Lot 258
  • 258

Très importante figure à crochets, XVIIe siècle, groupe Yimam, rivière Korewori, Moyen Sépik, Papouasie Nouvelle-Guinée

Estimate
300,000 - 400,000 EUR
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Description

  • Très importante figure à crochets, XVIIe siècle, groupe Yimam, rivière Korewori, Moyen Sépik
  • haut. 182 cm
  • 71 1/2 in
Ce grand Yipwon représente un personnage debout dont le corps, hautement stylisé, est sculpté pour être vu de profil. La tête reprend le schéma classique des visages de la statuaire anthropomorphe du Sépik : front sculpté en visière, surplombant un nez aux larges narines percées, bouche entrouverte, menton se terminant par un appendice pointu. Le corps est réduit à sa plus simple expression : un seul bras tient le menton, une série de crochets symétriquement disposés, figurant la cage thoracique, enserre une protubérance symbolisant le cœur, le tout reposant sur une jambe unique. Très bel équilibre des lignes. Superbe patine d'usage, la surface ravinée par le temps et la veinure du bois apparente.

Provenance

Collectée' sur le terrain par le Dr. George Kennedy, géologue, vers 1958
Ancienne collection George Kennedy, Los Angeles
Acquise de Bernard de Grunne, Bruxelles

 

Literature

Exposée et reproduite dans :
UCLA, Los Angeles, Art of New Guinea, Sepik, Maprik and Highlands, novembre-décembre 1967, fig.122
Dallas Museum of Fine Arts, Arts of Oceania, 10 octobre-29 novembre 1970, fig.63
Wardwell, The Art of the Sepik River, 1971: fig.197, catalogue de l'exposition, The Art Institute of Chicago, 16 octobre-28 novembre 1971

Reproduite dans :
Records of the Papua and New Guinea Museum, vol.1, n° 2, 1971(couverture)
Stöhr, Kunst und Kultur aus der Südsee : 48, fig.41, 1987 (dessin d'après Wardwell, 1971)

Catalogue Note

Les figures Yipwon sont caractéristiques des populations Yimam et Alamblak vivant dans la région des rivières Korewori et Blackwater. Elles représentaient des esprits-gardiens qui aidaient au succès des expéditions guerrières et de chasses. D'après Meyer (1995 : 235), il existe des Yipwon de différentes dimensions, les plus petits, hauts de quelques centimètres, servaient de charme de guerre et représentaient l’esprit gardien personnel de chaque chasseur-guerrier. Les figures de taille intermédiaire, mesurant de 40 cm à 1m 50 de haut, étaient parfois emportées au cours des expéditions en tant que charme de guerre, dans l’espoir que l’esprit du Yipwon agisse sur l’ennemi ; enfin, les Yipwon de grande taille, plus rares, comme ici, propriété de chaque clan, étaient conservés dans les maisons cérémonielles des hommes et pouvaient être utilisés comme réceptacle d’offrandes ou servaient parfois de porte-crânes.

Le grand Yipwon de la collection Andreas et Kathrin Lindner fait partie des plus anciennement collectés et des premiers à avoir été exposés au public, en 1967. La datation au Carbone 14 effectuée sur cette statue par le laboratoire Antiques Analytics (Eppstein, Allemagne), avance une date remontant au XVIe-XVIIe siècle, ce qui en ferait également l'un des plus anciens. Son aspect brut ainsi que son état de conservation est dû en particulier au mode de conservation de ces objets - certains étaient entreposés dans des abris sous roches - mais aussi au choix du bois employé, souvent dur et dense.

Avec leur forme très caractéristique, les Yipwon font partie des chefs-d’œuvre de l’art du Sépik. Plusieurs artistes du XXe siècle, comme Giacometti, ont été séduits par la verticalité de ces grandes sculptures-squelettes, « bi-dimensionnelles », d’une grande force visuelle et d’une étonnante modernité. Un autre grand exemplaire de la collection Jolika (haut. 2m15), qui appartenait à l’artiste Roberto Matta, figura notamment dans l’exposition Arts primitifs dans les ateliers d’artistes au Musée de l’Homme, à Paris, en 1967 (Friede, 2005 : 125, n°266).

A very important Yimam hook figure, 17th century, Korewori River, Middle Sepik River, Papua New Guinea

Yipwon figures were carved amongst the Yimam and Alamblak peoples living in the region of the Korewori and Blackwater rivers. They represent guardian spirits who contributed to the success of war and hunting expeditions. According to Meyer (1995: 235), there are Yipwon of different sizes; the smallest, only a few centimetres high, were used as war charms and represented the personal guardian spirit of each hunter-warrior.  The figures of medium size, measuring from 40 cm to 1 50 cm high, were sometimes taken on expeditions as war charms, in the hope that the spirit of the Yipwon would have an effect on the enemy; these were kept in the men’s ceremonial houses and could be used as a receptacle for offerings, and sometimes even served as skull racks.  

The largeYipwon from the Lindner Collection is one of the first hook figures of the Upper Korewori to be brought back by collectors. A Carbon-14 test dates it to the 16th-17th century.  The rough surface and its condition is due mainly to the way these objects were kept – some of them were deposited in shelters under rocks.   

Thanks to their elegant shapes, the Yipwon are among the masterpieces in Sepik art.  Many 20th century artists, including Giacometti, were attracted by the verticality of these large “bi-dimensional” skeleton sculptures, with their impressive visual power and astonishing modernity.  Another large-scale example from the Jolika Collection (height 2m15), once belonged to the artist Roberto Matta, and was displayed in the 1964 Paris exhibition Arts primitifs dans les ateliers d’artistes at the Musée de l’Homme, (Friede, 2005: 125, n°266).