Lot 240
  • 240

Très ancienne et belle statue, Dogon Djennenké, Mali

Estimate
150,000 - 250,000 EUR
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Description

  • Très ancienne et belle statue, Dogon Djennenké
  • haut. 59 cm
  • 23 1/4 in
L'homme est représenté debout sur des jambes semi-fléchies, les bras collés le long du corps, les mains s'étirant jusqu'aux genoux, dans une pose asymétrique. La puissance de la représentation repose sur l'opposition entre le relatif naturalisme dans le traitement du corps, et la distorsion des bras; pieds et tête surdimentionnés. Elle est accentuée par les traits schématiques du visage - yeux globuleux, bouche et barbe sommairement sculptés. Vêtu d'une jupe au rendu détaillé à l'arrière, il porte sur les tempes les scarifications en motifs quadrillés propres aux statues Djennenké, et une coiffure en chignon ramenant les cheveux enserrés de rubans à l'arrière de la tête. Exceptionnelle patine huileuse, sombre.

Provenance

Galerie Leloup, Paris
Ancienne collection particulière, Allemagne
Adrian Schlag, Cologne

Catalogue Note

Dans la magistrale étude qu'elle a consacrée à la statuaire Dogon, Hélène Leloup, s'appuyant à la fois sur les publications des premiers informateurs (en particulier Desplagnes) et sur ses observations in situ, a divisé les sculptures Dogon en deux grandes écoles. La première, issue des migrations du Nord, est toujours installée dans l'Ouest et le Nord du Plateau de Bandiagara. La seconde, provenant de la migration Mandé, est arrivée dans le Sud pour investir ensuite la presque totalité du Plateau.

Le Nord-Ouest constitue le domaine du style dit  "Djennenké", dont les populations se réclament toutes de l'ancien empire du Wagadou, situé en Mauritanie, aussi appelé "Ghana". Après la destruction de l'Empire du Ghana, les populations migrèrent pour s'installer, en vagues successives, notamment à Djenné. L'art dit "Djennenké" s'est ainsi développé au Nord-Ouest du Plateau de Bandiagara, entre les XIe et XVe siècle, date de la conquête Songhaï et de l'islamisation des populations (Leloup, 1994 : 119-136).
La datation effectuée au Carbone 14 par le laboratoire Antiques Analytics (n°AA 07-20111, Eppstein, Allemagne) sur la statue Djennenké de la collection Andreas et Kathrin Lindner, a établi une ancienneté qui remonterait au XIIe siècle, concordant avec les données à la fois historiques, stylistiques et scientifiques avancées par Hélène Leloup.

Les statues Djennenké se caractérisent en particulier par les scarifications en motifs quadrillés gravées sur les tempes, comme ici. Parmi elles, rares sont celles dont la provenance précise a pu être identifiée. L'absence d'informations recueillies lors de la collecte n'autorise dès lors qu'à des rapprochements stylistiques. La statue présentée ici s'apparente en particulier à la statue féminine provenant d'une collection particulière, reproduite dans Leloup (1994 : n° 15).

Enfin, à la datation très ancienne (cf. supra), s'ajoutent les marques d'une utilisation prolongée, comme les nombreux prélèvements rituels sur les mains, le nez et la bouche, et l'épaisse patine huileuse témoignant des soins qui lui ont été apportés pendant plusieurs générations.

A very old and fine Dogon Soninke figure, Mali

In Hélène Leloup’s authoritative study of Dogon sculptures, based on primary resources (especially Desplagnes) and on her own observations in situ, she divided Dogon sculpture into two major schools.  The first, emerging from the migrations of the North, is still found in the West and North of the Bandiagara plateau. The second, originating from the Mande migration, arrived in the South and subsequently spread to most of the plateau.

The North-West is the territory of the "Djennenke" style, its population still claiming descent from the old Wagadou empire, situated in Mauritania, also called "Ghana". After the Ghana Empire was destroyed, the populations migrated, settling in successive waves mainly in Djenne.  The art known as "Djennenke" therefore developed in the North West of the Bandiagara plateau, between the 11th and 15th centuries, at the time of the Songhai conquest and the conversion of the population to Islam (Leloup, 1994: 119-136).

Carbon-14 dating carried out by Antiques Analytics laboratory on this Djennenke figure from the Andreas and Kathrin Lindner Collection (n° AA 07-20111, Eppstein, Germany) dates it to the 12th century, corroborating the historical, stylistic and scientific data submitted by Leloup.

Djennenke figures are characterised, in particular, by scarifications in the form of squared motifs carved on the temples, as in this case.  The precise provenance of only a very few of these figures has been identified.  Due to the absence of information  recorded at the time this figure was collected, it is only possible to make stylistic comparisons. The statue presented here is similar to a female figure from a Private Collection, reproduced in Leloup (1994: n° 15).

In addition to the dating of the piece (12th century, cf. supra), there are signs of prolonged ritual use, such as the numerous losses to the hands, nose and mouth  as well as the thick oily patina demonstrating the care given to it over several generations.