Lot 157
  • 157

Pierre- Etienne Théodore Rousseau Paris 1812- Barbizon 1867

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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Description

  • Pierre- Etienne Théodore Rousseau
  • Matin de printemps à Bas-Bréau
  • Signé en bas à gauche Th.Rousseau

  • Huile sur panneau parqueté
  • 40.5 x 63.2 cm; 15 3/4 by 25 in.

Provenance

P.L Evrard et Cie, sa vente, Hôtel Drouot, Paris, 28 avril 1873, lot 58; 
Collection Rajot;
Galerie Knoedler & Co., New York.;
T.Butler, sa vente American Art Association, New York, 7 janvier 1910, lot 51;
Boussod Valadon et Cie, Paris, n° 29808;
Madame Deynaud-Laccarel (acquis chez Boussod-Valadon le 6 juin 1911);
Collection Great 1913;
G.Bernheim 1913;
Probablement acquis à la galerie Bernheim au tout début des années 1920, par le grand- père des propriétaires actuels.

Literature

Michel Schulman, Théodore Rousseau, catalogue raisonné de l' oeuvre peint, Paris 1999, n° 435 ( reproduit).

Ce tableau sera inclus au Catalogue Raisonné de l' oeuvre de Théodore Rousseau en préparation par la galerie Brame et Lorenceau Paris.

Catalogue Note

Matin de printemps à Bas-Bréau, empreint d' une poésie paisible est une oeuvre caractéristique de la maturité de Théodore Rousseau. Exécuté vers 1850- 1855, le tableau rassemble tous les motifs chers à l' artiste: les arbres bien sur ( toute sa vie il les étudiés avec ferveur, répétant qu' il entendait leurs voix, comprenait le langage des forêts), l' eau, la lumière et aussi les animaux qui "humanisent" la nature.
Ce type de paysage équilibré et harmonieux plaisait beaucoup aux amateurs de l' époque, séduits par cette vision rassurante et bucolique de la nature, contrairement à d' autres oeuvres de Rousseau, d' inspiration plus romantique. Et il est exact que Matin de printemps à Bas-Bréau montre une nature à la fois sereine et proche de l' homme, grâce notamment à une composition structurée, où s' oppose l' horizontalité de la plaine, fourmillante de vie, et la verticalité des hauts arbres qui occupent la composition de part et d' autre, ouvrant ainsi comme une fenêtre sur les lointains éclairés.
Mais cette opposition entre horizontales et verticales est subtilement adoucie par un jeu de courbes qui semble envelopper la partie centrale illuminée par le soleil et la met en valeur. Cette composition "en orbe" apprise des grands paysagistes hollandais du XVIIème siècle, était très chère à Rousseau. On la retrouve, très évidente, dans l'un des tableaux les plus célébres du peintre conservé au musée du Louvre, Sortie de forêt à Fontainebleau, soleil couchant, commandé par l' Etat en 1848.


Traduire la lumière était une obsession chez Rousseau, et sa volonté de restituer l' éclat véridique de la lumière propre à une heure donnée en fait un précurseur de l'Impressionnisme. C' est en effet chez Rousseau qu' apparaît nettement la notion que la variation de la lumière est un phénomène suffisant pour différencier deux tableaux par ailleurs identiques, notion à laquelle les Impressionnistes donnèrent l' amplitude que l'on sait. Matin de Printemps à Bas-Bréau, qui rappelle par sa blondeur les paysages de van Goyen que Rousseau admirait tant, montre une nature immobilisée sous les rayons d'un soleil d'après- midi qui illumine le second plan, laissant le premier plan à l'ombre des grands arbres. Rousseau réussit admirablement à faire vibrer l' ombre et la lumière grâce à un procédé de petites touches juxtaposées en forme de virgules, qui irisent la surface et font vibrer l' atmosphère. Rousseau qui montra cette technique au jeune Monet venu à Barbizon est, là encore, un précurseur direct de l' Impressionnsime.


Rousseau aimait profondément la nature et il a cherché toute sa vie à la peindre sous toutes ses formes, toujours d' une beauté et d' une vérité saisissantes, mais parfois sauvage et tourmentée, parfois au contraire paisible et harmonieuse. Matin de printemps à Bas-Bréau est la vision d'une nature épanouie et heureuse, à laquelle la grande sensibilité de l' artiste ajoute un très grand charme bucolique et une touche de nostalgie.