Lot 22
  • 22

Baudelaire, Charles Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains : Pétrus Borel, Auguste Barbier, Théophile Gautier. Revue fantaisiste, 15 juillet 1861.

Estimate
8,000 - 10,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains : Pétrus Borel, Auguste Barbier, Théophile Gautier. Revue fantaisiste, 15 juillet 1861.
In-8, 224 x 160 mm.



Broché, couverture de papier ocre imprimées en noir. Petits manques au dos. Infimes piqûres éparses, sinon très bel exemplaire.
Placé sous étui-chemise moderne de demi-maroquin noir, titre doré en long.

Catalogue Note

Les dessins témoignent d’une grande habileté d’exécution et de ce goût marqué de l’auteur de Madame Putiphar, ainsi que Baudelaire l’écrivit dans la notice qu’il lui consacra, pour « l’excès dans la couleur et dans la forme » ainsi que pour le « bizarre » et qui « aimait à violer les habitudes morales du lecteur mais encore à contrarier et à taquiner son œil par l’expression graphique ». On reconnaît également dans la lettre cette façon si caractéristique de coucher son écriture vers la gauche donnant à ses caractères, toujours selon Baudelaire, la physionomie de « fantassins renversés par la mitraille »Jusqu’alors, selon le dernier biographe du Lycanthrope, le seul dessin connu de Pétrus Borel était celui reproduit dans l’album Victor Hugo de la collection de La Pléiade ; il s’agit d’une caricature de Hugo qui parut lithographiée dans La Charge en 1833 (Cf. Album Hugo, p. 111 et Jean-Luc Steinmetz, Pétrus Borel, vocation poète maudit, Fayard, 2002). Lorsqu’il était étudiant en architecture, Borel fréquentait les ateliers de peinture. On dit même qu’il se mit à peindre sous la direction de Devéria. Dans sa préface aux Rhapsodies, Borel assure qu’enfant il crayonnait déjà sur les murs « des perroquets et des homards », mais on ne sait rien aujourd’hui de ces tentatives picturales. La très riche exposition de Dessins d’écrivains français du XIXe siècle, organisée à la Maison de Balzac en 1983 ne présentait aucun document de Pétrus Borel. La monographie consacrée aux dessins d’écrivains de Belfond ne mentionne pas plus le nom de Borel.
Rare numéro de la Revue fantaisiste, fondée par Catulle Mendès qui ne parut que du 15 février au 15 novembre 1861. Il contient en édition pré-originale trois des fameux portraits littéraires de Baudelaire qui formeront plus tard les Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains, recueillies dans le volume L’Art romantique (Posthume, 1868). Ces portraits furent écrits pour Les Poètes français, l’anthologie d’Eugène Crépet, mais, par dépit de Baudelaire vis-à-vis de celui-ci et également par besoin pressant d’argent, ils furent d’abord publiés dans la Revue fantaisiste de Catulle Mendès. Cet intéressant numéro comprend également la pré-originale du Bonhomme misère de Champfleury que Poulet-Malassis édita à 200 exemplaires, et qui fut l’une des dernières productions de la maison Poulet-Malassis et de Broise. La veille de la parution de ce numéro de la Revue fantaisiste, Malassis se séparait de son beau-frère et associé et quittait Alençon pour ouvrir une maison à Paris.
Arsène Houssaye, critique et écrivain, est le dédicataire des Petits Poèmes en Prose de Baudelaire.
Baudelaire projeta un travail critique sur Choderlos de Laclos et les Liaisons dangereuses, que la maladie l’empêcha de réaliser. Dans sa notice sur Pétrus Borel, qui ne fut publiée de son vivant que dans la seule Revue fantaisiste, Baudelaire rehausse avec une réelle sympathie la figure déjà oubliée en son temps de ce « génie manqué », esprit à la fois « si incomplet » mais sans qui « il y aurait une lacune dans le Romantisme », représentant « l’expression la plus outrecuidante et la plus paradoxale de l’esprit des Bousingots », c’est-à-dire « tout ce qui était à la fois intense, pessimiste et byronien ». Notons que Borel figure ici accompagné des notices sur Auguste Barbier, ce « grand poète malgré lui », et sur le « poète impeccable », dédicataire des Fleurs du mal, Théophile Gautier.

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