Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 is a masterpiece by Pierre Soulages belonging to the corpus of the artist's most sought-after works from 1957 to 1963.
It was in the late 1950s and early 1960s that Soulages gained international recognition, heightened by several major retrospectives in European and American museums. In the United States, he was represented by Sam Kootz, who also exhibited Mark Rothko, Robert Motherwell and Willem de Kooning. Painting 162 x 130 cm, May 2, 1963 was exhibited at the Kootz Gallery one year after its completion, as part of an exhibition dedicated to the artist.
It was during this period that Pierre Soulages produced large-scale paintings with strong contrasts that played on the two-color scheme of black and white. As he had already stated in 1948, "painting is an organization of forms and colors on which the meanings one lends it are made and unmade. This canvas highlights the color black on the white spaces, left voluntarily in reserve, playing on different shades of black from darkness to a fluidity in transparency. The flat tints are wide and generous, in a harmony of vertical and horizontal forms. The contrasting occupation of space reveals the importance of the artist's gesture, highlighting a controlled dynamic. This contemporary chiaroscuro is indicative of Pierre Soulages' early 1960s, when black predominated but was not yet omnipresent.

During the 1983 Image and Meaning Colloquium, Pierre Soulages emphasized the fact that: “Painting is above all something that we like to see, that we like to frequent, the origin and object of a dynamic of sensitivity.” This idea of frequentation and confrontation with a work is essential for Soulages who reflects not only on creation, but also on exhibitions: "I consider that my painting only becomes art from the moment it is seen, when it is looked at by others and when it is like a work of art, that is to say, like something that others look at and experience in their own way.”
Creation is then intrinsically linked to exhibition: a work is made to be seen. However, it must very often adapt to the constraints of the exhibition space. Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963, under the direction of Pierre Soulages, was exhibited outside the usual conventions in order to be unveiled in all its singularity in Houston, in 1966. In April, the immense hall built by Ludwig Mies Van der Rohe for the Museum of Fine Arts, of which James Sweeney had become director, opened at the same time as the exhibition on Pierre Soulages. This retrospective included forty-eight paintings from 1950 to 1965, including Peinture 162 x 130 cm, 2 Mai 1963, sixteen works on paper and fourteen prints.
The clear and minimalist architecture of Mies van der Rohe, former director of the Bauhaus school, allowed Pierre Soulages to unleash his creativity in order to conceive an exhibition where the paintings are present and mobile in the heart of the exhibition space. The main room was built with three rows of paintings. These large formats were suspended forty centimeters from the floor and connected to the ceiling by nylon or iron wires. Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 was located on the central line and was then present, floating in the center of the exhibition space, as evidenced by an archive photograph. This scenography allowed a great proximity between the works and the spectators who strolled between the paintings. As Pierre Encrevé rightly states, one can perceive "the obstinate will of the painter, against any more or less authoritarian proposal such as that of a linear path following the walls, to privilege the freedom of the viewer: it is up to him to build his way towards the work, to move in such a way as to give a canvas such or such an environment, up to him, to make and unmake sense, to confront in his relationship with it, and with the painter who has prepared for him this hanging, the reality of the work" (Pierre Encrevé, Soulages - L'oeuvre complet, Peintures II: 1959-1978, Paris, 1995, pp. 121-122). For Soulages instead, "it was neither to stage an event, nor to render the space sacred, but rather to manifest the quality of things, of my paintings" (Pierre Soulages, Des Choses et d'Autres, 1992, p. 122).
Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 is thus the embodiment of one of the most important artistic periods in the career of Pierre Soulages and was essential to the renewal of museum scenography at the Retrospective at the Museum of Fine Arts in Houston in 1966. After passing through the Galerie de France in Paris, this work was also exhibited in several Latin American countries. It was last presented at auction in 1990 and has been in the same private collection for over thirty years.

Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 est un chef d’œuvre de Pierre Soulages appartenant au corpus des œuvres les plus recherchées de l’artiste (1957-1963).
A la fin des années 1950 et au début des années 1960, Soulages connaît une reconnaissance internationale marquée par plusieurs grandes rétrospectives dans des musées européens et américains. Aux Etats-Unis, il est représenté par Sam Kootz, qui expose également Mark Rothko, Robert Motherwell et Willem de Kooning. Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 est exposée à la Kootz Gallery un an après sa réalisation, dans le cadre d’une exposition dédiée à l’artiste.
