Lot 58
  • 58

Daudet, Alphonse Tartarin sur les Alpes. [Manuscrit autographe, (1884).

Estimate
15,000 - 25,000 EUR
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Description

  • Daudet, Alphonse
  • Tartarin sur les Alpes.[Manuscrit autographe, (1884).
Carnet in-12 (139 x 93 mm) de 101 feuillets (dont 7 sont demeurés vierges de toute note).
Demi-percale bleue ; étiquette de la Papeterie des étudiants Chélu & Bénard, 10 galerie de l’Odéon et 16, rue de Vaugirard à Paris.



Dans cette première ébauche, l’histoire est déjà structurée, les personnages en place et le roman découpé en quatorze chapitres. Daudet reprend huit de ces chapitres, totalement ou partiellement, dans la seconde partie du manuscrit : il esquisse notamment l’intrigue sur les nihilistes, le volet sombre de cette aventure alpestre. Il note également des bribes de dialogues, des tournures particulières, des situations, des idées.



On relève sur la première page des essais de titres : Tartarin sur les cimes, Bompard et Tartarin ou les ascensionnistes, Tartarin en Suisse, nouveaux exploits du grand chasseur tarasconnais



Alphonse Daudet a également orné, comme souvent, son manuscrit de petits croquis, pour l’essentiel des visages caricaturaux vus de profil.



Une des notes ne concerne pas Tartarin mais son ouvrage sur l’Académie française.

Literature

« La satire d’un monde qui est déjà le nôtre » (Roger Ripoll in Œuvres ; éd. de la Pléiade, t. III, pp. 1239-1246).
Une double page de ce manuscrit a été reproduite en fac-similé dans les Oeuvres complètes (Paris, Librairie de France, 1929).

Catalogue Note

De Tartarin sur les Alpes, on connaît un autre manuscrit, une mise au net rédigée à deux mains par Daudet et sa femme, Julia : l’écrivain écrit sur la page de gauche et sa femme note ses remarques sur celle de droite. Cette mise au net a servi lors du procès par lequel les descendants de l’écrivain cherchaient à faire reconnaître la collaboration de Julia Daudet aux oeuvres de son mari.

Deuxième volet de la trilogie tarasconnaise dont le premier a paru en 1872 sous le titre des  Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon mais sans grand succès. Parmi les quelques lecteurs enthousiastes, citons Flaubert qui fit envoyer Jack et Tartarin à George Sand, lui prédisant : « Vous me remercierez d’avoir fait ces deux lectures » (lettre du 3 avril 1876).

Le matamore tarasconnais reparut treize ans plus tard dans de nouvelles aventures alpestres, puis un troisième et dernier titre fut publié en 1890 chez Dentu sous le titre de Port-Tarascon. Cette fois, le succès fut énorme et Daudet parla, à propos de son Tartarin de « littérature debout », c’est-à-dire gesticulée, parlée, méridionale.

Tartarin sur les Alpes est un hymne aux valeurs humaines qu’incarne Tartarin, l’homme du Midi. Comme l’écrit Edmond Lepelletier dans L’Echo de Paris, rendant compte de la publication de Tartarin sur les Alpes : « Ce n’était pas un Méridional, ce Tartarin, c’était le Midi. Le Midi avec ses ardeurs, ses expansions, ses soubresauts, ses emballements hardis et ses retraites prudentes, le Midi inégal, incohérent, inconséquent mais le Midi qu’on admire après l’avoir blagué, le Midi qu’on aime toujours, même quand on le fuit ». Il ajoute que le discours de Bompard sur la Suisse, à lui seul « suffirait pour faire de Tartarin sur les Alpes un chef-d’oeuvre d’ironie et de vérité ».

Mais à la satire de la Suisse touristique, Daudet a associé des éléments d’actualité et fait intervenir des nihilistes qui apparaissent comme l’incarnation exemplaire d’un mouvement de révolte totale, comme représentants d’un héroïsme destructeur et désespéré.