Ancienne et superbe statuette fétiche , Kongo, République Démocratique du Congo

Le corps aux lignes souples s'enroule autour de la volumineuse charge ventrale, à l'extrémité obturée par une graine. A la fluidité des volumes corporels répondent les lignes étirées de la tête - prolongée par une haute charge - et du visage aux traits finement modelés. L'expression est marquée par les yeux baissés sertis d'éclats de verre et la bouche entrouverte, dirigés vers l'élément sphérique que le personnage porte à la bouche. Le profil offre un superbe jeu de lignes, fait de courbes et de contre-courbes. Patine brune, dure, brillante sur les reliefs, formée sur une épaisse couche de kaolin apparaissant sous les éclats.

Ancienne collection Paul Rupalley, Paris
Etude Flagel, Paris, 16-18 mars 1930, n° 143
Ancienne collection Tristan Tzara, Paris (cliché par le photographe surréaliste belge Roland D' Ursel; archives Pierre Dartevelle, Bruxelles)

La collection Paul Rupalley d'art africain et océanien a notamment été montrée lors de l'Exposition de l'Art Indigène des Colonies Françaises qui s'est tenue à Paris, Pavillon de Marsan en 1923. Elle a été vendue à Paris en mars 1930.

La grande ancienneté de cette statuette nkisi est révélée par la patine dont les éclats superficiels montrent les différentes étapes de la constitution, à partir d'un enduit de kaolin, bruni et durci par le temps et l'usage répété, et ce avant qu'elle n'intègre, dans les années 1920, la collection Paul Ruppaley.

Selon Thompson (in Dapper, 2002 : 97), la position assise aux jambes croisées, nommée funda nkata, est le signe - dans la gestuelle des peuples Kongo - d'une grande honorabilité. Généralement adoptée pour les représentations de chefs et de maternités, elle est moins souvent observée sur les statuettes nkishi. De surcroît, l'élément sphérique porté à la bouche est très rare dans l'iconographie des peuples Kongo. On le retrouve sur une statuette fétiche de singe, Vili, provenant de la collection Bela Hein (Ancienne collection B.H., Fraysse et Associés, Paris, 6 juin 2005, n° 52). Ici, associé aux yeux sertis d'éclats de verre et aux puissantes charges portées sur l'abdomen et la tête, il peut vraisemblablement être interprété comme un aliment augmentant le pouvoir médiumnique.

Enfin, cette statuette se distingue au sein du corpus des nkisi Kongo par la très belle fluidité des lignes, servie par un jeu de courbes et de contre-courbes superbement architecturé.