Lot 107
  • 107

Superbe et ancien masque, Baulé, Côte d'Ivoire

Estimate
80,000 - 130,000 EUR
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Description

  • Baulé
  • Superbe et ancien masque
  • haut. 34 cm
  • 13 1/3 in
Ce masque-portrait Ndoma, de taille relativement grande, montre un visage idéalisé, à l'équilibre parfait. L'extrémité du nez haut marque le point de jonction des fines fentes oculaires et des arcades sourcilières surlignant le contour des paupières mi-closes. La bouche aux lèvres esquissées et les petites oreilles naturalistes se placent sur le pourtour de la face, cette dernière ceinte par le motif cordelé du bandeau frontal, se prolongeant en un étroit collier de barbe. L'austérité de la composition  - scarifications limitées aux marques identitaires - est subtilement animée par la sensibilité des galbes et la fluidité des lignes, et par l'extrémité relevée des arcades sourcilières. Il porte une coiffe complexe, les cheveux relevés en deux chignons tressés verticalement à l'avant et à l'arrière de la classique tresse en diadème, et une barbe rapportée, en fibres végétales, à trois brins nattés. Bois léger (fromager, Ceiba Pentendra). Superbe patine laquée, à la fois profonde et transparente, rehaussée de pigments brun rouge sur les paupières.

Condition

Excellent condition overall. Wear consistent with age and use within the culture. Old break along the left back border, with indigenous repair. Tiny superficial chips. Loss to the central plait of the beard.
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Catalogue Note

Les danses de divertissement Gbagba (ou mblo) dans lesquelles interviennent les masques portraits Ndoma, constituent l'une des formes les plus anciennes de l'art Baulé. Vogel (1997 : 35-36), s'appuyant sur les traditions orales, lui donne une origine proto-Baulé et attribue leur provenance aux Mamla, groupe autochtone situé dans le pays Warebo, au nord-ouest du Baulé, où la reine Ashanti Akoua Boni, établit, de 1760 à 1790, les bases du royaume Baulé.

Si l'évolution stylistique des masques Baulé, avant les années 1930, demeure incertaine, plusieurs éléments nous autorisent à considérer le masque présenté ici comme datant du XIXe siècle, et à situer sa provenance dans le pays Warebo.

L'ancienneté de ce masque est avant tout attestée par la très belle patine laquée, obtenue par les soins répétés qui lui ont été prodigués. Selon Rasmussen (1951), « les objets laqués sont souvent plus anciens que les autres, le bois ayant été mieux conservé par la laque, faite d'huile, de sang et de boue [...]. A force de séjourner dans la case, exposés à la fumée, enduits régulièrement et religieusement de beurre végétal, ces objets ont pris avec le temps une laque qui n'a rien à envier aux laques chinoises ». Par ailleurs, le bois léger de l'espèce fromager (Ceiba Pentendra) dans lequel il a été sculpté est celui observé sur les plus vieux masques de la région. Les masques plus récents, le plus souvent sculptés dans un bois dur, ne développent pas le même type de patine laquée. Enfin, le traitement de la barbe, en trois tresses de fibres végétales, pourrait être considéré comme la forme archaïque de la représentation de cet attribut, le plus généralement sculpté dans le bois, et évoluant d'une manière naturaliste vers une représentation de plus en plus stylisée.

Stylistiquement, l'austérité de la composition - scarifications limitées aux marques identitaires, absence d'ajouts métalliques - le distingue des masques exécutés dans la partie méridionale du pays Baulé, d'influence Guro. De surcroît, la souplesse des lignes et le traitement du visage - grandes paupières mi-closes, bouche esquissée - l'apparentent aux styles Sénufo et Diula, l'ensemble permettant de situer cet ancien masque Baulé dans le pays Warebo, au nord-ouest du Baulé, cœur historique du royaume éponyme.  

cf. Afaa, 1997 : 80-81 pour le masque Ndoma de la collection Pierre Guerre, acquis de Charles Ratton en 1929, offrant une austérité de traitement et une somptuosité comparables.

Lors des danses Gbagba, les derniers masques à apparaître sont désignés comme des portraits. Comme celui-ci, ils sont sculptés en l'honneur de personnes dont ils portent le nom : un personnage politique important, un danseur ou encore une très belle jeune fille. Selon Vogel (idem : 141-142), il incarne le style Baulé fondamental, considéré par les artistes eux-mêmes comme « le sommet de la sculpture Baulé, sa forme artistique la plus belle ». Sa sortie, escortée par son double humain, est le moment privilégié offert à tous les artistes participants - musicien, sculpteur, danseur et accompagnateur - d'acquérir réputation et renommée.  

La réparation indigène exécutée sur le côté gauche atteste l'importance accordée par ses propriétaires successifs à cet ancien et superbe masque Ndoma.