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Proust, Marcel À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann. Paris, Bernard Grasset, 1914.
Description
- Proust, Marcel
- À la recherche du temps perdu.Du côté de chez Swann. Paris, Bernard Grasset, 1914.
Reliure postérieure, signée d’Alix, avec l’étoffe du dessus-de-lit de Proust. Satin bleu foncé, avec les initiales de Marcel Proust (« M.P. ») frappées et dorées sur le premier plat, tranches dorées sur témoins. Marques d’usure et effilochage à la coiffe inférieure.
Emboîtage de maroquin bleu nuit doublé, plats de papier décoré (Claudie de Séguier).
Édition originale, dont il a été tiré 5 exemplaires sur Japon impérial et 12 exemplaires sur Hollande Van Gelder, le tirage courant n’étant pas précisé.
Exemplaire de premier tirage, sans les couvertures, avec la faute à Grasset sur le titre, caractéristique des premiers exemplaires imprimés.
Émouvant exemplaire portant l'envoi autographe suivant :
"A Monsieur
Jacques Guérin
en souvenir du grand
Marcel Proust
Céleste Albaret".
Provenance
Jacques Guérin (Vente Paris-Drouot, 17 novembre 1998, n° 28).
Exhibited
Catalogue Note
C'est au cours d'une visite que Jacques Guérin lui rendit à Montfort-l'Amaury que Céleste Albaret, dernière confidente de Marcel Proust, lui offrit son exemplaire de Swann. Elle voulut ainsi marquer sa reconnaissance à Jacques Guérin pour la cession à la Bibliothèque nationale des treize cahiers manuscrits de Proust et le sauvetage de ses meubles, aujourd'hui au musée Carnavalet, après qu'il les eût acquis auprès de la veuve de Robert Proust, frère de Marcel. « Elle était ruinée, expliquait Jacques Guérin. Mais elle ne savait rien de son beau-frère, dont elle n'avait peut-être pas lu une ligne. J'ai sauvé le lit, le bureau, la bibliothèque, la fameuse pelisse de loutre, qui allaient partir à l'encan, et puis les papiers. Du moins ceux qu'elle n'avait pas brûlés. J'ai eu cette chance, recueillir et sauver les souvenirs de Proust. J'en ai fait don au Musée Carnavalet. Brûler Proust ! C'est resté un exemple pour moi. »
L'exemplaire, alors débroché et sans couverture, fut confié à la reliure par Jacques Guérin qui donna pour ce faire le satin bleu du dessus-de-lit de Proust qu'il avait conservé. Le fragile satin porte des traces d'usure et un léger effilochage à la coiffe inférieure.
Devenue l’un des personnages les plus familiers de l’univers proustien, Céleste Albaret fut la gouvernante et la confidente de Marcel Proust, de 1913 à sa mort, le 18 novembre 1922. « [Céleste] Bien que très peu lettrée, a pris conscience qu'elle vivait auprès d'un homme de génie, dont la différence essentielle devait être protégée, servie, aimée, avant et après la mort : aucune biographie, aucun essai critique n'est plus émouvant que Monsieur Proust, où cette femme du peuple, qui a gardé la même fraîcheur, la même simplicité, a été le Boswell ou l'Eckermann d'un autre grand homme. » (J.Y. Tadié, Marcel Proust).
Notre exemplaire est d'autant plus précieux et émouvant qu'on sait que c'est Céleste Albaret qui sillonna Paris pour aller porter aux relations de l'auteur certains exemplaires de Swann qui venait de paraître.