Lot 116
  • 116

Jean-Honoré Fragonard Grasse 1732 - 1806 Paris

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Description

  • Jean-Honoré Fragonard
  • Scène familiale dite La visite à la nourrice
  • Porte une signature et une date à l'encre de chine sur le montage frago 1779
  • Plume et encre de chine, lavis gris sur esquisse à la sanguine

Exhibited

Grasse, Musée Fragonard, Femmes, 1962, cat. n°20, reproduit fig. 6

Literature

A.  Ananoff, Dessins de Fragonard, vol. II, Paris 1963, no. 634, fig. 185;
C. Eisler, Paintings from the Samuel H. Kress Collection, European Schools excluding Italian, Oxford 1977, pp. 333 and 335, note 26;
J. P. Cuzin, Jean-Honoré Fragonard, vie et oeuvre, Fribourg 1987, p. 91, fig. 119 (reproduit)

Catalogue Note

Elève de Boucher, Fragonard obtient le Grand Prix de peinture en 1752 et réside à l'Académie de France à Rome entre 1756 et 1761 où il rencontre Hubert Robert. Agréé en 1765 avec son immense Corésus et Callirhoé (Louvre), Fragonard est à cette date célèbre mais là s'arrête sa carrière académique. Il n'exposera plus au Salon après 1767 et tourne le dos à la peinture d'histoire et à la carrière officielle qui s'ouvre à lui, travaillant pour des amateurs avertis (sujets lestes, scènes familiales, figures de fantaisie, paysages dans le goût hollandais).

Artiste à succès, peintre et dessinateur admirablement doué, Fragonard s'intéresse aux scènes de genre vers 1765, sous l'influence de Greuze. Certains dessins, datant probablement de ce moment et montrant des scènes familiales comme notre feuille se placent dans ce contexte greuzien: les compositions accumulent les figures, les enfants se multiplient, un aimable pittoresque rustique prolifére, de nombreux animaux comme les chats ou chiens sont traités avec verve et humour.

Reproduit dans l'ouvrage de Jean-Pierre Cuzin, notre dessin, avec quelques variantes, est à mettre en relation avec la toile de la National Gallery de Washington, la Visite à la nourrice que l'on peut dater vers 1765-1766. Eunice Williams, spécialiste des dessins de l'artiste, date aussi notre feuille des années 1760. Selon Jean-Pierre Cuzin, "cet admirable tableau témoigne en fait d'une exceptionnelle audace dans sa cohérence plastique et ses formes bien découpées. La composition s'établit avec une géométrique franchise dans un réseau solide d'horizontales et de verticales, et dispose les figures dans un arc de cercle, en résonnance avec plusieurs formes circulaires, chapeaux de paille, arc du berceau... Organisation de la toile, parti lumineux: les analogies avec Corésus sont nombreuses et la Visite à la nourrice paraît presque son équivalent dans le domaine de la peinture du genre". La composition témoigne aussi du souci de Fragonard de "se référer aux glorieux exemples de la tradition académique: le tableau de Washington, avec ses personnages disposés en pyramide dans un espace peu profond, est organisé comme une Sainte Famille de Poussin...Sans rien perdre de ses qualités de charme et d'humour, transparent dans la description du bébé, de la nourrice, des jeunes enfants, du chat sous le berceau, Fragonard révèle ici un souci tout intellectuel de lisibilité".