"Of the enigmas behind which Vuillard so secretly hid himself, the famous complex for his too-easy virtuosity literally prevented him from bequeathing a true work on paper. A pittance compared with the evidence of his immense gifts in the field. Drawings on tiny sheets of notebook paper are a pathway to the creation of works, and for the most part, pastels are content to be 'indications', rarely ends in themselves. It is therefore gratifying to see such accomplished pastel 'intelligence' here.

We are at the Château des Clayes on 18 September 1935. In the shimmering yellow room dedicated to him, Vuillard may not yet be old, but he may have more of a propensity for the troubles that make one's soul go blank. Many days and evenings in Les Clayes followed one another. There was never a dull moment, however, as the conversations always won out, as did the subjects for getting into a frenzy over Nietzsche, Shakespeare, Poussin, if not astrophysics.
But every new day is a new beginning. And that morning, Vuillard wrote in his Journal: 'big torment, work and money'. And then, a little misery knowing how to compose wonderfully with magic at home, he writes, on the lookout: 'little China boudoir Jean-Claude and Lulu, sketch idea'. An alchemy seems to be in place and the annotations in the Diary do not deceive: 'decides pastel, great interest absorbed all day'. In a belated echo of what nourished his first masterpieces, Vuillard wants to magnify once again the mysterious enchantment of childhood, and lays out the "offering" of Lulu to Jean-Claude, who is not yet five years old: a blown glass schooner, the promise of a thousand dreams.
The drawing is more revealing than a lie detector. If the objects are confusedly stated, Vuillard immediately draws the chair on the left, a priori fortuitous but essential and more prominent to 'protrude' in the pastel, a meditation on his 17th-century predecessors. A single sketch of Lulu, three of Jean-Claude. The drawing speaks just as much about what it does not show, but will be disproportionate in the pastel, to offer the weight of the grey ceiling the skilful balance of this moving demonstration of great art. And to remind us how much of a man he is, the last annotation in the Diary closes the day: 'evening the Bellier lily a little tired, turn of the back; Françoise de l'Anglade; sleep well cooked'.
Luc Bellier

In this charming pastel work, Vuillard portrays Jean-Claude Bellier with Lucie (known as "Lulu") Hessel, daughter of Lucien Grandjean, who was adopted by Jos and Lucy Hessel after the latter's death in 1935, which is precisely the year in which the present work was executed. Here, the young girl shows Jean-Claude Bellier, then a child, one of the blown-glass schooners that decorated Lucy Hessel's boudoir in Les Clayes, a favourite place of inspiration for Vuillard. La Goélette is particularly representative of Vuillard's talent for rendering the tenderness of children's scenes, a subject he was particularly fond of. In the words of Elizabeth Wynne Easton, "family life, confined within these ever-present walls, evoked in Vuillard the most powerful emotions" ('Searching the Means of Expressions', Edouard Vuillard, Le silence me garde, Paris, Galerie Bellier, Galerie 2002, cat. exp., p.29). In doing so, Vuillard follows in the long tradition of painters of family intimacy, foremost among them Jean-Baptiste-Siméon Chardin. Like Chardin, he succeeds in capturing, in an almost miraculous way, all the grace, delicacy and purity of a fleeting moment caught in the act. As André Chastel rightly points out, "like Mallarmé, Vuillard reigns over this family of artists for whom the deployment of the imagination counts less than the exercise of sensitivity.
"Des énigmes derrière lesquelles Vuillard s’est si secrètement dissimulé, le fameux complexe pour sa trop facile virtuosité l'a littéralement empêché de léguer un vrai œuvre sur papier. Une misère au regard d’évidences de dons immenses pour le domaine. Les dessins sur de minuscules feuilles de carnet sont un chemin vers la création d’œuvres, et très majoritairement, les pastels se contentent d’être des 'indications', rarement des fins en soi. Il est donc réjouissant de voir ici une 'intelligence' si aboutie au pastel.
Nous sommes au Château des Clayes, le 18 septembre 1935. Dans chambre au tonalités d’un jaune chatoyant qui lui y est dédiée, si Vuillard n’est pas encore vieux, il a peut-être plus cette propension pour les tracasseries qui font le 'vague à l’âme'. Bien des journées et soirées aux Clayes se sont succédées. On ne s’y est jamais ennuyé toutefois, les conversations finissant toujours par l’emporter, comme les sujets pour s’endiabler sur Nietzsche, Shakespeare, Poussin, si ce n’est pas l’astrophysique.

Mais chaque jour nouveau est un recommencement. Et ce matin-là, Vuillard consigne dans son Journal : 'gros tourment, travail et argent'. Et puis, petite misère sachant merveilleusement composer avec magie chez lui, il écrit, à l’affut : 'petit boudoir Chine Jean-Claude et Lulu, idée croquis'. Une alchimie semble se mettre en place et les annotations du Journal ne trompent pas 'décide pastel, gros intérêt absorbé toute la journée'. En écho tardif à ce qui a nourri ses premiers chefs-d’œuvre Vuillard veut magnifier une fois encore la féérie mystérieuse de l’Enfance, et dispose "l’offrande", de Lulu à Jean-Claude qui n’a pas cinq ans : une goélette en verre soufflé, promesse de mille songes.
Le dessin est plus révélateur qu’un détecteur de mensonge. Si les objets sont confusément énoncés, d’emblée Vuillard dessine la chaise à gauche, à priori fortuite mais essentielle et plus prégnante pour faire 'saillie' dans le pastel, méditation sur ses devanciers du XVIIème siècle. Une seule esquisse de Lulu, trois de Jean-Claude. Le dessin parle tout autant de ce qu’il ne montre pas mais sera disproportionné dans le pastel, pour offrir avec la pesanteur du plafond gris le savant équilibre de cette émouvante démonstration de grand art. Et pour rappeler combien il est homme, la dernière annotation du Journal clôt la journée : 'soir les Bellier lis un peu fatigué, tour de reins; Françoise de l’Anglade; dors bien cuité'."
Luc Bellier
Dans cette charmante œuvre exécutée au pastel, Vuillard met en scène Jean-Claude Bellier en compagnie de Lucie (dite "Lulu") Hessel, fille de Lucien Grandjean, adoptée par Jos et Lucy Hessel à la mort de ce dernier en 1935, qui est précisément l’année d’exécution de la présente œuvre. La jeune fille montre ici à Jean-Claude Bellier, alors enfant, une des goélettes en verre soufflé qui décorait le boudoir de Lucy Hessel aux Clayes, lieu privilégié d’inspiration pour Vuillard. La Goélette est particulièrement représentative du talent de Vuillard à rendre la tendresse des scènes d’enfants, un sujet qu’il affectionne particulièrement. Pour reprendre les termes d’Elizabeth Wynne Easton, "la vie familiale, confinée dans ces murs sans cesse présents, évoquait en Vuillard les émotions les plus puissantes" (‘Searching the Means of Expressions’, Edouard Vuillard, Le silence me garde, Paris, Galerie Bellier, 2002, cat. exp., p.29). Ce faisant, Vuillard s’inscrit dans la longue tradition des peintres de l’intimité familiale, au premier rang desquels figurent Jean-Baptiste-Siméon Chardin. Tout comme lui, il réussit à capturer de manière quasi miraculeuse toute la grâce, la délicatesse et la pureté d’une moment fugace saisi sur le vif. Ainsi que le souligne avec justesse André Chastel, "à l’instar de Mallarmé, Vuillard règne sur cette famille d’artistes pour qui le déploiement de l’imagination compte moins que l’exercice de la sensibilité."