Lot 35
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Voyage du Roy à Metz. L'occasion d'iceluy : Ensemble les signes de rejouyssance faits par les habitants pour honorer l'entrée de sa Majesté Metz, Abr. Fabert (1610)

Estimate
35,000 - 45,000 EUR
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Description

  • Voyage du Roy à Metz. L'occasion d'iceluy : Ensemble les signes de rejouyssance faits par les habitants pour honorer l'entrée de sa MajestéMetz, Abr. Fabert (1610)
in-folio (299 x 196 mm), vélin ivoire, plats ornés d’un décor argenté oxydé, filets en encadrement, petit motif floral en angle, couronne de lauriers au centre, dos lisse orné, tranches dorées (reliure de l’époque).



Seule et unique édition de ce livre de fêtes, relatant l’entrée d’Henri IV à Metz en mars 1603.

Provenance

Jean Ballesdens (? - 1674) qui a inscrit, comme à son habitude, son nom sous le titre imprimé.

Literature

J. Ballesdens, A. ; un numéro ancien d’inventaire, n° 1351.
Vinet, 481 ; Ruggieri, 352 (ex. en noir) ; Destailleurs, 228 (ex. en noir) ; Firmin-Didot, 516 (ex. colorié mais incomplet de 3 pl.) ; Brunet, II, 1147 ; Hauser, Les Sources de l’histoire de France, T. 3, 4, 3202 ; Henri Claude, Les Graveurs lorrains et l’Art du livre, 1994, pp. 7-15.

Catalogue Note

Il fut publié sept ans plus tard, soit en 1610, l’année où Ravaillac assassina Henri IV dans son carrosse, alors accompagné du duc d’Épernon.
Affaibli par les guerres de religion, le pouvoir royal tente de rétablir son autorité sur le royaume.
Si la puissance royale est présente à Metz avec une poignée de soldats dans la citadelle, un gouverneur ou son lieutenant, un président royal et ses assesseurs, ce qui prévaut c’est la fidélité du gouverneur. Or, depuis 1583, la ville est aux mains des Nogaret de la Valette, avec Jean-Louis, duc d’Épernon (1554-1642). Il place sa famille, se constitue une clientèle et rêve de fonder aux portes du royaume une véritable principauté, semblable à celle de Bouillon Sedan. Ni ses visées ni une évolution qui les transforme peu à peu en sujets, ne sont du goût des Messins, d’autant que leur situation se trouve compliquée : un tiers d’entre eux sont de religion protestante. Différentes circonstances d’ordre politique faciliteront le progrès de l’emprise royale, notamment la venue d’Henri IV, afin d’y jouer son rôle de protecteur et d’y rétablir la sérénité.
L’un des chefs-d’œuvre de l’édition lorraine, sorti des presses d’Abraham Fabert, conseiller du roi, maître échevin, et surtout célèbre pour la qualité de ses impressions. Il édita la plupart des ouvrages illustrés ou en partie par Alexandre Vallée.
Dès le XVIe, puis surtout au XVIIe siècle, lorsque la gravure s’impose comme un art majeur, les graveurs lorrains figurent parmi les grands : Gabriel Salmon, Pierre Woeriot, Alexandre Vallée, Appier Hanzelet, Callot, Claude le Lorrain… Ils contribuèrent à en améliorer la technique.
Le cycle iconographique se compose d’un frontispice héraldique représentant les armoiries du duc d’Épernon, d’un titre imprimé dans un encadrement architectural gravé avec le portrait d’Henri IV, les deux signés Alexandre Vallée, d’une vue repliée qui passe pour être la plus ancienne représentation de l’aqueduc romain de Jouy-aux-Arches, qui alimentait en eau la ville de Metz, de 15 planches simples ou doubles (1) gravées en taille-douce, d’un plan replié de la ville de Metz (ici habilement restauré et avec un petit manque dans le coin inférieur gauche), et d’une carte du pays messin.
Parmi les 15 planches simples ou doubles représentant les cortèges, les arcs de triomphe, les décors… trois se distinguent : l’une figure Henri IV à cheval, sous un dais, l’autre montre Marie de Médicis portée sur une litière. La dernière, de loin la plus spectaculaire, illustre un spectacle pyrotechnique (“Combat nocturne et autres artifices, executez devant leurs Maiestez, par le sieur Abraham Fabert”).
Le reste de l’ornementation consiste en initiales et culs-de-lampe.
Exceptionnel exemplaire, très délicatement colorié à l’époque avec rehauts d’or et d’argent, ayant appartenu à Jean Ballesdens, collectionneur réputé de livres et de manuscrits. Le chancelier Séguier en fit son secrétaire particulier, puis en 1643, le précepteur de ses petits-enfants. À sa mort, il légua ses manuscrits à Colbert.
Par la finesse de son coloris on ne peut exclure qu’il s’agisse de l’exemplaire de dédicace.