Lot 111
  • 111

Exceptionnel cimier , Boki, Nigeria

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Boki
  • Exceptionnel cimier
  • haut. 23 cm
  • 9 in
La face étroite, projetée vers l'avant, est cadrée par les scarifications verticales ornant les joues, et structurée par la ligne médiane saillante, s'étirant sur toute la tête, depuis la nuque jusqu'au menton. Les traits anguleux, très finement modelés, sont marqués par la puissance de l’expression : ligne continue des sourcils s’abaissant à la naissance du nez court, retroussé, encadré par des yeux exorbités sertis de fragments métalliques, la pupille indiquée ; bouche s’étirant sur toute la largeur de la face, largement ouverte sur des dents signifiées par des tiges métalliques. A l’expressionnisme de la face répond le traitement abstrait des côtés, chacun orné d’une marque temporale caractéristique, faite d’une rangée de chéloïdes profondément incisées, prolongée par un motif en virgule. Trois trous sont percés à l'arrière de la tête, pour y ficher des éléments de parure aujourd'hui disparus. Très belle patine nuancée, brun rouge.

Provenance

Yves et Eva Develon, Paris

Literature

Reproduit dans : Arts d’Afrique Noire, Printemps 1993 : 56

Catalogue Note

cf. Drewal, (1977 : 46), et Fagg (1965 : pl. 58) pour un cimier stylistiquement comparable illustrant, selon Drewal, « le style ancien et spécifique des Boki », avant que leur art ne soit influencé par celui des Ekoi voisins vers 1920-1930 (idem : 46). Drewal souligne en particulier le motif très spécifique des chéloïdes temporales en virgules, observé à la fois sur le masque décrit et celui présenté ici. Ce motif, qui se retrouve en particulier sur les monolithes akwanshi, était jadis selon Allison (1968 : 26), commun à l’ensemble de la région. 

Ces signes de grande ancienneté (style, chéloïdes), sont confirmés par les notes rédigées par Murray en 1948, après un séjour en pays d'Ikom (in Nicklin et Salmons, 1984 : 41) : « D’anciennes sculptures, nommées nkwa mbok, ne sont pas recouvertes de peau. Ces têtes à l’expression plutôt féroce, présentent un, deux ou parfois trois visages sculptés ensemble [… ]. Elles portent des décorations en forme de massue. […] Ces têtes ont été de toute évidence abandonnées depuis longtemps et sont dans un pauvre état. Elles sont d’un style différent de celui des cimiers recouverts de peau, à l’exception de l’accent mis sur les marques tribales, l’ajout de métal et de dents […]. Il semble qu’ils aient au moins cent ans d’âge et personne ne sait aujourd’hui quel costume leur attribuer ».

A la rareté et à la grande ancienneté de ce masque s’ajoute l’exceptionnelle puissance plastique – offerte par l’expression, les traits resserrés, le réalisme des détails conjugué à l’abstraction des motifs claniques - faisant de ce cimier l’un des chefs-d’œuvre du type. A son superbe état de conservation s'ajoute la base en rotin d'époque - rare.