Lot 20
  • 20

Baudelaire, Charles Les Paradis artificiels. Opium et haschisch. Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1860.

Estimate
100,000 - 150,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Les Paradis artificiels. Opium et haschisch.Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1860.
In-12, 188 x 125 mm.



Reliure de l’époque au monogramme de Maxime Du Camp.
Demi-maroquin bleu nuit à coins, papier des plats au peigne, dos à cinq nerfs soulignés de filets à froid, caissons à double filets à froid contenant au centre un monogramme doré répété cinq fois, nom d’auteur et titre doré ; non rogné, tête dorée. Chemise postérieure de demi-maroquin bleu nuit à coins et rabats, titre doré, étui bordé.
Excellent état de conservation (minimes frottements aux charnières, intérieur frais avec de très rares rousseurs).



Édition originale. 



Un des 6 exemplaires de tête connus sur papier de Chine, avec cet envoi autographe signé de l’auteur au crayon, sur le faux-titre :
"A mon ami Maxime Du Camp
Ch. Baudelaire".




Exemplaire à toutes marges : hauteur 188 mm ; largeur : 125 mm.

Provenance

Maxime Du Camp (envoi, monogramme frappé sur le dos et ex-libris).
Louis De Sadeleer (ex-libris).

Exhibited

Exposition Baudelaire, Paris, Petit Palais, 1968, n° 603.
Reflets de la Bibliophilie en Belgique, Bruxelles, 1969, n° 67.

Literature

Vicaire, I, 346.
La lettre à Alphonse de Calonne est transcrite dans la Correspondance de C.B., T. I, Pléiade, pp. 513-514.

Catalogue Note

Le tirage des papiers de Chine et de Hollande des Paradis artificiels a été étudié par Louis de Sadeleer (qui fut le dernier propriétaire du présent exemplaire) dans la revue Le Livre et l’estampe, n° 81-82, 1975. Il détaille 8 exemplaires sur papier de Chine et 9 sur papier de Hollande. Parmi les Chine, 2 exemplaires n’ont jamais été retrouvés : celui du médecin de Baudelaire et celui de Baudelaire lui-même, dont Louis de Sadeleer écrivait : « Comme depuis un siècle, il n’y a, à notre connaissance, aucune autre indication relative à l’existence de ce volume, on peut se demander si, à court d’exemplaires sur papier de choix, Baudelaire, navré de devoir se montrer parcimonieux dans son service d’auteur, peut-être reconnaissant pour les deux prêts de complaisance de deux cents francs que Du Camp lui avait consentis en 1852 et 1854, ou succombant à sa générosité naturelle, n’a pas fait hommage de « son » Chine à Maxime Du Camp, au malheur de qui, réflexion faite, il ne se serait pas résigné ! » L’exemplaire de Maxime Du Camp est quant à lui décrit sous le n° 4. Il s’agit du seul exemplaire sur Chine portant une dédicace autographe de Baudelaire.
S’il fut, dans sa jeunesse, l’ami privilégié de Flaubert, Maxime Du Camp était aussi en contact avec bien d’autres écrivains et poètes. Il avait fait la connaissance de Baudelaire et relate dans ses Souvenirs littéraires une anecdote amusante : de passage à Constantinople, en 1850, il eut l’occasion d’être invité par Madame Aupick et le général qui était à l’époque consul de France dans cette ville. Ignorant les liens familiaux de Baudelaire, Maxime Du Camp évoqua dans la conversation un certain Charles Baudelaire qui avait selon lui un vrai « tempérament de poète, chose rare à notre époque ». Il ne comprit que plus tard pourquoi cette réflexion avait semblé rendre furieux le général Aupick. Lorsque Maxime Du Camp fonda la fameuse Revue de Paris, Baudelaire y collabora, puis plus tard dédia à l’ami de Flaubert le dernier poème des Fleurs du Mal (édition de 1861), Le Voyage. Il avait auparavant communiqué à Maxime Du Camp le manuscrit de ce poème et l’avait accompagné d’une lettre : "Il y avait longtemps que je projetais de faire quelque chose qui fût digne de vous et qui servît à témoigner de ma sympathie pour votre talent. Ai-je réussi, c’est ce que vous me direz." La présente dédicace sur Les Paradis artificiels montre que Baudelaire était resté lié à Maxime Du Camp en dépit de leurs divergences littéraires.
Maxime Du Camp a partagé avec Baudelaire un même destin judiciaire : défendre au tribunal la littérature moderne contre la morale publique, lors du fameux procès intenté contre Madame Bovary en 1856, ouvrage qu'il avait publié en pré-originale dans la Revue de Paris