Orobas is a work by Ernst dating from 1942. He had taken refuge in New York after escaping war-torn Europe. This work can be seen as a continuation of the décalcomanies that Ernst had begun in the late 30s. Werner Spies describes decalcomania as a method "…of spreading paint on a sheet, laying a second sheet on top of the first, pressing it down in places, then lifting it up to leave suggestive images...in general, the images are fluid. They do not represent any known world but rather seem to devour each other and evolve in an endless metamorphosis, evoking some vegetal or cosmic process..." (Max Ernst: A Retrospective (exhibition catalog), The Metropolitan Museum of Art, New York, 2005, pp. 13-14). Once the decalcomania was completed, Ernst would complete, embellish the shapes and textures and the whole would take on an appearance of haunting vegetation and organic, porous, mysterious apocalyptic landscapes straight out of a dream.

Orobas, prince of the Underworld in demonology, gives answers about things past, present and future, about divine workings and the creation of the world. He encourages his followers to become spiritually careless thus resulting in a breakdown of the harmonious relationship between the divine, the individual and society. He is surely represented here by the winged figure with a bird of prey. They emerge from a glowing crater and Orobas seems to advance towards the viewer while the bird approaches him in a threatening manner. It is hard not to see this as an allegory of a world at war, past, present and future, threatened by this bird of prey and on the verge of collapse.
For an artist who was resolutely apolitical throughout his life, paintings from the late 1930s and early 1940s, such as Orobas, Napoleon in the Desert (1941) (The Museum of Modern of Art, New York), or Europe after the Rain II (1941) (Wadsworth Atheneum, Hartford) - with their ancient civilizations in ruins, their vast expanses of jungles, and their dreamlike landscapes populated by mythical or allegorical creatures - seem to reflect the events that were unfolding in Europe at the time. At the artist's first solo exhibition held in America in 1942 at the Valentine Gallery, Arthur Miller points out that in the scenes Ernst created, "we see the residual traces of a supersensuous world which, like our own desolate world, seems to be on the verge of collapse" (H. Miller, "Another Bright Messenger," View, Series II, No. 1, April 1942, p. 17). These paintings rank now among the artist's most powerful works.
Orobas est une œuvre d’Ernst datant de 1942. Il s’est alors réfugié à New York, après une fuite rocambolesque du vieux continent qui se déchire dans la guerre. Cette œuvre s’inscrit dans la lignée des décalcomanies que Ernst a entamée à la fin des années 1930 et jusqu’au milieu des années 1940.
Werner Spies décrit la décalcomanie comme une méthode "qui consiste à étaler de la peinture sur une feuille, à poser une deuxième feuille sur la première, à la presser par endroits, puis à la soulever pour laisser des images suggestives... en général, les images sont fluides. Elles ne représentent aucun monde connu mais semblent plutôt se dévorer les unes les autres et évoluer dans une métamorphose sans fin, évoquant quelque processus végétal ou cosmique..." (Max Ernst : A Retrospective (catalogue d'exposition), The Metropolitan Museum of Art, New York, 2005, pp. 13-14). Une fois la décalcomanie achevée, Ernst complétait, embellissait les formes et les textures et le tout prenait une apparence de paysages apocalyptiques, de végétations vivantes et de paysages organiques, poreux et étranges, tout droit sortis d’un rêve.
Orobas, prince des Enfers dans la démonologie, doit donner les réponses sur les choses du passé, du présent et du futur, sur les choses divines et la création du monde. Il encourage ses adeptes à devenir plus spirituellement paresseux. Cela ayant pour conséquence un délitement de la relation harmonieuse entre le divin, les individus et la société. Il s’agit probablement de la silhouette ailée, présente dans cette composition avec un oiseau de proie. Ils sortent d’un cratère rougeoyant et Orobas semble s’avancer vers le spectateur alors que l’oiseau semble s’approcher de lui de façon menaçante. Il est difficile de ne pas y voir une allégorie du monde passé, présent et futur, menacé par ce rapace et au bord du précipice.
Pour un artiste qui a été résolument apolitique tout au long de sa vie, les peintures de la fin des années 1930 et du début des années 1940 - telles que Orobas, Napoleon in the Desert (1941) (The Museum of Modern of Art, New York), ou Europe after the Rain II (1941) (Wadsworth Atheneum, Hartford) - avec leurs anciennes civilisations en ruines, leurs vastes étendues de jungles, leurs paysages oniriques peuplés de créatures mythiques ou allégoriques, reflètent indubitablement les évènements qui se déchainaient en Europe à l’époque. Arthur Miller, lors de la première exposition personnelle de l'artiste tenue en Amérique en 1942 à la Valentine Gallery, souligne que dans les scènes créées par Ernst, « nous voyons les traces résiduelles d'un monde suprasensuel qui, comme notre propre monde désolé, semble être sur le point de s'effondrer " (H. Miller, " Another Bright Messenger ", View, série II, n° 1, avril 1942, p. 17). Ces toiles comptent aujourd’hui parmi les œuvres les plus puissantes de l'artiste.