Lot 28
  • 28

Baudelaire, Charles [Lettre autographe signée à Madame Aupick]. [Bruxelles], vendredi 26 août [1864]

Estimate
4,000 - 6,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • [Lettre autographe signée à Madame Aupick].[Bruxelles], vendredi 26 août [1864]
Une page in-8.
Petit manque (déchirure) dans l’angle supérieur gauche, qui a emporté le millésime. Trace d’ancien montage sur onglet au verso.



Très émouvante lettre de Baudelaire témoignant de son inaltérable affection pour sa mère. "Jamais une journée ne se passe sans que je rêve à toi".



« Ma chère mère,
Je m’ennuie à un degré que tu ne peux pas deviner dans cette chambre glacée (et toute blanche), et quoique généralement j’aie peur de tes lettres, parce que je crains toujours d’y trouver des sermons et des reproches (que je me fais si bien à moi-même), j’attends toujours impatiemment ces mêmes lettres. Tu me dirais les choses les plus désagréables que j’y prendrais encore plaisir. – Comment vas-tu ? Ton jardin t’amuse-t-il toujours ? – Ton écriture même me fait du bien. Tu sais que je vais à Paris le 1er ou le 2 sept[embre]. J’ai chargé un agent d’affaires de la vente de mes volumes. Rentrer dans Paris, pour moi, c’est rentrer dans l’Enfer, mais j’irai. Je t’embrasse, et jamais une journée ne se passe sans que je rêve à toi. Charles »

Provenance

Armand Godoy.

Literature

C. Baudelaire, Correspondance, T. II, Pléiade, p. 400.

Catalogue Note

L’agent d’affaires que Baudelaire sollicita de Bruxelles pour s’occuper de ses « volumes » est le libraire et courtier parisien Julien Lemer. 
« Il y a eu dans mon enfance une époque d’amour passionné pour toi» avait écrit Baudelaire à sa mère le 6 mai 1861, en évoquant la période qui suivit le décès de son père en 1827. Cette première époque fusionnelle prit fin avec l’arrivée du second époux de sa mère, Jacques Aupick, et surtout après le renvoi du futur poète de Louis-le-Grand en 1839. Jusqu’à sa mort en 1857, le général Aupick éclipsa toute tendresse filiale de son beau-fils pour sa mère, laquelle se rangea au désir de son mari de maintenir Charles sous une tutelle financière écrasante. Ce n’est qu’après la mort de son mari, que Mme Aupick retrouva l’affection profonde du fils qu'elle eut le chagrin bouleversant de perdre quelques années seulement après leurs retrouvailles.