
II. Livres XIX-XXIe siècles (lots 17-53)
Lettre autographe signée, inédite, à l’éditeur Maurice Dreyfous. 1874. À propos de la revue "La Dernière Mode".
Lot Closed
July 4, 12:39 PM GMT
Estimate
3,000 - 5,000 EUR
Lot Details
Description
Mallarmé, Stéphane
Lettre autographe signée à l’éditeur Maurice Dreyfous.
Paris, 6 août 1874.
4 pages in-8 (210 x 133 mm), à l'encre, sur papier à en-tête de La Dernière Mode. "Rep[ondu] 7 [août]" de la main de Dreyfous, en tête. Signée "Stéphane Mallarmé" et "S.M."
Longue lettre inédite.
Mallarmé est en quête de publications pour la revue La Dernière Mode, destinées à "répandre un vague goût littéraire parmi les dames".
En 1874, Stéphane Mallarmé écrit et compose entièrement huit numéros d'un journal illustré consacré à l'élégance féminine : La Dernière Mode. Rédacteur unique de la revue, Mallarmé a signé tous les articles des 8 livraisons parues entre le 6 septembre et le 20 décembre 1874. Sous divers pseudonymes, le poète s’exerce ─ dans le cadre imposé de l’art de la toilette à l’art de la table, en passant par les voyages en chemin de fer jusqu'au courrier des lecteurs et à la réclame ─ à une écriture totalement différente de celle qu’il pratique habituellement.
Dans cette lettre, écrite un mois avant la parution du premier numéro de la revue, Mallarmé demande à l'éditeur Maurice Dreyfous, des informations sur les publications des éditions Charpentier, dont Dreyfous était un collaborateur.
"On me charge d’un journal mondain et de modes ; l’employer notamment à répandre un vague goût littéraire parmi les dames, a été, en acceptant la rédaction, de ce journal, mon intention. Aidez-moi : faites-moi connaître vos publications ; et quand cela doit intéresser mon public [...] envoyez-les moi. Je vous demande, notamment, La Conquête de Plassans [quatrième volume des Rougon-Macquart publié chez Charpentier], dont je veux parler dans ma prochaine chronique [...] Quand vous aurez une nouveauté intéressant mes dames, roman ou vers". (Retranscription complète infra).
Si les articles La Dernière Mode relèvent de l’écriture alimentaire, Mallarmé évoque auprès de Verlaine l'écriture de ces rubriques avec une certaine nostalgie : "J’ai dû faire, dans des moments de gêne ou pour acheter de ruineux canots, des besognes propres et voilà tout [...] dont il sied de ne pas parler : mais à part cela, les concessions aux nécessités comme aux plaisirs n’ont pas été fréquentes. Si à un moment, pourtant, désespérant du despotique bouquin lâché de moi-même, j’ai après quelques articles colportés d’ici et de là, tenté de rédiger tout seul, toilettes, bijoux, mobilier, et jusqu’aux théâtres et aux menus de dîner, un journal, La Dernière Mode, dont les huit ou dix numéros parus servent encore quand je les dévêts de leur poussière à me faire longtemps rêver [...]".
Maurice Dreyfous (1843-1918) journaliste et historien.
Ne figure pas dans la Correspondance de Stéphane Mallarmé établie par Bertrand Marchal.
B. Bohac, "La Dernière mode de Mallarmé sous les feux du drame solaire", in Romantisme, 2006/2, n° 132, p. 129-139.
"Mon cher ami, N’avez-vous pas reçu un mot, où je vous disais qu’on me charge d’un journal mondain et de modes ; l’employer notamment à répandre un vague goût littéraire parmi les dames, a été, en acceptant la rédaction, de ce journal, mon intention.
Aidez-moi : faites-moi connaître vos publications ; et quand cela doit intéresser mon public (car, par suite d’une combinaison un peu trop longue pour l’expliquer dans ce billet, nous avons, dès le début, un joli nombre d’abonnées), envoyez-les moi. Je vous demande, notamment, La Conquête de Plassans, dont je veux parler dans ma prochaine chronique.
Je n’ai annoncé à la page Programme et Gazette … qu’un livre ou deux de vous, à cause de votre silence. Ne m’oubliez plus, puisque je songe à vous. Au revoir : mes respects à Madame, qui recevra La Dernière Mode, si elle le veut bien. Je vous serre la main.
Stéphane Mallarmé.
Mon cher ami, je rouvre ceci, au reçu de votre amical petit mot, mais je n’ai pas le courage de recommencer ma lettre, la centième que j’écris, ce matin, sur plusieurs malles ; car je joins au lancement d’un journal des préparatifs de voyage [Mallarmé s’apprête à rendre pour la première fois à Valvins].
Pour le second numéro et pour les suivants, une liste, en général, que je reproduirai page 8 : Programme et Gazette, etc. Quand vous aurez une nouveauté intéressant mes dames, roman ou vers par conséquent, je demande le volume même, pour en parler dans la chronique.
Voilà. Votre main ; oui, la vie est dure à l’amitié ; enfin cette dernière survit. Ma femme ne vous oublie pas. Il faut que nous nous voyions, un jour ! S.M".
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