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Superbe et ancien masque, Baulé, Côte d'Ivoire
Description
- Baulé
- Superbe et ancien masque
- haut. 34 cm
- 13 1/3 in
Condition
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Catalogue Note
Les danses de divertissement Gbagba (ou mblo) dans lesquelles interviennent les masques portraits Ndoma, constituent l'une des formes les plus anciennes de l'art Baulé. Vogel (1997 : 35-36), s'appuyant sur les traditions orales, lui donne une origine proto-Baulé et attribue leur provenance aux Mamla, groupe autochtone situé dans le pays Warebo, au nord-ouest du Baulé, où la reine Ashanti Akoua Boni, établit, de 1760 à 1790, les bases du royaume Baulé.
Si l'évolution stylistique des masques Baulé, avant les années 1930, demeure incertaine, plusieurs éléments nous autorisent à considérer le masque présenté ici comme datant du XIXe siècle, et à situer sa provenance dans le pays Warebo.
L'ancienneté de ce masque est avant tout attestée par la très belle patine laquée, obtenue par les soins répétés qui lui ont été prodigués. Selon Rasmussen (1951), « les objets laqués sont souvent plus anciens que les autres, le bois ayant été mieux conservé par la laque, faite d'huile, de sang et de boue [...]. A force de séjourner dans la case, exposés à la fumée, enduits régulièrement et religieusement de beurre végétal, ces objets ont pris avec le temps une laque qui n'a rien à envier aux laques chinoises ». Par ailleurs, le bois léger de l'espèce fromager (Ceiba Pentendra) dans lequel il a été sculpté est celui observé sur les plus vieux masques de la région. Les masques plus récents, le plus souvent sculptés dans un bois dur, ne développent pas le même type de patine laquée. Enfin, le traitement de la barbe, en trois tresses de fibres végétales, pourrait être considéré comme la forme archaïque de la représentation de cet attribut, le plus généralement sculpté dans le bois, et évoluant d'une manière naturaliste vers une représentation de plus en plus stylisée.
Stylistiquement, l'austérité de la composition - scarifications limitées aux marques identitaires, absence d'ajouts métalliques - le distingue des masques exécutés dans la partie méridionale du pays Baulé, d'influence Guro. De surcroît, la souplesse des lignes et le traitement du visage - grandes paupières mi-closes, bouche esquissée - l'apparentent aux styles Sénufo et Diula, l'ensemble permettant de situer cet ancien masque Baulé dans le pays Warebo, au nord-ouest du Baulé, cœur historique du royaume éponyme.
cf. Afaa, 1997 : 80-81 pour le masque Ndoma de la collection Pierre Guerre, acquis de Charles Ratton en 1929, offrant une austérité de traitement et une somptuosité comparables.
Lors des danses Gbagba, les derniers masques à apparaître sont désignés comme des portraits. Comme celui-ci, ils sont sculptés en l'honneur de personnes dont ils portent le nom : un personnage politique important, un danseur ou encore une très belle jeune fille. Selon Vogel (idem : 141-142), il incarne le style Baulé fondamental, considéré par les artistes eux-mêmes comme « le sommet de la sculpture Baulé, sa forme artistique la plus belle ». Sa sortie, escortée par son double humain, est le moment privilégié offert à tous les artistes participants - musicien, sculpteur, danseur et accompagnateur - d'acquérir réputation et renommée.
La réparation indigène exécutée sur le côté gauche atteste l'importance accordée par ses propriétaires successifs à cet ancien et superbe masque Ndoma.