The image is strikingly modern. One might even wonder if Caillebotte is not, in fact, the most modern of the Impressionists. The tightly focused framing around the large flowering chestnut tree makes it the sole and exquisite subject of the canvas. Beyond the boldness of the composition, the tree is neither a landscape nor a still life; in other words, it does not conform to either genre as established by the Grand Siècle. The chestnut tree alone stands as the central and majestic subject of the painting. It reigns supreme. While the fine brushstrokes and the true freshness of the colors evoke Monet’s Coquelicots (Paris, Musée d’Orsay, 1873), the all-over effect and full bleed bring to mind other extremely modern works, those that herald the dawn of the 20th century. This is also the case with Klimt’s trees, such as Rosebushes Under the Trees (formerly, Paris, Musée d’Orsay, 1905).
Painted circa 1883, Marronnier rose, plaine d'Argenteuil was created near the charming house of Petit Genevilliers, which Caillebotte acquired around 1880. Alongside genre scenes like Les Raboteurs de parquet (Paris, Musée d’Orsay, 1875), which was rejected by the Salon and presented the following year at the second Impressionist exhibition (a symbol of his alignment with the movement), and urban views, nature naturally permeates Caillebotte’s work. It is that of the park at the family estate of Yerres and the Parc Monceau, where he visits as a neighbor, as well as the Norman countryside, where he traveled between 1880 and 1884 for the regattas of the Paris Yacht Club, in which he participated with his own yacht. Located by the basin at Argenteuil, where Caillebotte found the opportunity to practice sailing, the house at Petit Genevilliers, where he permanently moved in 1887, was also the place where he could indulge in another passion: horticulture. Alongside Monet, with whom he shared a studio in Paris during 1882, Caillebotte exchanged plants, seeds and advice.
Monet was not Caillebotte’s only close Impressionist friend. Caillebotte was at the heart of the group, indispensable to it, both as a member and a patron. His correspondence reveals that Pissarro received his unwavering support. As early as 1876, Caillebotte named Renoir as his executor, and upon his premature death in 1895, Renoir, together with Caillebotte’s brother Martial, was the one to defend the legacy of Gustave, with some seventy works from his collection that today constitute the immensely rich holdings of the Musée d’Orsay.
With the invention of the bird's-eye view in painting, likely influenced by the developments in photography, to which Caillebotte was sensitive, it is this natural generosity - so often romanticized- that history must acknowledge and remember. Marronnier rose, plaine d'Argenteuil is the confidential mark of this precious temperament: its boldness is marked by a freshness that is profoundly sincere and elegant.
L’image est extrêmement moderne. L’on peut même se demander si Caillebotte n’est pas ici le plus moderne des Impressionnistes. Le cadrage très resserré autour du grand marronnier en fleurs fait de l’arbre l’unique et beau sujet de la toile. Outre l’audace de la mise en page, l’arbre n’est pas ici paysage ou nature-morte, autrement dit, il ne correspond pas à l’un ou l’autre de ces genres tel que le Grand Siècle en avait établi l’ordre. Le marronnier est à lui seul le sujet central et majestueux de la toile. Il règne. Si la touche fine et la véritable fraîcheur des couleurs fait penser aux Coquelicots de Monet (Paris, Musée d’Orsay, 1873), l’effet d’all over fait penser à d’autres œuvres extrêmement modernes, celles qui font basculer dans le XXème siècle. Il en va ainsi des arbres de Klimt comme Rosiers sous les arbres (anciennement Paris, Musée d’Orsay, 1905).
Exécuté vers 1883, Marronnier rose, plaine d'Argenteuil est peint non loin de la jolie maison du Petit Gennevilliers dont Caillebotte fait l’acquisition vers 1880. A côté des scènes de genre dont Les Raboteurs de parquet (Paris, Musée d’Orsay, 1875) refusé au Salon et présenté l’année suivante à la seconde exposition des Impressionnistes (symbole de son ralliement au mouvement) et des vues urbaines, la nature parcourt naturellement l’œuvre de Caillebotte. Elle est celle du parc du domaine familial d’Yerres et du parc Monceau où il va en voisin, celle du bocage normand aussi où il se rend de 1880 à 1884 à l’occasion des régates du Cercle de la voile de Paris auxquelles il participe avec son propre yacht. Située au bord du bassin d’Argenteuil où Caillebotte trouve matière à pratiquer la voile, la maison du Petit Gennevilliers où il emménage définitivement en 1887 est aussi le lieu où Caillebotte peut s’adonner à une autre passion : celle de l’horticulture. Avec Monet dont il partage par ailleurs l’atelier à Paris au cours de l’année en 1882, il échange plantes, graines et conseils.
Monet n’est pas le seul proche Impressionniste. Caillebotte est au cœur du groupe et indispensable à celui-ci, à la fois membre et mécène. Dans sa correspondance, l’on comprend que Pissarro reçoit son indéfectible soutien. Dès 1876, c’est Renoir qu’il désigne comme devant être son exécuteur testamentaire ; à la mort prématurée de Caillebotte en 1895, avec son frère Martial, Renoir sera celui qui défendra le legs de Gustave à l’Etat, quelques soixante-dix œuvres de sa collection qui constituent aujourd’hui encore le très riche fonds du Musée d’Orsay.
Avec l’invention de la vue plongeante en peinture sous l’effet probable des développements de la photographie à laquelle Caillebotte est sensible, c’est cette générosité naturelle et qui n’est pas légende que l’histoire doit retenir et rappeler. Marronnier rose, plaine d’Argenteuil, est la marque confidentielle de ce tempérament précieux : ses audaces sont d’une fraîcheur ô combien sincère et élégante.