At Napoleon’s request, Denon commissioned a statuette from Moutony as a pendant to an equestrian portrait of Frederick the Great, King of Prussia, whose military genius fascinated the Emperor. On 12 October 1807, Denon confirmed: ‘V. M. a désiré que je fisse faire en bronze doré sa statuette en petite proportion, je l’ai ordonné’ (‘V. M. wished me to commission a small gilt bronze statuette of you, I have ordered it’; see G. Hubert, G. Ledoux-Lebard, op. cit., p. 199). Appropriate to the statuette’s intended destination, Napoleon’s study in the Tuileries, he is shown as a military tactician, wearing the uniform of the Chasseurs de la Garde, studying the map of Europe with a compass in his hand. The extensive correspondence of Baron Dominique Vivant Denon (1747–1825), Director of the Muséum Central des Arts and then, from 1804, the Musée Napoléon, yields valuable information about the progress of the imperial commission. In November 1808, he wrote to Moutony asking him to present the model he had just completed (see M. A. Dupuy, I. le Masne de Chermont, E. Williamson, op. cit., vol. I, p. 551, [1 536]). On 23 April 1810, he sent M. Chanal, Director of the Beaux-Arts, receipts for ‘3 statues, dont une en bronze, une autre en bronze doré, et une troisième en argent’ (‘three statues, one in bronze, another in gilt bronze and a third in silver’; see ibidem, p. 629 [1 784]). Finally, a letter from the Duc de Cadore to Denon, dated 24 February 1812, tells us that ‘les trois statues de sa Majesté assise à son bureau, l’une en bronze, l’autre en bronze doré, et la troisième en argent ont été payées.’ (‘payment has been made for the three statues of His Majesty sitting at his desk, one in bronze, another in gilt bronze and a third in silver’; see ibidem, vol. II, p. 815 [2 331]).

Born in Lyon, Antoine Mouton, also known as Moutoni or Moutony, trained in sculpture with Pierre Julien, an illustrious fellow citizen who had settled in Paris. In 1799, he won the first Prix de Rome, ex aequo with Dupaty, but the sack of the Palazzo Mancini, which had until then housed the French Academy in Rome, cut short his stay in 1806. Moutony, whose official career was abruptly halted by the fall of the Empire, exhibited at the Salons of 1810, 1812 and 1817. His notable commissions include the statue of Chevalier Bayard, made for the Pont Louis XVI (now Pont de la Concorde); now in the Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Coëtquidan; he also contributed to the decoration for the Arc de Triomphe du Carrousel (A line rifleman) and produced several reliefs for the Vendôme Column. When he first exhibited at the Salon, in 1810, Moutony showed the bronze of his Napoleon I seated at his work table (no. 1017), probably a different example from the present work, which must by then have joined the statuette of Frederick of Prussia at the Tuileries. It could have been Denon’s own copy, visible in Benjamin Zix’s allegorical portrait of him (Vivant Denon working in the Salle de Diane at the Louvre, Musée du Louvre, inv. 33405) and listed in the sale after his death (May 1826, lot 717), then in the Fabius collection and more recently for sale at auction (Millon, Paris, Hôtel Drouot, 14 November 2024, lot 14). The table on which the map of Europe is spread, with its feet in the form of Egyptian female figures, is a reminder of Napoleon’s recent campaign, which had been victorious not only in military but also in scientific and artistic terms, indicating the spread of his hegemony beyond European frontiers.

Interior of Leuchtenberg Palace, watercolour from an album dedicated to the memory of deceased members and relatives of the Leuchtenberg family, compiled by Empress Dowager Amélie around 1840, Gustaf V Foundation, Stockholm, inv. no. GV St Minnesrummet 1402:2

From Denon’s invaluable correspondence, we also know that the casting of the three examples commissioned for the Emperor was entrusted to another figure close to the Director of the Musée Napoléon, the founder and chaser Charles-Stanislas Canlers. The silver example, whose subject was regarded as ‘unsuitable’ when the Empire fell, was removed from the salons of the Palais de l’Elysée during the Restoration and melted down in 1818. Several examples in patinated bronze are known, four of them in the catalogue of the sale that took place after Denon’s death (see above) and probably another five (including one in the Château de Fontainebleau, inv. MM.50.11.1). It is impossible to be completely sure which of these is the imperial commission. Conversely, the present statuette, the only known example of the gilt bronze model, is also the only one confirmed to have come from the 1807 commission (perhaps with the patinated and partly gilt bronze which appeared in the sale of 14 November 2024 (see above). Probably kept for a time in the Tuileries, in the Emperor’s study for which it had been designed, our gilt bronze statuette resurfaced in about 1825, in an anonymous watercolour depicting the bedchamber of Eugène de Beauharnais, Napoleon’s stepson and Duc de Leuchtenberg, in his palace in Munich (Gustaf V Foundation, Stockholm, inv. GV St Minnesrummet 1402:2). It then disappeared until the exhibition Napoléon in 1969 at the Grand Palais, after which it was acquired by Guy Ledoux-Lebard.



