“Vision is mobile”, said Bonnard. “And constantly shifting (...) I strive to achieve what I have never done before: to evoke the sensation one feels upon entering a room- seeing everything and yet, simultaneously, nothing at all”
Exh. Cat. New York, The Metropolitan Museum of Art, Pierre Bonnard : The late still lifes and interiors, 2009, pp. 70-71

These words by Pierre Bonnard perfectly encapture this Portrait de Mme Frédéric Mertzdorff, painted in 1895; rather than presenting a precise likeness of his grandmother, the artist captures her in a fleeting moment of everyday life, immersed in the subdued atmosphere of her apartment. This impression, which he explicitly sought to convey, aligns him with the Impressionist movement, borrowing here the spontaneous brushwork and the vibrant juxtaposition of colors so characteristic of that style. “When we discovered Impressionism a little later” he declared, “it was a new enthusiasm, a sense of revelation and liberation. Impressionism brought us freedom” (Timothy Hyman, Bonnard, London, 1998, p. 65). Often painted from memory, Bonnard’s domestic scenes originate primarily in his mind as color, which he intimately associates with atmospheres or light effects: “Vermillion in the orange shadows, on a fine cold day”, he wrote in his notebook (op. cit.)

Yet, in place of the gentle blue shadows typical of Impressionism, this work introduces broad swathes of black, suggested by his grandmother’s attire and the chair’s backrest. These dark, nearly uniform planes starkly contrast with the luminous clarity of the face and the white doors in the background. Departing from the traditional laws of perspective that still bound the Impressionists, Bonnard replaces them with a flattened, distorted space, devoid of vanishing points or depth, framed in an originally off-center composition. In this, Pierre Bonnard profoundly embraces the aesthetics of the Nabi movement. Inspired by the contrasts and flat perspectives of Japanese prints, as well as the freedom of photographic framing, Bonnard stands among the greatest representatives of this group. Much like the works of this movement, this Portrait de Mme Frédéric Mertzdorff assumes an ornemental dimension : the flatness of space abolishes the boundary between figure and background, allowing the canvas to reveal uniformly colored areas punctuated by repetitive, regular motifs. The wall behind the birdcage, dotted with pink and blue spots, and the wool on his grandmother’s lap, with its colorful horizontal hatchings, serve as preludes to the introduction of ornamental surfaces within the composition.

Painted by one of the foremost Nabi painters, this canvas is further distinguished by its exceptional provenance. It was acquired by Charles Terrasse, a major 20th-century art historian and curator, as well as the son of Claude Terrasse and Andrée Bonnard, Pierre Bonnard’s sister. While his father Claude forged a friendship with the artist, he married Bonnard’s sister in 1890, five years prior to the creation of his work. As a testament to their close bond, Bonnard painted Claude multiple times, as well as Charles himself, still a child. Four works by the artist featuring Charles Terrasse are now held at the Musée d’Orsay, and one at the Musée Bonnard, where he appears alongside his brother Jean.

Pierre Bonnard, Charles Terrasse et son frère Jean, Musée Bonnard, MB 2021.1.1 © Yves Inchierman, Domaine Public

When Pierre Bonnard painted this Portrait de Mme Frédéric Mertzdorff, his nephew Charles Terrasse was only two years old. Through its subject- a domestic scene with his grandmother- its personal, assured technique, and its distinguished provenance, this work embodies Pierre Bonnard at his most intimate.


"La vision est mobile", disait Bonnard. "Et cette vision est variable (…) J'essaie de faire ce que je n'ai jamais fait : donner l'impression que l'on a en entrant dans une pièce : on voit tout et en même temps rien"
Cat. Exp. New York, The Metropolitan Museum of Art, Pierre Bonnard : The late still lifes and interiors, 2009, pp. 70-71

Ces mots de Pierre Bonnard illustrent parfaitement ce Portrait de Mme Frédéric Mertzdorff, qu’il réalise en 1895 : plutôt que de portraitiser précisément sa grand-mère, le peintre la saisit dans un instant de vie, celui d’une tâche ordinaire dans l’atmosphère feutrée de son appartement. Cette impression, qu’il cite vouloir traduire, le rattache au mouvement impressionniste, dont il empreinte ici la touche spontanée et la vibration des couleurs juxtaposées si caractéristiques. « Lorsque nous avons découvert l'impressionnisme un peu plus tard », déclare-t-il, « ce fut un nouvel enthousiasme, un sentiment de révélation et de libération. L'impressionnisme nous a apporté la liberté » (Timothy Hyman, Bonnard, London 1998, p. 65). Peintes souvent de mémoire, les scènes domestiques de Bonnard prennent d’abord naissance dans son esprit par la couleur, qu’il lie d’ailleurs à des atmosphères ou des effets de lumière : « Vermillon dans les ombres orange, par une belle journée froide », écrit-il un jour dans son carnet (op. cit.).

Pourtant, aux douces ombres bleutées des impressionnistes, se substituent ici de larges masses noires, prétextés par la tenue de sa grand-mère ou le dossier de la chaise. Ces sombres aplats, presque uniformes, contrastent fortement avec la clarté du visage lumineux et des portes blanches du fond. Aux lois de la perspective traditionnelles auxquelles demeuraient assujettis les impressionnistes, se substituent un espace déformé et aplani, sans ligne de fuite ni profondeur, dans un cadrage originalement décentré. En cela Pierre Bonnard adopte profondément l’esthétique du mouvement nabi. Inspiré des contrastes et des perspectives planes des estampes japonaises, mais aussi de la liberté des cadrages photographiques, le peintre est l’un des plus grands représentants du groupe. A l’image des œuvres de ce mouvement, ce Portrait de Mme Frédéric Mertzdorff revêt une dimension ornementale : la planéité de l’espace abolit la forme et le fond, la toile laissant désormais apparaitre des aires colorées uniformément, ou encore scandées de motifs répétitifs et réguliers. Le mur derrière la cage, ponctué de points roses et bleus, et la laine sur les genoux de sa grand-mère, aux hachures horizontales colorées, paraissent prétexter l’introduction de surfaces ornementales dans l’œuvre.

Peinte par l’un des plus grands peintres nabis, cette toile est également marquée par une provenance exceptionnelle. Elle a été acquise par Charles Terrasse, historien de l’art et conservateur majeur du XXe siècle, mais aussi fils de Claude Terrasse et d’Andrée Bonnard, sœur du peintre. Alors que son père Claude se lie d’amitié avec l’artiste, il se marie avec sa sœur en 1890, cinq ans avant la réalisation de cette œuvre. En témoignage de son affection, Bonnard le peint à plusieurs reprises, ainsi que Charles lui-même, encore enfant. Quatre œuvres du peintre sur lesquelles figure Charles Terrasse sont aujourd’hui conservées au Musée d’Orsay et une au musée Bonnard, où il est représenté avec son frère Jean.

Lorsque Pierre Bonnard peint ce Portrait de Mme Frédéric Mertzdorff, son neveu Charles Terrasse a alors deux ans. A la fois par son sujet – une scène domestique avec sa grand-mère -, sa technique personnelle libre et affirmée, mais aussi sa provenance, cette œuvre incarne Pierre Bonnard dans sa plus profonde intimité.