Lot 52
  • 52

Important masque d'épaules , Baga, Guinée

Estimate
250,000 - 350,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Baga
  • Important masque d'épaules
  • haut. 104 cm
  • 41 in
nimba, la tête majestueuse émergeant du buste porté par quatre pieds. Superbe opposition entre l'étroitesse de la face sculptée et l'ampleur de la tête vue de profil, animée par la succession des courbes tendues dessinant la petite bouche tubulaire, le grand nez aquilin, la nervure frontale dédoublée puis la crête sagittale s'étirant jusqu'au bouton cylindrique ornant la nuque. Chaque côté est orné d'un réseau de bandes quadrillées, amenant à la coiffe striée de tresses, et aux oreilles projetées en très haut relief. La poitrine, sculptée en plastron, offre un décor similaire, dont la géométrie est également soulignée par les rangées de têtes de clous en cuivre. Entre les deux seins est percé le trou de vision destiné au porteur. Belle patine nuancée, brune à l'arrière, brun rouge et profonde sur le visage et les seins.

Provenance

Collecté par un administrateur colonial avant 1950
Galerie Le Corneur-Roudillon, Paris, 1955

Catalogue Note

Les anciens masques d'épaules nimba, ou d'mba, sont rares. Le premier document relatant leur existance est un dessin de Pranishnikoff daté de 1886, illustrant une dance d'mba dans le village de Tshalbonto, en pays Baga Sitemu (in Coffinières de Nordeck, 1886). Leurs apparitions ont cessé dans les années 1950 (malgré quelques résurgences isolées à l'heure actuelle), sous l'interdiction des cérémonies ancestrales par le gouvernement de Sekou Touré, et la destruction des instruments dédiés à ce culte.

On dénombre aujourd'hui seulement une quinzaine de ces masques spectaculaires collectés avant 1950, la plupart conservés dans des institutions muséales, dont en particulier celui exposé au musée du Louvre, Pavillon des Sessions, collecté par Henri Labouret en 1932 (R.M.N., 2000 : 71), celui du musée Barbier-Mueller, acquis d'Emile Storrer vers 1950 (Butor et Boyer, 2005 : n° 20), celui conservé au musée du quai Branly, collecté en 1931 (Lamp, 1996 : 162) et enfin celui du musée d'Histoire Naturelle de Toulouse, aux larges oreilles polychromes, collecté par Henri Labouret avant 1937.

La grande proximité - à la fois formelle et stylistique - au sein de ce corpus restreint s'explique par l'utilisation limitée de ces masques à la région centre-nord du pays Baga, chez les Baga Sitemu et leurs voisins Pukur et Bulunits. Selon Marie-Yvonne Curtis (in R.M.N., 2000 : 70-72), leur morphologie est celle d'une femme nourricière dont les traits évoquent ceux de l'oiseau calao, symbole de fertilité et de croissance. "Apanage des anciens, le masque nimba figure un esprit qui a pour fonction essentielle d'assurer croissance, fertilité et fécondité. Il représente une seule et même force qui fait prospérer les hommes, les plantes et les animaux. Il apparaît aux moments cruciaux du cycle agraire (semailles, repiquage et moissons), protège les femmes enceintes et lutte contre la stérilité, assiste aux mariages, guide les défunts vers le monde des ancêtres, assurant ainsi la protection de la communauté tout entière" (idem).

Devenu l'un des symboles du patrimoine artistique et culturel guinéen, il constitue aussi, depuis le début du XXe siècle, l'une des œuvres les plus emblématiques de l'art africain.

An important Nimba shoulder mask, Guinea

Old nimba, or imba, masks are rare.  The first document describing their existence is an engraving by Pranishnikoff dated 1886, illustrating an d'mba dance in the village of Tshalbonto, in the land of the Baga Sitemu.  They disappeared in the 1950s after the government of Sekou Touré banned ancestral ceremonies and destroyed the instruments dedicated to this cult.

Today, only about fifteen of these spectacular masks, collected before 1950, have been identified. Notable examples are on display in the Pavillon des Sessions at the Louvre, collected by Henri Labouret in 1932 (R.M.N., 2000: 71); the Barbier-Mueller Museum, acquired by Emile Storrer around 1950 (Butor and Boyer, 2005: n° 20); another in the Quai Branly Museum, collected in 1931 (Lamp, 1996: 162).

The close similarity, both formal and stylistic, within this small corpus can be explained by the fact that these masks were only used in the centre-north of the Baga region, among the Baga Sitemu and their neighbours, the Pukur and Bulunits.  According to Marie-Yvonne Curtis (in R.M.N., 2000: 70-72), their morphology is that of a nursing mother with features evoking those of a hornbill, a bird symbolising fertility and growth.  “A privilege of the elders, the nimba mask portrays a spirit whose main function is to ensure growth, fertility and fecundity.  It represents the one and only force that enables humans, plants and animals to prosper.  It appears at crucial moments in the agrarian cycle (sowing, transplanting and harvesting), protects pregnant women and prevents sterility, takes part in weddings, and guides the dead to the world of ancestors, thus ensuring protection for the entire community” (idem).