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A la requête de Napoléon, Denon commande à Moutony une statuette afin de faire pendant à un portrait équestre de Frédéric le Grand, roi de Prusse, dont le génie militaire fascine l’Empereur. Le 12 octobre 1807, Denon confirme « V. M. a désiré que je fisse faire en bronze doré sa statuette en petite proportion, je l’ai ordonné » (cf. G. Hubert, G. Ledoux-Lebard, op. cit., p. 199). En lien avec le lieu de destination de la statuette, le cabinet de travail de Napoléon aux Tuileries, il est représenté en tacticien militaire, vêtu du costume des chasseurs de la garde, étudiant avec un compas une carte d’Europe. L’abondante correspondance du baron Dominique Vivant Denon (1747-1825), Directeur du Muséum central des Arts, devenu en 1804 le Musée Napoléon, donne de précieuses indications quant au déroulement de la commande impériale. En novembre 1808, il écrit à Moutony de bien vouloir lui présenter le modèle qu’il vient d’achever (cf. M. A. Dupuy, I. Le Masne de Chermont, E. Williamson, op. cit., t. I, p. 551, [1 536]). Le 23 avril 1810, il transmet à M. Chanal, chef des Beaux-Arts, les quittances pour « 3 statues, dont une en bronze, une autre en bronze doré, et une troisième en argent » (cf. ibidem, p. 629 [1 784]). Enfin, nous apprenons par une lettre du duc de Cadore à Denon, en date du 24 février 1812, que « les trois statues de sa Majesté assise à son bureau, l’une en bronze, l’autre en bronze doré, et la troisième en argent ont été payées. » (cf. ibidem, t. II, p. 815 [2 331]).

Originaire de Lyon, Antoine Mouton, dit aussi Moutoni ou Moutony, se forme à la sculpture auprès de Pierre Julien, l’un de ses illustres compatriotes installés à Paris. En 1799, il remporte le premier Prix de Rome, ex aequo avec Dupaty, mais le sac du Palais Mancini, abritant jusqu’alors l’Académie de France à Rome, écourte son séjour en 1806. Moutony, dont la carrière officielle s’interrompra brutalement à la chute de l’Empire, a exposé au Salon de 1810, 1812 et 1817. Parmi les commandes notables qu’il a reçues, citons la statue du Chevalier Bayard, réalisée pour le pont Louis XVI (actuel pont de la Concorde) aujourd’hui à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Coëtquidan ; il a également participé aux décors de l’Arc de Triomphe du Carrousel (Un carabinier de ligne) et réalisé plusieurs reliefs de la colonne Vendôme. Lors de sa première participation au Salon, en 1810, Moutony expose un bronze du Napoléon Ier assis à sa table de travail (n° 1017), probablement un autre exemplaire que le nôtre, qui devait déjà avoir rejoint la statuette de Frédéric de Prusse aux Tuileries. Il pourrait s’agir de l’exemplaire personnel de Denon, visible sur son portrait allégorique dessiné par Benjamin Zix (Vivant Denon travaillant dans la Salle de Diane au Louvre, musée du Louvre, inv. 33405), et mentionné dans sa vente après décès (mai 1826, lot 717), puis dans la collection Fabius, et récemment encore en vente publique (Millon, Paris, Hôtel Drouot, 14 novembre 2024, lot 14). La table sur laquelle est étendue la carte d’Europe, avec ses pieds en forme d’Egyptiennes, évoque la récente campagne victorieuse de Napoléon, tant sur le plan militaire que scientifique et artistique, et l’étendue de son hégémonie au-delà des frontières européennes.

Intérieur du palais Leuchtenberg, aquarelle provenant d'un album dédicacé à la mémoire des membres disparus de la famille Leuchtenberg, compilés par l'Impératrice douairière Amélie vers 1840, Fondation Gustaf V, Stockholm, inv. GV St Minnesrummet 1402:2

Toujours selon les précieuses correspondances de Denon, nous savons que la fonte des trois exemplaires de la commande impériale a été confiée à un autre proche du Directeur du Musée Napoléon, le fondeur-ciseleur Charles-Stanislas Canlers. L’exemplaire en argent, dont le sujet est jugé « inconvenant » à la chute de l’Empire, est retiré des salons du Palais de l’Elysée à la Restauration, puis fondu en 1818. Plusieurs exemplaires en bronze patiné sont connus, quatre selon le catalogue de la vente après décès de Denon (cf. supra), plus probablement cinq (dont l’un au Château de Fontainebleau, inv. MM.50.11.1), parmi lesquels il est impossible de distinguer avec certitude celui de la commande impériale. En revanche, la présente statuette, l’unique exemplaire en bronze doré connu du modèle, est la seule provenant avec certitude de la commande initiée en 1807 (peut-être avec l’exemplaire en bronze patiné et en partie doré de la vente du 14 novembre 2024, cf. supra). Probablement conservée un temps aux Tuileries, dans le cabinet de travail de l’Empereur pour lequel elle a été conçue, notre statuette en bronze doré apparaît à nouveau vers 1825, sur une aquarelle anonyme figurant la chambre d’Eugène de Beauharnais, beau-fils de Napoléon et duc de Leuchtenberg, dans son palais munichois (Fondation Gustaf V, Stockholm, inv. GV St Minnesrummet 1402:2). Elle disparaît ensuite, jusqu’à l’exposition Napoléon de 1969, au Grand Palais, puis son acquisition par Guy Ledoux-Lebard.