Lot 10
  • 10

[Baudelaire, Charles] [Portrait à l’huile de Charles Baudelaire, signé par Alphonse Legros, d’après Courbet.] Huile sur toile, 1862.

Estimate
50,000 - 70,000 EUR
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Description

  • [Baudelaire, Charles]
  • [Portrait à l’huile de Charles Baudelaire, signé par Alphonse Legros, d’après Courbet.]Huile sur toile, 1862.
540 x 655 mm. Dans un cadre doré fin XIXe.
Mention au dos : « A. Legros d’après Courbet 13 ju. 1862 ».

Provenance

Auguste Poulet-Malassis--Théodore de Banville--Emile Bergerat--Jacques Crépet--Armand Godoy.

Literature

Cette copie est reproduite en noir et blanc sur la couverture de l’édition du Manuscrit autographe, numéro spécial consacré à Charles Baudelaire, Paris, Blaizot, 1927, avec une préface de Jacques Crépet dont nous avons cité un passage.
C. Pichois et F. Ruchon, Baudelaire, Documents iconographiques, Genève, P. Caillier, 1960, n° 7 et 8. L’histoire du tableau de Courbet est aux pp. 27-31.

Catalogue Note

Précieuse et unique copie par Legros au format du tableau original de Baudelaire peint par Courbet en 1847-1848, lequel figure dans les collections du Musée Fabre de Montpellier depuis 1877 : « le seul vrai et bien peint qui existe de Baudelaire » (T. Silvestre). 
Cette parfaite réplique fut peinte en 1862 par Alphonse Legros (1837-1911) à la demande d’Auguste Poulet-Malassis, qui, au bord de la faillite, avait confié en 1862 à Asselineau le portrait original par Courbet, qu’il détenait, afin d’éviter qu’il ne fût saisi.
cette copie fut cédée plus tard par Poulet-Malassis à Théodore de Banville. À la mort de Banville, son beau-fils, le peintre Georges Rochegrosse, en fit don au poète et critique Émile Bergerat. Ce fut ensuite Jacques Crépet, grand spécialiste de Baudelaire, qui conserva le tableau avant de le céder au collectionneur Armand Godoy. Crépet avait écrit au sujet de ce portrait : « …il contribua plusieurs années à l’ornement de mon studio. Aujourd’hui il a rejoint, aux mains d’un grand collectionneur parisien, un nombre imposant de reliques poétiques. Ce n’est pas sans quelque regret que je le considère, s’avérant tellement lumineux et d’une pâte savoureuse jusque dans la trahison d’une reproduction monochrome... »

Baudelaire affectionnait beaucoup les œuvres du peintre et graveur Alphonse Legros, qu’il avait connu à ses débuts et qu’il rapprochait de son ami Manet, ainsi qu’il l’écrivit dans son article Peintres et aquafortistes, paru dans Le Boulevard le 14 septembre 1862 (soit quelques mois après la copie par Legros du tableau de Courbet) : « Plus récemment encore, deux autres artistes, jeunes encore, se sont manifestés avec une vigueur peu commune. Je veux parler de M. Legros et de M. Manet (…) MM. Manet et Legros unissent à un goût décidé pour la réalité, la réalité moderne, - ce qui est déjà un bon symptôme »
Alphonse Legros avait commencé à travailler pour Cambon, l’un des principaux décorateurs de l’Opéra de Paris. Entré à la « Petite École », il eut pour condisciples Rodin, Dalou ou encore Fantin-Latour. Il débuta au salon de 1857 – année des Fleurs du Mal – avec le tableau L’Angélus, très apprécié par Baudelaire qui l’incita à se mettre à la gravure. Legros fut également lié à Poulet-Malassis, dont il fit un portrait et qui lui demanda d’illustrer les Histoires extraordinaires d’Edgar Poe, par une série d’eaux-fortes qui restèrent inédites car le projet n’aboutit pas. Legros réalisa également un cahier d’Esquisses à l’eau-forte, publié par Cadart et Chevalier et « dédié à mon ami Baudelaire ». C’est d’après cette copie peinte par Legros que fut réalisé le portrait gravé de Baudelaire par Bracquemond pour orner l’édition du Charles Baudelaire de Charles Asselineau en 1869.