Lot 106
  • 106

Statue de femme assise, Baulé, Côte d'Ivoire

Estimate
25,000 - 35,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Baulé
  • Statue de femme assise
  • haut. 43,5 cm
  • 17 in
Majestueusement assise sur un siège royal de forme ronde, la femme adopte la pose protocolaire des reines-mères en pays Akan : hiératique, le torse droit, les mains posées sur les genoux, ces derniers légèrement écartés. Le visage présente des traits idéalisés, très finement modelés : front bombé dominant une face concave aux lignes douces, yeux protubérants à demi fermés par les paupières supérieures plissées, nez aux ailes dessinées, lèvres charnues, chéloïdes temporales dont les motifs sont repris entre les deux yeux. Elle a conservé sa chevillière en perles de verre. Très belle patine nuancée, brun rouge. Bois mi-lourd, à grain très fin.

Provenance

Galerie Leloup, Paris

Catalogue Note

Preston-Blier (1998 : 137) reproduit une photographie datant du XIXe siècle, montrant une reine mère Akan (asantehemaa), assise sur un siège royal, l’attitude hiératique, une main posée sur chaque genou, à l’instar de la statue présentée ici. Selon Soppelsa (Art Journal, vol. 47, n° 2, 1988), cette attitude protocolaire signifie l’affirmation du pouvoir de la personne du souverain.

Elle est assise sur un siège royal de forme ronde dit bia pulue, dont « la composition élaborée est réservée aux femmes du plus haut rang » (Soppelsa, idem) et l’importance – à la fois politique et rituelle – majeure. Selon Perrot (1982 : 134), le bia pulue est en effet réputé commander aux autres sièges royaux (bia).

L’attitude reprenant la posture des souverains Akan, le siège royal, de même que la patine nuancée dénuée de matière rituelle, permettent, selon toute vraisemblance, d’interpréter cette statue de femme assise comme la représentation – rare dans la statuaire Baulé - d’une reine mère, symbole de pouvoir et d’autorité, et incarnant la primauté du principe matriarcal, lequel régissait le fonctionnement civil de la société Akan. Selon Preston-Blier (idem), les statues représentant les reines mères Akan ont été créées à partir de 1870, suite à l’invasion de l’Ashanti par les Anglais et la mise en place d’institutions inspirées du droit occidental, dans une tentative d’idéaliser et de défendre, par des statues en matérialisant le symbole, le principe même du matriarcat ancestral. Cette iconographie se serait diffusée en pays Baulé par les Agni de l’Indénié et du Morounou, également de souche Akan.

cf. Boyer, Girard et Rivière (1997 : 97, n° 95) et Bassani (1989, n° 50) pour deux autres statues Baulé à la posture comparable, la seconde identifiée par Dulon (2003 : n° 01) comme une statue de reine.