Lot 5
  • 5

Baudelaire, Charles [Lettre autographe signée Ton petit frère Ch. Baudelaire à son demi-frère Alphonse]. Paris, le 9 janvier 1832.

Estimate
12,000 - 20,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • [Lettre autographe signée Ton petit frère Ch. Baudelaire à son demi-frère Alphonse]. Paris, le 9 janvier 1832.
Une page in-4, à l’encre brune sur un double feuillet de papier fin filigrané « Weynen ». Suscription au verso : « à Monsieur / Monsieur Baudelaire / rue Saint Jacques / Imprimerie Ducessois / Paris ». Cachet du 9 janvier 1832. Cachet de cire rouge.



« Paris le 9 janvier 1831 [pour 1832]
Mon frère,
Comme tu m’avais dit que tu voulais venir nous voir avant notre départ, j’ai demandé à maman le jour où nous partirions, elle ne le sait guères, mais elle m’a répondu que ce serait peut être vendredi, toujours nous partirons plus tot que plutard ; aussi tu pourras venir, je crois, mardi ou mercredi. N’oublie pas de dire bonjour à Théodore de ma part. Je t’embrasse ainsi que ma sœur. Adieu. Je ferme ma lettre.
                                                            Ton petit frère Ch. Baudelaire »

Literature

C.B. Correspondance, I, La Pléiade, p.3. Charles Baudelaire, par Claude Pichois et Jean Ziegler, Fayard, 1996, p.79.
Album Baudelaire, coll. Pléiade, page 64, reproduction d’un portrait de Félicité Baudelaire, peint par Elzidor Naigeon.

Catalogue Note

Charles Baudelaire avait onze ans lorsqu’il écrivit cette aimable lettre à son demi-frère Alphonse, lequel avait épousé deux ans plus tôt en 1829 Anne Félicité Ducessois.
Elle s’en trouve extrêmement émouvante et particulièrement précieuse. C’est la première lettre qui figure dans l’édition de sa correspondance dans La Pléiade
Baudelaire y parle d’un départ imminent. En effet le 25 novembre 1831, le lieutenant-colonel Aupick avait rejoint Lyon. Ce départ coïncidait avec la révolte des « canuts » lyonnais ;  l’armée ayant été envoyée pour réprimer ce premier soulèvement des ouvriers de la soie. Le 7 décembre, Aupick avait été nommé chef d’État-major de la 7e division militaire, ayant Lyon pour chef-lieu. Le départ de Mme Aupick et de Charles, quittant Paris pour le rejoindre, peut être fixé au 12 ou au 13 janvier 1832. La « sœur » qu’évoque Charles est Félicité, femme de son demi-frère Alphonse, et sœur de l’imprimeur Théodore Ducessois que le jeune Baudelaire salue également dans sa lettre.

Alphonse Baudelaire (1805-1862), demi-frère de Charles (1821-1867), était le fils du premier mariage de François Baudelaire avec Jeanne-Justine-Rosalie Janin. Il avait seize ans de plus que Baudelaire et ne vécut pas très longtemps avec lui au foyer paternel. Il fit des études de droit et devint avocat à la Cour de Paris en 1825. Puis il fut nommé en 1832 juge suppléant au Tribunal de Fontainebleau et fit toute sa carrière dans cette ville. Comme le général Aupick, il adopta une attitude très dure à l’égard de Charles et accepta de faire partie des conseils de famille qui prirent la décision de l’éloigner de Paris puis de le mettre financièrement dès sa majorité, sous la tutelle du notaire Ancelle, tutelle dont le poète dépendit toute sa vie durant. Dès lors, Charles s’écarta d’Alphonse Baudelaire. 
Charles Baudelaire tomba amoureux au début de l’année 1846 de sa belle-sœur, une assez jolie femme dans sa jeunesse. Mais le poète fut rapidement déçu par cette « demi-mondaine » ralliée au clan Aupick. De son côté, Félicité demeura toujours, même après son veuvage, dans la plus grande hostilité à l’égard du poète.