Lot 302
  • 302

Lettre autographe signée à René Magritte s.d. (Revel, vers 1946)

Estimate
1,200 - 1,500 EUR
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Description

  • Hans Bellmer
  • Lettre autographe signée à René Magrittes.d. (Revel, vers 1946)
1 p. in-4°.



Lettre d’un vif intérêt, éclairant l’activité de pamphlétaire de René Magritte (1898-1967) durant l’après-guerre, dans la pure tradition surréaliste.

Catalogue Note

Bellmer remercie Magritte de sa lettre et de celle d’Eliane, une toute jeune fille à la sensualité précoce, qui apprécie son travail.
Sa réponse tardive tient à son incessant vagabondage, à sa précarité matérielle et aux difficultés de sa vie affective. Toujours est-il qu’il a bien reçu ses tracts … Parmi vos tracts et publications qui me sont parvenus par l’un ou par l’autre chemin, c’est particulièrement celui qui porte le titre “l’enculeur” qui me paraît efficace et essentiel comme une bonne potion d’acide nitrique… À noter que la plupart avaient été confisqués par la poste, à l’exception de ceux qui étaient sous plis fermés. Le ton en était délibérément subversif et scatologique puisque Magritte et ses amis surréalistes belges, Paul Nougé (1895-1967) et Marcel Mariën (1920-1993), y dénonçaient  les discours officiels du gouvernements belge de l’après-guerre. Rédigés dans le courant du mois d’avril 1943, “L’Imbécile”, “L’Emmerdeur” et “L’Enculeur”  avaient été tirés à moins de cent exemplaires. Poursuivant, Bellmer se justifie longuement de ne pas avoir déployé le même activisme … Dès la Libération, j’avais proposé à un ami fidèle, Brun, de faire imprimer des feuilles qui, pliées en quatre, rentreraient facilement dans les enveloppes habituelles… Nous étions trop isolés, trop emmerdés et trop chargés de travail quelconque pour les réaliser, etc. Mais, ajoute-il, j’ai l’intention de faire un petit tract de ce modèle sur ce que l’on n’a pas dit pendant et depuis cette guerre… Par ailleurs, il se réjouit de la publication de sa réponse à une enquête de Magritte, Le Savoir-Vivre. Cette carte questionnaire comportait quatre questions, auxquelles Magritte avait le premier répondu : 1° détester [son] passé et celui des autres, […] la résignation, la patience, l’héroïsme professionnel et tous les beaux sentiments obligatoires […] les arts décoratifs, le folklore, les boy-scouts, l’odeur du napht, l’actualité et les gens soûls” , 2° aimer   “l’humour subversif, les taches de rousseurs , les longs cheveux de femme, le rire des jeunes enfants en liberté, une jeune fille courant dans la rue” ; 3° souhaiter “l’amour vivant, l’impossible et le chimérique” , 4° redouter “de connaître exactement mes limites”. Joë Bousquet, dont la réponse trop tardive n’avait pas été publiée, avait confié : 1°, détester “les femmes brunies au soleil qui puent le boudin et l’eau de lavement” ; 2°, aimer “un arbre dans un monde où il n’y a pas de ciel, ni de vent” (Magritte, Écrits complets, Flammarion, p. 230).