Statuette de femme assise, Akyé, Côte d'Ivoire

Les hanches larges, la poitrine généreuse et les membres courts et bulbeux expriment l'idéal de beauté des peuples lagunaires. De manière conventionnelle, la jeune femme est représentée assise sur un tabouret de type Akan, les jambes et les bras pliés à angle droit. Le dynamisme de la pose est accentué par les bras rapportés et la tête projetée vers l'avant, s'inscrivant puissamment dans l'espace. Le visage offre des traits finement modelés, l'expression marquée par les yeux mi-clos sculptés dans de larges orbites, et la bouche ouverte. Elle porte les scarifications en bouton caractéristiques des peuples lagunaires, sur le visage, le ventre en le dos.  Belle patine nuancée, brun rouge, brillante.

Malgré ses grandes qualités plastiques, la statuaire Akyé est peu connue parmi les arts de la Côte d'Ivoire. Elle demeure relativement rare, son usage s'étant perdu dès le début du XX^e siècle, avec la conversion des peuples lagunaires, de souche Akan, aux églises chrétiennes concurrentes et à celle du prophète syncrétiste Harris (Féau in AFAA, 1989 : 53).

Selon Garrard (in Phillips, 1996 : 447), la statuaire des peuples lagunaires est liée à la divination, et sa fonction apparentée à celles des statues Baulé. Blackmun-Visona (in Barbier, 1992, II : 288) ajoute qu'elles "auraient aussi pu servir de récompense pour les danseurs ou leur tenir lieu de portrait". Elles étaient dans ce cas portées ou exposées lors de danses cérémonielles.

cf. AFAA (1989 : 53) pour une statue stylistiquement apparentée, dans les collections du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris (legs du Dr. Emile Girardin, 1951).