C’est à cette période que Pierre Soulages réalise de grands formats avec de forts contrastes jouant sur la bichromie du noir et du blanc. Comme il l’affirmait déjà en 1948, « la peinture est une organisation de formes et de couleurs sur laquelle viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête. » Cette toile met en effet en lumière la couleur noire sur les espaces blancs, laissés volontairement en réserve, jouant alors sur différents camaïeux de noirs allant de l’obscurité à une fluidité en transparence. Les aplats sont larges et généreux, dans une harmonie de formes verticales et horizontales. L’occupation contrastée de l’espace dévoile ainsi l’importance du geste de l’artiste mettant en évidence une dynamique maîtrisée. Ce clair-obscur contemporain est révélateur du début des années 60 chez Pierre Soulages au moment où le noir prédomine mais n’est pas encore omniprésent.
Lors du Colloque Image et Signification de 1983, Pierre Soulages mettait l’accent sur le fait que : « La peinture est avant tout une chose qu’on aime voir, qu’on aime fréquenter, origine et objet d’une dynamique de la sensibilité ». Cette idée de la fréquentation et de la confrontation avec une œuvre est essentielle pour Soulages qui réfléchit non seulement à la création, mais également aux expositions : « Je considère que ma peinture ne devient de l’art qu’à partir du moment où elle est vue, où elle est regardée par d’autres et où elle est comme une œuvre d’art, c’est-à-dire comme une chose que d’autres regardent et vivent à leur manière. »
La création est alors intrinsèquement liée à l’exposition. Une œuvre est faite pour être vue. Toutefois, celle-ci doit très souvent s’adapter aux contraintes du lieu d’exposition. Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963, sous la direction de Pierre Soulages, a été exposée hors des conventions habituelles afin d’être dévoilée dans toute sa singularité à Houston, en 1966. En effet, au mois d’avril s’ouvre l’immense hall édifié par Ludwig Mies Van der Rohe pour le Museum of Fine Arts, dont James Sweeney est devenu le directeur, au moment même du montage de l’exposition sur Pierre Soulages. Cette rétrospective comprenait quarante-huit toiles de 1950 à 1965, dont Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963, seize œuvres sur papier et quatorze estampes.
L’architecture claire et minimaliste de Mies van der Rohe, ancien directeur de l’école du Bauhaus, permet à Pierre Soulages de libérer sa créativité pour concevoir une exposition où les toiles sont présentes et mobiles au cœur de l’espace d’exposition. La salle principale était construite grâce à trois rangées de tableaux. Ces grands formats étaient suspendus à quarante centimètres du sol en étant reliés au plafond par des fils de nylon ou de fer. Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 se situait sur la ligne centrale et était alors présente, flottant au centre de l’espace d’exposition, comme en témoigne une photographie d’archives. Cette scénographie a permis une grande proximité entre les œuvres et les spectateurs qui déambulaient entre les toiles. Comme l’énonce justement Pierre Encrevé, on perçoit : « la volonté obstinée du peintre, contre toute proposition plus ou moins autoritaire comme celle d’un parcours linéaire suivant les murs, de privilégier la liberté du regardeur : c’est à lui de construire son chemin vers l’œuvre, de se déplacer de façon à donner à une toile tel ou tel environnement, à lui, pour faire et défaire le sens, d’affronter dans son rapport avec elle, et avec le peintre qui a préparé pour lui cet accrochage, la réalité de l’œuvre » (Pierre Encrevé, Soulages – L'oeuvre complet, Peintures II: 1959-1978, Paris, 1995, pp. 121-122). Pour Soulages : « Ce n’était ni pour faire une mise en scène, ni pour sacraliser l’espace, mais pour manifester la qualité des choses, de mes peintures » (Pierre Soulages, Des Choses et d’Autres, 1992, p. 122).
Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 est ainsi l’incarnation d’une période artistique spécifique dans la carrière de Pierre Soulages et a été essentielle au renouvellement de la scénographie muséale lors de la Rétrospective du Museum of Fine Arts de Houston en 1966. Après être passée par la Galerie de France à Paris, cette œuvre a également été exposée dans plusieurs pays d’Amérique Latine. Présentée pour la dernière fois aux enchères en 1990, elle est depuis plus de trente ans, dans la même collection privée.