. Celle-ci repose à la fois sur ses dimensions et sur la rigueur de ses lignes, accentuant la tension engendrée par l'association des courbes puissantes et des droites étirées caractéristiques de son style. Sa grande ancienneté et son usage prolongé sont attestés par la profonde patine d'usage, et de portage sur la face interne.

AN EXCEPTIONAL DYULA OR SENUFO JANUS HELMET MASK, CÔTE D'IVOIRE

This do muso mask, meaning "wife of the do", portrays a large human face with stylised features on the front and back, linked at the top by a helmet in the form of a dome, with the sides carved in a deep indentation.  The pear-shaped faces are dominated by a wide, convex forehead curving down to the arched eyebrows, and the upper eyelids are slightly set back to delimit the slits of the stretched eyes.  The geometric rigour of the facial features is enhanced by superb formal balance, reinforced by the attributes protruding in high relief: powerful horns emphasising the frontal line, lateral appendages stretching vertically down to the bottom of the face, and small ears on the sides of the main face.  The superb patina is a deep and subtle brown.

Although powerful double helmet masks of animal heads are relatively widespread among the corpus of Senufo masks, for example, the well-known kpelie masks, very few masks representing two human faces are known from this region.  To our knowledge, the only other mask of this type belonging to a Western collection is in the Philadelphia Museum of Art (Wardwell, 1986: 51).  In consequence, an interpretation of their historical and cultural importance is complex.

According to Till Förster (personal communication, July 2007), "the double-faced helmet masks, portraying two human faces, as in this example, are an extremely rare stylistic category in northern Côte d'Ivoire.  Most of them belong to the Dyula and come either from the region of Kong or from small Dyula groups settled along the old trade route connecting the Niger River to the Akan gold fields, in what is now Ghana (cf. Introduction).  The use of these masks was described in the early 1920s by Maurice Prouteaux - the first Westerner to have studied the customs of the town of Kong after it was destroyed by Samori Touré in 1897.  In 1925, Prouteaux published a photograph of two double face masks and a young girl on the occasion of an Islamic festival.  He wrote: "Some of these masks are left black while others are painted in pale blue with pink and white lines."  The mask on the left has two pairs of horns pointing to the sky. It is very likely that it also had two faces, one of them being invisible at the back of the dancer.  It was apparently painted white, which even today is considered as being a distinctive sign of do muso masks, "the woman of the do society". 

The political domination of the kingdom of Kong in the 18th and 19th centuries is clearly reflected in the ritual links between the masks of the Dyula and those of neighbouring groups.  The Dyula of Kong, in fact, claim that their masks, especially the komali - are the "fathers" of their counterparts among the Djimini and the Dabakala  (cf. lot n° 10) further south, and among the Senufo of Korhogo and Katiola.  These two Senufo regions were more or less dominated by the kingdom of Kong until the end of the 19th century.   The do of the Dyula is, significantly, the equivalent of the better known society of the poro among the Senufo.  As a secret society, it is also responsible for similar rites.  The do muso mask, like the kpelie of the Senufo artisans, is worn for the dances performed on the occasion of burials and funerals. 

In terms of iconography, the double-faced helmet mask from the Brian and Diane Leyden collection is distinguished by its two ram horns pointing downwards, a specific feature of the region north of Kong and the kodali masks of the north-central Senufo, especially the metal masks of the fonombele smiths.  Thus, even more than the overall form, this iconographic detail points to the close historic ties existing between the mask traditions of the Dyula and those of the Senufo artisans, whose facial masks, known as kpelie, were clearly influenced by the do muso of the Dyula, if  not borrowed directly from them.  

The Leyden helmet mask is a fine and very rare example of the double-faced masks of the region of Kong.  It is probably a Dyula mask from the northern part of the ancient kingdom of Kong where, according to information in our possession, masks of this type were used for funerary rites.  Its symbolic meaning depended on the circumstances of its use, as well as the religious and ritual affiliation of its spectators." 

In addition to the extreme rarity of the double mask from the Brian and Diana Leyden collection, it is monumental.  This is due not only to its size but also its rigorous lines, accentuating the tension generated by the combination of powerful curves and straight lines that are typical of its style.  The deep patina on the inner face, resulting from the mask being worn frequently, indicates its old age and prolonged use.